Deux tendances incitent les analystes à miser sur des cours élevés, augmentant grosso modo au rythme de l’inflation : d’abord, les nouvelles capacités de production qui se sont ajoutées depuis la récession mondiale de 2008-2009, ensuite, l’appréciation du dollar américain par rapport aux autres devises.

Au chapitre de l’offre, le boom pétrolier des États-Unis a bouleversé le marché mondial de l’énergie, note Mathieu d’Anjou, économiste principal chez Desjardins. «C’est pourquoi les prix des produits pétroliers n’augmenteront pas en raison de la croissance dans les pays émergents.»

Les économistes de Desjardins prévoient que le prix du baril de pétrole – le West Texas Intermediate – devrait s’établir à environ 100 $ US en 2017, soit sensiblement au même niveau qu’aujourd’hui. Dans certaines productions, comme l’aluminium et l’acier, l’offre est excédentaire.

Par ailleurs, comme le prix des ressources naturelles est libellé en dollars américains, une appréciation du billet vert «limite le potentiel de croissance du prix des matières premières», remarque Stéfane Marion. Après un cycle baissier d’une douzaine d’années, la devise américaine repart à la hausse.

Un regain d’énergie qui tient à plusieurs facteurs. En juin, la Réserve fédérale américaine (Fed) a laissé entendre qu’elle remonterait les taux d’intérêt aux États-Unis, rendant ainsi plus attrayants à long terme les actifs financiers sur le marché américain.

Par ailleurs, le déficit du compte courant des États-Unis (la balance des paiements du pays) s’améliore, passant de 5 % du PIB il y a trois ans à 2 % aujourd’hui. Le grand responsable ? La diminution des importations de pétrole en raison du boom pétrolier, qui limite les sorties de capitaux.

Enfin, l’amélioration des conditions économiques aux États-Unis favorise la vigueur du billet vert. En 2013, le PIB devrait croître de 1,9 %, alors que la zone euro sera en récession, selon le Fonds monétaire international (FMI). En 2014, les États-Unis afficheront une croissance de 3 %. Celle de la zone euro sera de 1,1 %.