Actions bon marché, données fondamentales mauvaises

Scott Carscallen, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Placements Mackenzie, dit que la chute brutale des actions des petites compagnies aurifères et des métaux, combinée aux résultats médiocres des petites firmes pétrolières et gazières, a lourdement pesé sur l’Indice S&P/TSX des titres à petite capitalisation, du début de 2013 à la dernière clôture.  

Spécialiste des petites capitalisations, M. Carscallen fait remarquer que les secteurs des ressources représentent environ la moitié de cet indice. Compensant leur piètre rendement, les secteurs autres que les ressources se sont bien comportés, dit-il; « les actions de la technologie, des valeurs industrielles et des biens de consommation discrétionnaire affichent des chiffres particulièrement solides. » Selon lui, il en résulte que l’Indice S&P/TSX des titres à petite capitalisation est essentiellement plat depuis le début de l’année.

M. Carscallen, qui est un gestionnaire axé sur la valeur, dit qu’au début de 2013, il y avait de la valeur à trouver dans la plupart des secteurs à petite capitalisation. « Depuis le début de l’année, l’argent quitte notamment les titres des mines et des métaux pour passer aux actions autres que les ressources naturelles. » Beaucoup d’actions de ressources sont maintenant historiquement bon marché, tandis que les actions autres que les ressources « commencent à atteindre leur pleine valeur. »

Les thèmes qui ont bien réussi cette année, dit-il, sont les prêteurs du marché hypothécaire à risque, les compagnies de construction résidentielle, les produits forestiers et les sociétés liées à l’automobile. La technologie, qui constitue 5,5 % de l’indice, a obtenu de loin les meilleurs rendements, suivie par les biens de consommation discrétionnaire (8,3 % de l’indice).

M. Carscallen garde sa réserve lorsqu’on en vient aux actions des métaux et des mines, bien qu’elles soient bon marché. « Les données fondamentales de ces compagnies sont mauvaises. » Les actions aurifères se sont effondrées depuis le début de l’année et la conjoncture macroéconomique ne va certainement pas stimuler le cours du lingot d’or, dit-il.

Les actions des producteurs de métaux ont aussi radicalement baissé étant donné l’incertitude régnant sur les perspectives de la croissance économique chinoise.De plus, M. Carscallen « reste à l’écart des producteurs d’énergie. » Ces dernières années ont été dures pour eux. « De fait, leur accès aux capitaux externes a été coupé, ce qui a rendu la croissance difficile. » De surcroît, dit-il, les flux de trésorerie ont été soumis à une compression, tant à cause de la modicité du gaz naturel que du rabais auquel se vend le pétrole canadien par rapport aux tarifs américain et international.

Chez Placements Mackenzie, M. Carscallen est responsable de la gestion de mandats de petite capitalisation représentant quelque 350 M$, notamment le Fonds de valeur petites capitalisations canadiennes Mackenzie et la Catégorie Mackenzie Valeur petites capitalisations canadiennes . « Les liquidités sont plus élevées que la normale dans mes mandats. Il y a pénurie d’occasions dans les secteurs autres que les ressources naturelles. »

Le portefeuille de titres à petite capitalisation détient en moyenne 50 à 70 noms et son indice de référence est l’Indice S&P/TSX des titres à petite capitalisation. Les mandats utilisent la formule de BMO pour définir la limite de la capitalisation de chaque action. Cette limite se situe à l’heure actuelle entre 1,6 G$ et 1,7 G$, dit M. Carscallen.

Les mandats, dit-il, prévoient un maximum de 20 % d’actions dont la capitalisation boursière est le double de cette formule, soit 3 G$ à l’heure actuelle. « Les capitalisations boursières médianes des portefeuilles sont, en ce moment, de 600 à 700 M$. »

Le portefeuille à petite capitalisation Mackenzie sous-pondère nettement les secteurs des ressources naturelles à 27,6 %, au dernier décompte, contre 51,7 % pour l’indice. Le portefeuille détient 18,9 % de ses avoirs dans le secteur de l’énergie contre 25,7 % pour l’indice, « avec une focalisation sur les compagnies des services énergétiques » et 8,7 % dans le secteur des matériaux, sous-pondération substantielle par rapport à celle de l’indice, qui est de 26 %.

Dans le secteur des matériaux, le portefeuille met l’accent sur les compagnies d’emballage et les produits forestiers. Dans cette dernière catégorie, M. Carscallen aime bien Western Forest Products, Inc. WEF , un producteur de bois d’oeuvre et de produits à base de bois utilisés principalement dans la construction résidentielle.

Selon M. Carscallen, Western Forest Products a un solide bilan financier et elle « améliore régulièrement » ses BAIIDA (bénéfices avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement). « Ses marges de profit ont augmenté grâce à la modernisation de ses scieries, l’usage de la technologie et l’augmentation du prix de ses produits. » Cette compagnie est, dit-il, « une bonne façon de miser sur la reprise du secteur de l’habitation aux États-Unis et la reconstruction des maisons au Japon en cours, à la suite du tsunami ».

Grâce à l’augmentation de ses solides flux monétaires, « la compagnie a lancé un programme de rachats d’actions et de versement de dividende. » Western Forest Products se négocie à un multiple VE (valeur de l’entreprise) par rapport aux BAIIDA de 5,6 basé sur les estimations de 2014.

M. Carscallen a vendu son avoir dans Major Drilling Group International MDI , une compagnie d’exploitation minière d’échelle mondiale avec une participation importante au secteur minier aurifère. Ses clients reportant leurs projets de forage, les revenus de Major Drilling ont chuté nettement, dit-il. « Étant donné les mauvaises données fondamentales de l’industrie minière, ce n’est pas le moment d’investir dans cette action. »

Dans le secteur des services énergétiques, un ancien avoir qui est actuellement parmi les 10 titres principaux est Akita Drilling Ltd. AKT.A . Elle fournit des appareils de forage aux entreprises de l’industrie énergétique, principalement en Alberta.

La compagnie n’a pas de dettes, dit-il, et elle génère des flux de trésorerie solides. Un pourcentage élevé de ses appareils de forage sont des « appareils de forage mobiles qui peuvent facilement être déplacés dans un champ pétrolier qui a une forte concentration de puits. » Les appareils de forage mobiles sont en demande et cette demande va augmenter, dit-il. « Ils sont l’idéal pour les populaires projets de forage non conventionnels. »

L’action d’Akita s’est bien comportée, « mais elle est encore bon marché », dit M. Carscallen. La compagnie se négocie à un multiple VE/BAIIDA de trois, basé sur les estimations de 2014. Akita verse un dividende.

Dans le domaine de l’énergie renouvelable, Boralex BLX est depuis longtemps un titre favori de M. Carscallen. La société exploite des parcs d’éoliennes et des centrales hydroélectriques, thermales et solaires au Canada, aux États-Unis et en France. L’action est classée dans le secteur des services publics.

Boralex a supprimé graduellement ses contrats de fourniture d’électricité à court terme, dit M. Carscallen. Désormais, environ 96 % de tous ses contrats sont à long terme. « Cela se traduit par des flux monétaires réguliers et prévisibles. »La firme ne verse pas de dividendes, dit-il, mais elle utilise plutôt ses flux de trésorerie pour construire de nouvelles centrales électriques.

Les projets en cours « devraient en gros doubler son BAIIDA à presque 200 M$ en 2016, alors qu’il était d’environ 98 M$ en 2012. » La société, dit-il, « a les moyens de financer ces nouveaux projets. À l’heure actuelle, elle affiche une encaisse de 122 M$ dans ses livres. En d’autres termes, dit-il, Boralex est un producteur d’électricité axé sur la croissance. »

Avec l’augmentation des flux de trésorerie de Boralex, il est possible, dit M. Carscallen, qu’elle commence à payer un petit dividende. « Mais la compagnie aimerait continuer à consacrer une portion substantielle de ses flux de trésorerie à son expansion. »

La compagnie se négocie à l’heure actuelle à un ratio VE/BAIIDA de 7,7 selon les estimations de 2014, « rabais substantiel par rapport à ses pairs dont la moyenne est de 10,6. » Si Boralex devait initier un dividende, « ce rabais sur son évaluation pourrait diminuer. »

Photo Bloomberg