Mark Thomson, directeur général responsable des actions auprès de la société torontoise Beutel Goodman & Co. Ltd., dit qu’il y a d’importantes occasions sur le marché boursier canadien pour investir dans des compagnies qui produisent de solides flux de trésorerie disponibles, font bien gonfler les dividendes, répartissent leurs capitaux de façon disciplinée, et se négocient à des évaluations raisonnables. « Le meilleur terrain de chasse, dit-il, se trouve parmi les grandes banques à charte canadiennes et les principaux fournisseurs de services de télécommunication. »
M. Thomson reste prudent vis-à-vis des producteurs canadiens d’énergie et de matériaux en général. « Beaucoup sont écartelés entre des coûts élevés et des problèmes opérationnels, et en plus, dans certains cas, ils ont des difficultés liées au cours des marchandises, dit-il, il faut choisir la bonne cible. »
Enfin, M. Thomson dit qu’il esquive les actions des services publics et des oléoducs, ainsi que les fiducies de placement immobilier. « Bien que ces compagnies produisent de solides flux de trésorerie disponibles, elles sont tout simplement trop chères. »
Beutel Goodman, qui gère des actifs de 35 G$, est un gestionnaire axé sur la valeur traditionnel. M. Thomson et son équipe gèrent quelque 13,5 G$ en actions canadiennes, notamment le Fonds d’actions canadiennes Beutel Goodman , qui avait des actifs de 3,7 G$ à la fin juin.
Le fonds, avec 33 noms, est en majeure partie à grande capitalisation, cette dernière composante représentant en moyenne un flottant boursier de 30,9 G$. Le portefeuille détient aussi une composante de petite capitalisation, qui était de 6,6 % à la fin juin.
Si l’on ajoute sa participation aux petites capitalisations dans les différents secteurs, le produit détenait 36 % dans les services financiers, 13,8 % dans les biens de consommation discrétionnaires (notamment certaines compagnies présentant des caractéristiques des services de télécommunication), 8 % dans les services de télécommunications et 10 % dans des valeurs industrielles à la fin juin. Toutes ces participations sont surpondérées relativement à l’indice composé S&P/TSX, point de référence du fonds. Les liquidités constituaient quelque 2,5 % du portefeuille à la fin juin. « Nous sommes essentiellement entièrement investis », dit M. Thomson.
Le Fonds d’actions canadiennes Beutel Goodman favorise depuis quelque temps les actions des services des télécommunications. « Elles sont génératrices de flux de trésorerie disponibles solides et durables », dit M. Thomson. De plus, il indique qu’au cours des trois dernières années, ces compagnies ont affecté des capitaux de façon plus disciplinée et ont restitué de grosses parts du capital aux actionnaires.
À l’heure actuelle, la société préférée de M. Thomson dans ce secteur est Rogers Communications Inc. « Ça se résume à l’évaluation. » L’action est moins chère que celle de l’autre gros avoir du fonds dans les services de télécommunication, Telus Corp., dit-il.
Rogers, note-t-il, a réduit ses actions ordinaires en circulation de 20 % au cours des cinq dernières années grâce à des rachat d’actions et a augmenté considérablement ses dividendes durant cette période.
L’action, dit M. Thomson, est capable de générer un rendement d’au moins 50 % au cours des trois prochaines années, et ce malgré l’entrée potentielle du géant des télécommunications Verizon Communications Inc. sur le marché canadien. « Cette possibilité est encore très incertaine. »
Adepte de longue date des actions des banques canadiennes, M. Thomson dit que celles-ci sont actuellement bon marché selon les normes historiques et offrent des dividendes de près de 4 %. « C’est nettement au-dessus du marché des actions canadiennes dans l’ensemble », dit-il.
Les banques canadiennes, fait-il remarquer, en arrivent presque à la fin de la période d’augmentation de leur capitalisation, exigée par les autorités. « Cela libérera des capitaux dans une industrie qui génère un capital excédentaire important. »
De plus, dit-il, les banques ont augmenté leurs ratios de paiements de dividendes et cela, combiné avec une augmentation des bénéfices par action des banques, a entraîné des augmentations des dividendes. De plus, dit-il, certaines des banques, notamment la Banque Canadienne Impériale de Commerce CM et la Banque Royale du Canada RY , ont racheté des actions.
Parmi les banques, M. Thomson préfère la Banque TD, qui continue à être le plus gros avoir du portefeuille (7,7 % à la fin de juin), et la Banque Royale (5,9 %), qui est aussi parmi les 10 premiers. « La TD et la Royale ont des parts de marché dominantes dans les services bancaires au détail, dit-il. Cela se traduit par une amélioration du rendement du capital au fil du temps. » Ces deux banques devraient continuer à acquérir des parts du marché, dit-il. Somme toute, il considère que ces « actions de qualité supérieure » peuvent satisfaire aux exigences de rendement de Beutel Goodman : 50 % au cours des trois prochaines années.
Dans le secteur industriel, M. Thomson est enthousiaste à propos du groupe SNC Lavalin, géant des services d’ingénierie et de la construction. C’est une mise controversée étant donné les faux pas très médiatisés de la compagnie, dit-il. « Mais l’argument pour y investir est sans détour » si l’on considère l’évaluation de la compagnie. Selon M. Thomson, l’action est bon marché étant donné les actifs de la compagnie et le potentiel qu’elle a d’améliorer ses bénéfices dans le domaine de la construction.
M. Thomson fait remarquer que le cours des actions était récemment de 41 $. Il déduit de ce chiffre quelque « 28 $ par action pour les investissements de la compagnie. » Cela inclut son enjeu dans l’autoroute à pèage 407 en Ontario.
De plus, dit-il, SNC affiche une encaisse excédentaire sur son bilan financier de 4 $ par action. Cela signifie, dit-il, que vous payez environ 9 $ l’action pour l’entreprise de construction, qui vaut neuf fois son ratio C/B sur ses bénéfices actuellement déprimés. SNC, dit M. Thomson, « gagne de prestigieux contrats, notamment un pour l’extension de l’Autoroute 407, aussi ses bénéfices sur la construction devraient-ils rebondir. »
Du côté des actions de ressources naturelles, le Fonds d’actions canadiennes Beutel Goodman reste nettement sous-pondéré dans les secteurs de l’énergie et des matériaux. Parmi les principaux protagonistes dans le secteur énergétique canadien, M. Thomson considère que « beaucoup sont des producteurs aux coûts élevés qui ont un rendement du capital épouvantables. »
Les meilleurs acteurs, relativement parlant, comprennent à ses dires Canadian Natural Resources Ltd., l’un des dix principaux avoirs du fonds. « La compagnie affiche de bons actifs à faibles coûts dans l’Ouest canadien et une excellente équipe de direction. »
Le grand investisseur dans les champs pétroliers Murray Edwards, qui a une très grosse part dans CNQ, est président de son conseil d’administration, note M. Thomson. « L’action se négocie au rabais par rapport à la valeur d’actif net par action de la compagnie, et elle devrait nous donner un rendement minimum de 50% au cours des trois prochaines années. »
M. Thomson a vendu la plus grande partie des avoirs du fonds dans Talisman Energy Inc. « Talisman détient un panier mixte d’actifs générant des rendements décevants. »
Dans le secteur des matériaux, le fonds n’a toujours aucune participation aux actions aurifères, dit M. Thomson. « Malgré leur fort déclin, ces actions continuent à être chères d’après les normes d’évaluation traditionnelles. »