« Une baisse constante sur 30 ans des rendements obligataires jusqu’à un niveau historiquement bas a permis une approche plus passive du placement dans cette catégorie d’actifs, dit-il. Cette année, les rendements obligataires ont connu une augmentation significative, plaidant pour une approche plus active de la gestion des portefeuilles obligataires », dit M. McHugh, dont les responsabilités à GCIC comprennent la gestion des principaux portefeuilles à revenu fixe dans la famille de fonds Dynamique.

« Il est important que les investisseurs réalisent qu’à un niveau plus faible des rendements obligataires, les prix deviennent plus sensibles à un changement de taux d’intérêt que dans une conjoncture à rendements élevés. »

Le marché obligataire canadien a commencé l’année 2013 avec des évaluations qui étaient « relativement chères », dit M. McHugh. Mai a été un « tournant » des marchés obligataires, au Canada comme aux États-Unis. « Les rendements obligataires ont commencé à augmenter et les évaluations sont passées de chères à bon marché à la fin de septembre. » Les rendements ont connu leur apogée la première semaine de septembre, selon M. McHugh.

Il note que mai a vu le début d’une « confluence des ventes » par un vaste éventail d’investisseurs obligataires. Cela a touché notamment des fonds communs et des FNB destinés aux particuliers, des fonds spéculatifs aux portefeuilles obligataires à effet de levier, et de banques d’affaires diminuant le volume de leurs propres placements obligataires.

Les banques centrales des marchés émergents ont aussi agi pour réduire leurs créances sur les marchés développés, dit M. McHugh. « L’objectif était de soutenir leurs devises, qui s’affaiblissaient alors que les investisseurs vendaient les titres de créances des marchés émergents. »

Ce qui a fait pencher la balance du marché obligataire en mai, dit M. McHugh, a été l’inquiétude causée par la réduction prévue des rachats d’obligations par la Réserve fédérale américaine au titre de son programme d’allégement quantitatif. « Arrivé le mois d’août, le sentiment des investisseurs vis-à-vis des obligations est devenu extrêmement négatif et le marché a commencé à trop vendre. »

Les obligations ont alors augmenté « pour atteindre des niveaux que ne justifiaient pas les données fondamentales (croissance économique lente et inflation faible) et les engagements politiques fournis par les banques centrales dans les économies développées, dont celle des États-Unis, de poursuivre leurs politiques monétaires accommodantes. »

M. McHugh dit que son équipe utilise la durée, une mesure de la sensibilité des obligations aux changements de taux, comme outil pour ajouter de la valeur et réduire le risque dans les portefeuilles, dans une conjoncture volatile pour les marchés obligataires.

Au début de mai, par exemple, l’équipe a réduit la durée des portefeuilles obligataires qu’elle gère avant que n’augmentent les rendements, de façon à protéger le capital.

Elle a ensuite augmenté la durée dans les portefeuilles alors que les rendements obligataires atteignaient leur sommet dans la première moitié de septembre, « pour tirer profit d’évaluations plus faibles ou de rendements plus élevés le long de la courbe ». Elle a ensuite commencé à réduire la durée après ce sommet, « pour protéger le portefeuille contre la chute des prix si les rendements en venaient à augmenter de nouveau ».

Selon M. McHugh, il y avait des arguments convaincants pour choisir une durée plus courte dans les portefeuilles obligataires cette année. Utilisant les indices officiels, M. McHugh note que l’Indice obligataire universel DEX, qui couvre les obligations de qualité supérieure et avait une durée de 6,68 ans à la fin de septembre, a produit un rendement total négatif (-1,57 %) pendant les neuf premiers mois de cette année.

En revanche, l’Indice des obligations à court terme DEX (de un à cinq ans), avec sa durée de 2,71 ans, a produit un rendement total positif de 0,98 %. Pour l’Indice des obligations à moyen terme DEX (de cinq à dix ans), avec sa durée de 6,32 ans, le rendement total a été négatif (-1,03 %) : « un meilleur rendement que l’Indice obligataire universel DEX ».

Axé sur la partie la plus longue de la courbe des rendements, l’Indice des obligations à long terme DEX (plus de 10 ans), a produit un rendement total négatif (-5,93 %).

À GCIC, les responsabilités de M. McHugh et de son équipe incluent le Fonds d’obligations canadiennes Dynamique avec 1,4 G$ d’actifs sous gestion, et le Fonds d’obligations Avantage Dynamique avec 1,1 G$ d’actifs.

La durée actuelle de Fonds d’obligations canadiennes Dynamique est de 5,25 ans, contre 6,68 ans pour l’indice de référence. La durée du fonds est allée aussi bas que 3,75 ans au début mai, dit M. McHugh.

Quant aux émetteurs d’obligations, le Fonds d’obligations canadiennes Dynamique présentait à la fin de septembre une surpondération d’obligations de sociétés à 41,6 % du portefeuille, contre 29,76 % pour l’indice.

Le collègue de M. McHugh dans l’équipe des placements à revenu fixe, Domenic Bellissimo, est un gestionnaire de portefeuille qui se concentre sur les obligations émises par les sociétés. « Les données fondamentales du marché des créances des sociétés sont fortes, dit-il. L’économie mondiale s’améliore et les marges de profits des sociétés sont stables ou en augmentation. »

De plus, note M. Bellissimo, l’accès qu’ont les sociétés aux financements externes demeure intact. « Le résultat est que le taux de défauts de paiement des sociétés est du côté le plus bas de son éventail historique, et devrait le demeurer à courte échéance. »

Bien que la pondération du portefeuille dans les créances des sociétés soit demeurée assez constante ces six derniers mois, dit M. Bellissimo, l’équipe a allongé le terme de ses avoirs dans ce secteur. « Nous avons vendu certaines créances de sociétés de plus courte durée et acheté des titres à plus long terme, jusqu’à des échéances de 10 ans. »

L’objectif était de tirer profit de primes de risque de crédit plus élevées ou d’élargir les écarts de rendements le long de la courbe alors que celle-ci s’accentuait, dit-il. « Habituellement, lorsque la courbe de rendement des obligations du Gouvernement canadien s’accentue, l’écart de rendements des obligations de sociétés se rétrécissent, dit-il. « Une courbe des rendements gouvernementaux qui s’accentue indique habituellement que l’économie s’améliore et que le risque lié aux obligations de sociétés diminue. »

À compter du mois de mai jusqu’au milieu de l’été, « les rendements gouvernementaux et les primes de risque des sociétés ont tous deux augmenté, ce qui n’est pas habituel », dit-il.

À propos des secteurs couverts par les obligations de sociétés dans le Fonds d’obligations canadiennes Dynamique, M. Bellissimo indique que l’équipe des titres à revenu fixe a augmenté sa participation aux oléoducs (« ils ont des flux de trésorerie contractuels robustes ») et aux télécommunications.

Les primes de risque lié au crédit des titres de créances du secteur canadien du câble et des communications a connu une hausse brutale à la nouvelle négative de l’entrée possible du protagoniste américain Verizon Communications dans l’industrie canadienne des télécommunications, dit M. Bellissimo.

« Nous y avons vu une occasion d’achat, dit-il. Nous avons évalué les données fondamentales, ce qui nous a conduits à penser que l’oligopole régnant actuellement sur l’industrie canadienne des télécommunications demeurerait intact; de plus, le risque représenté par l’entrée d’une grosse société étrangère avait été plus qu’intégré au prix de ces titres. »