Michael Hatcher, chef des actions mondiales et directeur de la recherche à Placements Trimark, dit qu’il est difficile de trouver des sociétés de qualité dans le monde qui offrent de la valeur.
Spécialiste de la sélection des actions, Michael Hatcher cible les sociétés qui ont une place de choix dans les marchés qu’elles servent et dont les avantages concurrentiels sont durables. Il cherche des actions qui se négocient à un rabais de quelque 30 % par rapport à son évaluation de leur valeur intrinsèque.
Ces actions sont actuellement difficiles à trouver, dit Michael Hatcher. C’est le cas quel que soit leur implantation géographique : aux États-Unis ou en Europe, les deux étant des terrains de chasse très importants pour le fonds. « Les sociétés de ces deux zones sont évaluées à leur juste valeur, bien que les actions européennes aient un petit avantage. »
En ce moment, dit Michael Hatcher, les manchettes se concentrent sur l’impasse politique aux États-Unis qui résulte de la confrontation à Washington entre le Congrès (qui est sous contrôle républicain) et le Sénat (sous contrôle démocrate). « Bien qu’il y ait beaucoup de cabotinage politique, on finira par en arriver à un accord. »
Pour Michael Hatcher, le problème avec ce type d’aménagement politique est qu’il ne traite pas du besoin de réduire la dette du gouvernement américain, un problème croissant et destiné à durer. « Les pays européens ont été mis sous pression pour s’attaquer au fardeau de leur dette nationale, alors que jusqu’à présent les États-Unis ont évité ces pressions. »
Lors de la dernière prise de bec au Congrès, dit Michael Hatcher, les Républicains ont bloqué le budget pour essayer de retarder la réforme du secteur de la santé du Président Barack Obama, la Loi sur les soins abordables (Affordable Care Act), qui vise à généraliser l’offre d’une assurance-santé aux États-Unis. « Malgré l’opposition qu’elle rencontre, cette affaire avance », dit Michael Hatcher.
Du point de vue des soins de la santé aux États-Unis, l’introduction de ce qu’on appelle Obamacare crée « un niveau d’incertitude exacerbé ». Du point de vue des investisseurs, une stratégie de sélection des actions dans ce secteur, dit M. Hatcher, est de se concentrer sur les sociétés qui auront le plus de chances d’être imperméables aux pressions pour réduire les coûts que cette situation entraînera.
À Placements Trimark, une division de la société torontoise Invesco Canada, les mandats de M. Hatcher comprennent le Fonds Europlus Trimark , le Fonds mondial d’analyse fondamentale Trimark , le Fonds international des sociétés Trimark et le produit vedette : le Fonds Trimark .
Michael Hatcher gère le Fonds Trimark depuis 18 mois. À la fin de juin, ce produit, qui a des actifs de 2,9 milliards $ et 40 noms, avait 37 % de ses avoirs investis dans des sociétés américaines. « Dans l’ensemble, les avoirs américains du portefeuille ne sont plus très bon marché, car ces actions se sont bien comportées, dit-il. Mais elles représentent toujours une valeur raisonnable. »
Le Fonds Trimark a de fortes pondérations dans des secteurs comme les soins de la santé, et dans les actions des biens de consommation discrétionnaire et des technologies de l’information. Les cibles de Michael Hatcher, à ses dires, partagent le même thème : une entreprise stable aux flux de trésorerie solides, un faible endettement et un rendement élevé sur le capital investi.
Deux sociétés américaines des soins de la santé dont M. Hatcher considère qu’elles seront relativement peu touchées par Obamacare sont Becton, Dickinson and Co BDX et Express Scripts Holding Co. ESRX . Elles sont parmi les 10 avoirs principaux du Fonds Trimark.
Becton Dickinson est un protagoniste mondial des fournitures médicales qui se spécialise dans la fabrication des aiguilles et des seringues, dit M. Hatcher. « Ces articles sont peu onéreux et nécessaires pour fournir des soins. » Cela veut dire, dit-il, qu’aux États-Unis, la société a moins de chances d’être vulnérable à l’impact d’Obamacare. « Les mesures d’économie de coûts porteront sur les gros postes budgétaires, dit-il. Un autre atout de la société, à ce stade « est la croissance de ses affaires dans les économies émergentes. »
À propos des finances de Becton Dickinson, M. Hatcher note que la société a augmenté son dividende chaque année pendant les 37 dernières années. L’action s’est bien comportée cette année, dit-il. Elle se négocie actuellement à un ratio valeur d’entreprise/BAII (bénéfices avant intérêts et impôts) de 12 selon les estimations pour les 12 mois qui suivent. « Je n’ajoute pas à cette action mais je ne la vends pas non plus », dit-il.
Express Scripts est une grosse société de gestion de soins pharmacothérapiques aux États-Unis, dit M. Hatcher. « Elle a une position dominante dans ce secteur. » L’année dernière, Express Scripts a fait l’acquisition d’une autre grosse société de soins de ce type, Medco Health Solutions. « Cela a entraîné d’autres économies d’échelle dans un type d’entreprise où l’échelle est si importante. »
Cette acquisition a aussi amélioré le pouvoir de négociation d’Express Scripts auprès des sociétés pharmaceutiques et des pharmacies qui distribuent ses produits, note-t-il. « Cela aide à réduire les coûts, à la fois pour les assureurs et pour les assurés. » La société se négocie à un ratio VE/BAII de 10. « C’est une société de qualité élevée qui offre l’occasion d’une mise pure sur les soins pharmacothérapiques, et l’action représente toujours une bonne valeur. »
Pour ce qui est du secteur des biens de consommation discrétionnaire, une société de divertissement et de médias que M. Hatcher aime bien parce qu’elle est dominante dans deux segments essentiels du marché est Walt Disney Co. , un des 10 avoirs principaux. L’entreprise, dit-il, est divisée en gros à 50/50 entre la chaîne sportive ESPN et le réseau de télévision ABC d’un côté, et les produits Disney de l’autre. Ces derniers comprennent les studios Walt Disney originaux, les parcs et centres de villégiature Disney, et une entreprise « florissante » de produits promotionnels dérivés.
ESPN, dit M. Hatcher, est une société qu’il fait bon posséder car elle domine les programmes sportifs dans le monde entier et que « les gens veulent regarder les sports en temps réel, ce qui est bon pour les annonceurs. »
Disney est une « usine à franchises », dit-il. S’appuyant sur l’héritage de la franchise Disney, la société a fait l’acquisition de Pixar, Marvel Entertainment (Spider-Man) et la Guerre des Étoiles, note-t-il. L’action a connu « une bonne série de performances ». Elle se négocie à un ratio VE/BAII de 11.
Dans le secteur technologique, Google Inc. est un autre avoir important dans le Fonds Trimark. « La société a une part dominante de l’industrie des moteurs de recherche, dit M. Hatcher, et il y a dans ce secteur des barrières élevées à l’entrée. »
M. Hatcher considère essentiellement Google comme une compagnie publicitaire. Il fait remarquer que la part qu’a Google du gâteau des revenus publicitaires connaît une forte croissance, celle de la télévision est stable et en croissance modeste, et celle du matériel imprimé est en baisse. « Google se négocie à un ratio VE/BAII de 12, note-t-il. « L’évaluation représente encore un rabais par rapport à ce que nous pensons que vaut la compagnie. »
M. Hatcher a réduit sa position dans un autre géant mondial de la technologie, Apple Inc. « J’ai des inquiétudes sur la capacité qu’a cette société de demeurer au sommet du cycle de l’innovation; le marché dans lequel elle évolue est de plus en plus difficile. »
Photo Bloomberg