Seulement 53 % des investisseurs ont confiance que les firmes de gestion d’investissement font ce qu’il faut. Les investisseurs de détail sont moins confiants que leurs vis-à-vis institutionnels (51 % par rapport à 61 % respectivement), d’après l’enquête.

Menée aux États-Unis, au Royaume-Uni, à Hong Kong, en Australie et au Canada, l’étude a sondé 1 604 investisseurs individuels et 500 investisseurs institutionnels.

Tout le langage de l’étude fait référence uniquement aux «gestionnaires d’investissement», mais on a nettement l’impression que les investisseurs individuels parlent en premier lieu de leurs conseillers, alors que les investisseurs institutionnels font bel et bien référence aux gestionnaires de fonds.

C’est une perception que confirme Bob Dannhauser, directeur des normes et pratiques au CFA Institute, à New York, «quoique les auteurs de l’étude n’ont pas voulu faire cette distinction entre conseillers et gestionnaires», dit-il.

Autres points forts du rapport : parmi huit secteurs, l’industrie des services financiers est celle qui obtient la confiance du plus petit pourcentage de répondants, soit 53 %, après la technologie (69 %), la pharmaceutique (60 %), l’automobile (57 %), les télécommunications (56 %) et même les banques (54 %) !

Toutefois, et presque paradoxalement, une forte majorité d’investisseurs font encore confiance aux marchés financiers : par exemple, 70 % aux États-Unis et 69 % au Royaume-Uni jugent que les marchés sont justes et impartiaux dans les chances qu’ils offrent de faire de l’argent ou d’en perdre.

Cependant, ces pourcentages laissent Bob Dannhauser quelque peu mal à l’aise. «Si on avait recueilli de tels pourcentages en faisant un sondage auprès du public en général, ils ne nous auraient pas troublés, avance-t-il. Mais étant donné que notre étude ne s’adresse qu’aux investisseurs, il nous semble que ces pourcentages devraient être plus élevés. Ça nous indique qu’un quart des investisseurs, soit une forte proportion, se méfient des marchés ; toute augmentation de ce groupe pourrait mener à une hausse du coût du capital.»

Les résultats de l’étude du CFA Institute laissent sceptique Jon Cockerline, directeur, politiques et recherche, à l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC), à Toronto.

«Je ne trouve pas ces genres de sondages très instructifs, tranche-t-il. La confiance des individus envers les gestionnaires de fonds repose sur ce qu’ils lisent dans les journaux. Ce n’est pas fondé sur leur expérience personnelle.»

Attendre un messie

Cette perception est partagée par Larry Bathurst, propriétaire de Planex Solutions financières, à Saint-Jérôme. «J’ai vu des sondages où les consommateurs avaient plus ou moins confiance en l’industrie, mais quand on leur demandait leur avis sur leur conseiller personnel, ils en étaient très contents. Dans d’autres sondages, ils se méfient du conseiller, mais pas de l’industrie. Des fois, ils font confiance au gouvernement, d’autres fois ils s’en méfient. Ça laisse l’impression que les investisseurs cherchent un messie.»

Ces contradictions, tout aussi réelles qu’apparentes, révèlent une donnée fondamentale, selon Larry Bathurst : «L’investisseur individuel ne connaît pas très bien l’industrie, mais il est engagé personnellement et émotivement ; l’investisseur institutionnel connaît l’industrie, mais ce n’est pas son argent qu’il investit.»

Contrairement à l’étude du CFA Institute et à la fragilité qu’elle révèle en matière de confiance, les sondages que l’IFIC produit annuellement depuis sept ans montrent un solide niveau de confiance des investisseurs envers l’industrie des fonds, fait ressortir Jon Cockerline.

Selon ces études, le pourcentage d’investisseurs qui font confiance à l’industrie était de 83 et de 85 % dans les deux années précédant la crise financière de 2008. En 2009, le pourcentage est tombé autour de 75 %, mais depuis, il est remonté à 84 %.

Selon tous les intervenants à qui Finance et Investissement a parlé, la donnée la plus importante de l’étude est celle qui indique que la décision d’engager les services d’un gestionnaire ou d’un conseiller repose en premier lieu sur la conviction que ce dernier agit dans le meilleur intérêt de son client.

Par ailleurs, 35 % des répondants ont dit que c’était leur premier critère de choix, loin devant la capacité de fournir des rendements élevés (17 %) et devant l’engagement envers des pratiques éthiques (17 %).

L’importance accordée aux frais de gestion n’emporte la priorité qu’auprès de 8 % des répondants. Qu’une si faible proportion d’investisseurs accorde de l’importance aux frais indique une grande ignorance de leur part, juge Marian Passmore, directrice associée à la Fondation canadienne pour l’avancement des droits des investisseurs, à Toronto.

«Si les investisseurs comprenaient mieux ce qu’ils payent et combien ces frais ont un impact sur leur rendement au bout de 20 ans, dit-elle, ils y accorderaient sans doute plus d’importance.»