First Trust Canada, qui commercialise déjà des fonds communs et des fonds d’investissement à capital fixe (closedend funds) au pays, vient donc de boucler la boucle en s’attaquant au marché des FNB. L’entreprise a même fait un pari osé en se positionnant dans un segment en émergence, les FNB non indiciels.

Pour ce faire, les trois FNB nouvellement lancés utilisent l’approche quantitative AlphaDEX développée par la maison mère. Plutôt que de se concentrer sur la capitalisation boursière, un ordinateur sélectionne, à l’aide de l’analyse quantitative, des titres qui ont une composante à la fois valeur et croissance. Puis, les titres qui présentent les meilleures données fondamentales sont surpondérés.

«Quarante FNB utilisent cette approche aux États-Unis, remarque Fraser Howell, mais il n’y a aucun autre produit de la sorte au Canada.»

Malgré l’originalité de la démarche, certains observateurs trouvent que ces produits ont un air de déjà vu. «Le marché canadien compte des produits très similaires, se contente de dire Dan Hallett, responsable de la recherche chez Highview Financial. Il suffit de penser aux FNB de Claymore, construits à partir des indices RAFI, qui sont axés sur les qualités fondamentales des titres.»

Comme c’est le cas pour Claymore, les trois FNB de First Trust n’ont pas de gestionnaire à leur tête. Les décisions d’investissement sont prises sur la base de l’analyse quantitative.

Dans le passé, cette méthode plus mécanique, développée par First Trust, s’est démarquée par rapport à la gestion active traditionnelle, mais elle n’a pas battu à tout coup la gestion indicielle. «Sur les 16 FNB américains qui existent depuis plus de cinq ans, 11 surpassent le marché, dit Fraser Howell. En moyenne, ils le dépassent de 2 %.» En comparaison, seulement un gestionnaire sur deux se distingue de l’indice.

Ces nouveaux FNB non indiciels ont une autre caractéristique importante : ils sont au goût du jour. Il s’agit en effet de trois FNB de dividendes, proposés dans un environnement de taux d’intérêt bas. «Les investisseurs recherchent actuellement ce genre de produits», dit Fraser Howell.

Les trois FNB se démarquent toutefois des autres fonds de dividendes, à cause de la composante croissance utilisée dans la sélection. «Par exemple, le FNB First Trust AlphaDEX Canadian Dividend Plus (symbole FDY) axe davantage sur la moyenne capitalisation», remarque Dave Paterson, président de Paterson and Associates.

D’autres FNB à venir

Malgré les attributs des nouveaux produits, Fraser Howell se montre prudent lorsqu’il est question de leur accueil par le marché. «L’équipe des ventes multiplie en ce moment les occasions de rencontrer des conseillers, dit-il simplement. Elle participe en outre à des activités de l’industrie et organisera des tournées promotionnelles et des conférences au cours des mois à venir.»

«Grâce à nos autres produits, continue-t-il, nous avons déjà développé des relations avec le réseau externe de conseillers. Néanmoins, nous devons être plus présents afin de bien expliquer ces nouveautés.»

Les observateurs font preuve de la même prudence. «Pour percer le marché canadien, First Trust devra expliquer en quoi ses FNB se distinguent de produits semblables, remarque Dan Hallett. La société devra en outre démontrer que ses fonds de dividendes plus volatils, qui offrent des distributions généreuses, sont plus avantageux que les produits traditionnels. Mais à mon avis, il sera difficile de convaincre les conseillers qu’ils pourront faire mieux.»

Fraser Howell reste toutefois optimiste, au point qu’il travaille déjà sur de nouveaux FNB qui seront lancés prochainement. Ces produits ne seront pas nécessairement axés sur les dividendes. «L’un d’entre eux pourrait avoir un gestionnaire de portefeuille à sa tête», confie-t-il.

Cependant, si Fraser Howell ne mentionne aucun objectif précis quant aux résultats à court terme, il parle volontiers de ses espérances à plus long terme. «J’espère recueillir quelques milliards de dollars d’actif en cinq ans, dit-il. First Trust aura alors de 15 à 30 FNB inscrits à la Bourse canadienne.»