Sonita Hovitch s’est entretenue avec Michèle Robitaille, directrice générale et spécialiste des actions de revenu chez Guardian, Jason Gibbs, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez GCIC, et Peter Frost, vice-président et gestionnaire de portefeuille auprès de Placements AGF.
Voici la deuxième partie d’une série de trois de cette table ronde.
Question :Parlons de la répartition des actifs des fonds équilibrés.
Peter Frost (PF) : Le Fonds de revenu mensuel élevé AGF met l’accent sur un rendement élevé des dividendes dans sa composante d’actions, tandis que le Fonds de revenu traditionnel se concentre sur des titres qui développent leurs dividendes. Ce sont des fonds de répartition tactique de l’actif. Je remanie activement la répartition d’actifs autour de la position stratégique à long terme de 50-50 de ces deux produits. Ces deux fonds affichent actuellement quelque 64 % en actions.
Jason Gibbs (JG) : Nous avons augmenté les pondérations dans les actions de nos fonds équilibrés. En général, vous voulez surpondérer les actions dans cette conjoncture. Les obligations continuent à bien stabiliser un portefeuille équilibré.
Q : Quelle discipline suivez-vous pour sélectionner des titres ?
PF : Quand j’achète des actions, je vise un rendement d’au moins 30 %, dans les deux ans de la date d’achat. Pour la composante d’actions, mon point de repère est l’Indice composé S&P/TSX. Chaque fin de mois je trie 5 000 compagnies, dont 650 sont canadiennes, en fonction de la croissance de leurs dividendes. Je vise des compagnies qui se concentrent sur le développement de leurs bénéfices et des flux monétaires, et qui ont une capitalisation boursière minimale de 200 millions $. Il y a environ 56 noms dans le volet des actions du fonds de revenu traditionnel, et à peu près 60 dans celui du fonds de revenu mensuel.
Michele Robitaille : Mes mandats incluent le Fonds de revenu mensuel élevé II BMO, un portefeuille qui n’est constitué que d’actions canadiennes. Nous y avons actuellement 39 noms. Nous choisissons les actions selon leurs données fondamentales de façon ascendante. Nous passons constamment l’univers en revue pour identifier des sociétés qui n’ont pas seulement des taux de dividendes durables, mais des dividendes qui peuvent augmenter. Nous nous concentrons sur les premiers 75 % de l’univers canadien des actions qui produisent des dividendes d’au moins 1,7 ou 1,8 %. Notre capitalisation boursière minimale est de 1 milliard $.
JG : Mes responsabilités actuelles chez GCIC Ltée comptent notamment le Fonds de dividendes canadiens Scotia. J’ai 50 noms dans ce portefeuille. Nous recherchons des entreprises de qualité qui se négocient moyennant des évaluations raisonnables. Nous ciblons des sociétés qui sont les meilleures dans leur domaine respectif. Pour nous, la qualité des sociétés est synonyme d’une bonne équipe de cadres dirigeants, eux-mêmes actionnaires dans l’entreprise, et dont le parcours démontre un bon travail pour les actionnaires. Il est difficile d’obtenir des entreprises d’une aussi bonne qualité à un bas prix. Nous recherchons de bons états financiers et évaluons leurs flux monétaires disponibles. Nous interrogeons la direction d’une entreprise pour savoir ce qu’elle compte faire avec ces capitaux. Nous sommes aussi très disciplinés dans nos ventes de titres.
Q : Passons aux secteurs, plus précisément celui des services financiers. Michele, à la fin septembre vous aviez 40,9 % dans les services financiers (secteur qui englobe les fiducies de placement immobilier) dans le Fonds de revenu mensuel élevé BMO.
MR : Les FPI continuent à former le noyau dur du portefeuille. Nous affichons une sous-pondération relativement marquée par rapport à nos pondérations historiques. Nous avons légèrement augmenté notre position l’été dernier. Elle est actuellement aux alentours de 17 %, soit une pondération qui reste plutôt bonne. Il y a 18 mois environ, nous avons commencé à réduire nos FPI. Leurs évaluations commençaient à être élevées, après deux ou trois ans de rendements robustes. Nous avons pensé qu’il y avait de meilleures occasions dans d’autres services financiers.
Les données fondamentales des FPI demeurent fortes, surtout si vous êtes dans les bonnes FPI. Canadian Real Estate Investment Trust par exemple, est l’un des avoirs de base de longue date, et reste attrayante.
Q : Qu’en est-il des banques à charte canadiennes?
MR : Notre affectation dans les banques est d’à peu près 15 %, ce qui est relativement élevé pour nous. Un peu plus tôt cette année, nous avons profité du fait que les banques se négociaient à un ratio cours-bénéfices historiquement faible de 10. Il y avait des craintes au sujet d’un ralentissement de la croissance des prêts bancaires aux particuliers. Nous avons mis l’accent sur les banques qui ont des opérations solides à l’extérieur du Canada, et suffisamment d’envergure au pays pour avoir un levier opérationnel.
Nos avoirs de base sont la Banque TD, la Banque Royale du Canada et la Banque Scotia.
Les actions des banques ont connu un très bon passage, surtout ces deux derniers mois environ. Elles se négocient actuellement à un ratio C/B de 11, ce qui reste raisonnable, par rapport aux taux historiques qui sont à peu près de 12. Elles se comportent bien et la croissance de leurs bénéfices avoisine 8 %. Ensuite vous avez un rendement du dividende de 3 à 4 % pour ces actions. Ces dernières restent plutôt attrayantes.
Q : Que pensez-vous des compagnies d’assurance ?
MR : Chez les assureurs, nous avons la Financière Manuvie. Nous avons ajouté cette position à la fin 2012 car nous pensions que la conjoncture macroéconomique s’était améliorée et que nous allions voir s’amorcer une croissance des bénéfices de base. Aujourd’hui, l’évaluation de la Manuvie est telle que nous ne l’ajouterions pas activement avant de voir plus de tonus de la part de ses avoirs de base. Nous possédons aussi une compagnie d’assurance multirisque, Intact Corporation financière.
JG : Je possède aussi Intact. Ce titre a connu une bonne période. Intact se développe par acquisition et elle est disciplinée dans cela. Elle a une bonne équipe de direction. C’est une industrie difficile qui est assujettie à la politique. Par exemple, Intact exploite en Ontario et le gouvernement de cette province est en train de réduire les primes d’assurance-automobile.
Q : M. Gibbs vous aviez 32 % dans les services financiers dans le portefeuille du Fonds de dividendes canadiens Scotia à la fin septembre.
JG : Nous avions 14 % dans les banques, 9 % dans les compagnies d’assurance et 9 % dans les sociétés immobilières. Nous avons les banques TD, Scotia et Royale. Les actions bancaires ont connu une année forte. Les inquiétudes quant à l’endettement du consommateur en début d’année ont affecté ces titres. Il y a également eu des ventes à découvert aux États-Unis, ce qui a aussi eu un impact sur ces actions. Mais les banques ont démontré à quel point leur modèle d’entreprise est durable. Leurs activités dans la gestion d’actifs se comportent bien et les exploitations internationales de banques comme TD et Scotia prennent des forces. Les marges d’intérêt des banques commencent à indiquer qu’elles ont atteint un creux, un élément très important pour ce type de société. La croissance des prêts aux consommateurs s’est bien comportée, comme celle des prêts aux entreprises. La croissance des bénéfices bancaires a été plus forte qu’anticipée. Cela reste un bon domaine auquel participer. Vous pouvez toucher 4 % de rendement du dividende sur ces actions, soit un rendement attrayant par rapport à celui des obligations du Gouvernement du Canada sans risque.
PF : Je sous-pondère le secteur financier dans le Fonds de revenu traditionnel AGF. Ces titres constituaient 13,1 % des avoirs en actions à la fin de septembre. Je me concentre sur la croissance et peut trouver des compagnies qui affichent une croissance plus rapide en dehors des services financiers et des compagnies canadiennes dans ce secteur. J’avais un contenu étranger de 26,6 % pour le Fonds de revenu traditionnel AGF à la fin septembre.
JG : Le portefeuille de dividendes canadiens Scotia peut avoir un contenu étranger pouvant atteindre 30 %. Nous étions à 27 % à la fin du mois de septembre.
PF : Les avoirs financiers du Fonds de revenu traditionnel AGF sont tous canadiens et sont surtout des banques. Celles-ci ont dégagé une croissance annuelle de leurs bénéfices par action entre 5 et 9 %. La Banque Nationale du Canada NA serait notre avoir le plus important. Toutefois, j’aimerais souligner qu’en élaborant un portefeuille, je préfère que la majorité de mes avoirs soient équipondérés. Scotia et CIBC sont deux autres titres. J’apprécie aussi TD.
Je ne possède qu’une seule compagnie d’assurance dans ce fonds : Intact Corporation financière. J’ai acheté Manuvie et la Financière Sun Life pour le Fonds de revenu mensuel élevé AGF en automne 2012. Mais ces actions ont connu une bonne montée. Nous avons vendu Sun Life et élagué Manuvie.