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Fin d’une époque

L’économie chinoise progressera moins vite, car Pékin mise désormais sur une croissance durable, disent les spécialistes. Bienvenue dans le New Normal chinois, associé à une croissance qui oscille de 5 à 8 %.Les marchés devront s’y faire, car pour le moment, pas une semaine ne passe sans qu’un analyste ne s’arrache les cheveux à cause du ralentissement de la croissance en Chine. En 2012, le PIB a augmenté de 7,8 %, et il fera de même cette année, selon 51 économistes sondés par Bloomberg en mai.

  • Par : François Normand
  • Source : Finance et Investissement
  • 1 septembre 2013 1 septembre 2013
  • 00:00

«L’époque où l’économie chinoise progressait de 10 % par année est terminée», affirme Jacques Gravereau, directeur de l’HEC Eurasia Institute, à HEC Paris. «L’économie rencontre un goulot d’étranglement, c’est pour cela qu’elle doit ralentir», dit pour sa part Loïc Tassé, politologue à l’Université de Montréal. «La Chine veut une croissance de qualité», précise Dominic Barton, directeur général mondial du cabinet McKinsey & Company.

Désormais, le PIB chinois devrait progresser sous la barre des 8 %, selon les spécialistes. Du déjà vu en Asie. Après une croissance folle surpassant les 10 % dans les années 1960 (on parlait alors du miracle japonais), le Japon a lui aussi subi une décélération. Chose normale quand une économie se modernise et que le secteur des services prend de l’importance dans la production nationale.

La Chine traverse en partie cette situation. Mais il y a plus, fait remarquer Zhan Su, titulaire de la Chaire Stephen-A.-Jarislowsky en gestion des affaires internationales de l’Université Laval. Si le gouvernement chinois mise sur une croissance durable, il fait aussi le constat lucide que la Chine ne peut tout simplement plus se permettre de croître à un rythme moyen de 10 % par an – ce qui fait doubler son PIB tous les sept ans.

L’économie est sous pression. Soutenir une croissance de 10 % devient trop intensif en capital (énergie, main-d’oeuvre, etc.), sans parler de la pollution de l’eau, des sols et de l’air. Les épisodes de smog extrêmes, en janvier, ont marqué les esprits. Une crise qui permet de comprendre pourquoi le président chinois Xi Jinping a déclaré, en mai, que la Chine ne peut pas sacrifier son environnement sur l’autel de la croissance économique.

«Pékin doit aussi s’occuper du social, insiste Zhan Su. Les Chinois n’acceptent plus d’être du cheap labor !» Les salaires manufacturiers augmentent d’ailleurs de 15 à 20 % par an dans le pays. Depuis 30 ans, les exportations bon marché – le règne du Made In China – ont permis à des dizaines de millions de personnes de sortir de la pauvreté. Un modèle de développement économique qui a toutefois atteint ses limites.

Malgré son repositionnement, la Chine reste une économie très dynamique. Une croissance de 5 à 8 % demeure après tout exceptionnelle. En 2012, le PIB de la Chine a progressé de 7,8 %. Un bien meilleur score que la Russie, l’Inde, le Brésil ou l’Afrique du Sud, qui ont tous affiché une croissance inférieure à 4 %. Seule l’Indonésie – la nouvelle usine du monde – a talonné la Chine grâce à une augmentation de 6,2 % de son PIB.

Les nouveaux moteurs

La Chine reste une machine économique formidable, car elle compte plusieurs moteurs, comme ses exportations. L’an dernier, celles-ci ont augmenté de 8 %, pour dépasser les 2 000 G$ US. Des exportations à l’étranger dont la valeur ajoutée est de plus en plus élevée. Les ventes de panneaux solaires en Europe, qui inquiètent tant les fabricants européens, en sont un bon exemple.

L’investissement reste aussi un moteur de la croissance. Chaque année, les entreprises étrangères injectent quelque 100 G$ US dans l’économie chinoise, notamment dans la production d’automobiles. En 2013, la Chine produira pour la première fois plus de voitures que l’Europe, selon la firme Eurasia Group. Cependant, il y a de la surchauffe dans l’immobilier, selon Jacques Gravereau. «Près de 8 000 projets ont des problèmes de rentabilité.»

Cela dit, les besoins en infrastructures resteront importants, car la Chine s’urbanise à un taux de 1 % par an. Ce sont 13 millions de personnes qui s’établissent chaque année dans une ville chinoise. Le pays est toutefois peu urbanisé par rapport au Canada. En 2010, près de 47 % des habitants (un Chinois sur deux) vivait dans une ville, par rapport à 81 % ici, selon la CIA, l’agence américaine du renseignement.

Une urbanisation qui fera augmenter la demande en services, de la santé à l’éducation, en passant par le commerce de détail et les transports. Si les services se développent en Chine, ils sont toutefois loin de prendre la part du lion comme ils le font aux États-Unis, où ils pèsent pour 80 % du PIB. Ils ne représentent que 45 % de l’économie chinoise.

Quoi qu’il en soit, les services financiers sont en plein essor dans cette Chine qui s’enrichit.

Les Chinois recourent davantage aux services bancaires. Des institutions étrangères y ont constitué des filiales, comme la Bank of Montreal China. La classe moyenne a besoin de services financiers, et ce, de la gestion de portefeuille à la planification de la retraite à l’assurance. Les PME recherchent aussi de nouvelles sources de financement, selon une étude de la Chambre de commerce américaine à Shanghai (AMCHAM – Financial Services in China).

Compte tenu des dégâts causés à l’environnement en Chine, le secteur des technologies propres a un bel avenir, affirme Zhan Su. «Les technologies pour dépolluer et les technologies pour produire de l’énergie verte sont en forte demande», dit-il. Par exemple, les nouveaux bâtiments situés dans 40 villes chinoises, y compris dans la capitale, Pékin, doivent désormais consommer 65 % moins d’énergie. Toute une commande.

La consommation est un autre moteur, qui ne tourne cependant pas à plein régime en raison du taux d’épargne très élevé des Chinois – plus de 30 % dans les villes, selon le Fonds monétaire international (FMI). Quoi qu’il en soit, les dépenses privées sont de plus en plus importantes. De 2000 à 2010, elles ont contribué à 27 % de la croissance du PIB, selon McKinsey & Company. Au cours de la décennie actuelle, elles atteindront 41 %, pour franchir le cap des 50 % pendant les années 2020.

Fin d’une époque

Avant la crise de 2008, l’industrie mondiale de la gestion d’actif progressait à un rythme annuel de 6 à 7 %. Disons adieu à cette belle époque, car elle n’est pas près de revenir, prévient Casey Quirk & Associates. Selon cette société américaine d’études de marché, la croissance ne dépassera pas 0,6 % par an d’ici les cinq prochaines années au minimum, sinon plus. Casey Quirk signale que le portefeuille traditionnel 60/40 ne remplit plus ses engagements, car ses rendements ont beaucoup diminué et sa volatilité s’est accrue. Par conséquent, la firme envisage une forte hausse de la demande en produits alternatifs, en «solutions» préfabriquées comme les fonds à horizon de retraite, en produits qui visent à reproduire les indices comme les fonds négociés en Bourse, et finalement, en actions d’entreprises de pays émergents. Les bien nantis (mass affluent), les clients à valeur nette élevée ainsi que les clients institutionnels, tous soucieux de réduire la corrélation d’actifs et de toucher des revenus indépendamment de l’évolution des marchés, seront à la source de la progression des produits alternatifs. Les gestionnaires de catégories d’actif traditionnelles – au premier chef, les grandes sociétés du pays de l’Oncle Sam qui ont peu d’expertise en dehors des actions américaines – céderont du terrain (http://tinyurl.com/aqqbaau).

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