À cette époque, le couple nouvellement marié caresse des rêves d’indépendance ; pour les deux diplômés de HEC Montréal, le lancement d’une entreprise pour combler ce besoin allait de soi.
Être indépendant, cela signifie que «nous avons le contrôle sur l’ensemble de nos moyens de production», lance l’ex-militaire du régiment des Fusiliers du Mont-Royal, faisant un clin d’oeil à Karl Marx.
Alors qu’elle sert depuis 25 ans une clientèle de Laval et de la Rive-Nord de Montréal, la boutique de planification financière parvient à rester à flot grâce à sa structure épurée et à un contrôle draconien des coûts.
«Quand les coûts augmentent, c’est la marge bénéficiaire qui est attaquée», explique Daniel Bissonnette.
Selon lui, des représentants qui rapportent beaucoup permettent de conserver des marges intéressantes, même pendant les périodes creuses.
Réduire les coûts
Il reste que pour permettre à une structure administrative de rester souple et peu coûteuse, la somme de travail à abattre est colossale.
Ainsi, «prendre une semaine de vacances est difficile», explique Doris Allard, qui mettait justement les bouchées doubles lors de notre visite afin de pouvoir partir pendant quelques jours avec son conjoint, sans que leur absence ait trop d’impact sur les affaires courantes.
Une hausse du volume d’affaires ne permet pas toujours des économies d’échelle, selon le couple. Car les coûts peuvent aussi augmenter.
Small is beautiful, remarque Daniel Bissonnette, qui estime que c’est alors plus facile de gérer ses dépenses.
«Nous sommes dans un cost-effective business. Si vous perdez la mesure de vos coûts, vous disparaissez», dit-il, notant au passage que plusieurs petites firmes ont ainsi été englouties par les grandes manoeuvres de la réglementation au cours des dernières années.
Une gestion serrée qui passe par le contrôle des coûts. Planifax est propriétaire de ses bureaux, qui servent à la fois de quartier général des conseillers et d’immeuble à revenus.
Située dans un quartier résidentiel célèbre pour ses arbres matures, près d’un club de golf et de la rivière des Mille-Îles, au nord de Montréal, la maison construite par Daniel Bissonnette et Doris Allard voici une dizaine années leur permet de contrôler les coûts du logement.
Une maison à deux étages dotés de deux logements leur permet ainsi d’éponger une partie du loyer commercial qu’ils doivent payer.
«Nous pouvons bâtir de l’équité avec la maison, explique Doris Allard. De plus, le fait qu’il y a toujours quelqu’un sur place le soir et les fins de semaine» rend les bureaux très sûrs.
La maison, qu’ils ont fait construire selon les plans d’un architecte, dispose en outre de bureaux «conçus pour un maximum d’efficacité», explique Daniel Bissonnette.
Les pièces sont agencées de façon à mettre les gens à l’aise, favoriser la confidentialité des discussions entre les conseillers et leurs clients et permettre au couple d’aménager le tout en conservant un cachet de résidence privée, ce qui ajoute au confort des clients.
Par ailleurs, comme si le fait de s’occuper de plus de 200 clients en plus de gérer la conformité du cabinet ne lui suffisait pas, Daniel Bissonnette peut également s’adonner au jardinage.
La maison Planifax est ainsi érigée derrière des parterres de crocus et de muguet, des pins d’Asie, et des pins centenaires qu’il montre fièrement.
Aider le client
Évidemment, le fait de gérer en couple une entreprise a les avantages de ses inconvénients.
Ainsi, le travail se fait autant à domicile que dans les bureaux. Les propriétaires épongent eux-mêmes les coûts liés aux heures supplémentaires requises pendant les périodes très achalandées. Cependant, ils disposent plus rarement de moments libres à la maison.
«Parfois, Daniel est absorbé dans ses pensées» et tout à coup, l’éclair se produit, relate Doris Allard : la solution aux problèmes d’un client lui est venue entre deux bouchées, lors du repas familial.
«La game, c’est d’aider les clients», ajoute Daniel Bissonnette, selon qui cela fait en sorte que les coups durs subis par sa clientèle, il les ressent tout autant qu’eux.
«Quand les clients sont malheureux, le planificateur est malheureux aussi», dit celui qui a pour réputation «d’épouser la cause de ses clients», selon sa femme. Dans cet esprit, «nous n’avons pas de portefeuille type pour les clients».
Pour chacun, il faut donc faire toute la sélection de placement et d’assurance, après une planification financière particulièrement rigoureuse, selon ses dires.
«Je vais rendre visite à chaque client là où il vit.»
Conformité
«En 25 ans, notre dossier de plaintes est vierge», s’enorgueillissent les Allard-Bissonnette.
C’est que Daniel Bissonnette, qu’on reconnaît à son noeud papillon pendant les événements qui portent sur la conformité des services financiers, est un mordu de la chose.
Il a entamé des études de droit au début de sa carrière pour combler son besoin de connaître les tenants et les aboutissants de la chose légale.
D’ailleurs, depuis décembre 2011, il siège au comité de discipline de la Chambre de la sécurité financière (CSF). «Il est impartial et spartiate», remarque Doris Allard.
Il fut un temps où Daniel Bissonnette, grand pointilleux devant l’éternel, a fait fuir quelques conseillers qui l’ont jugé trop exigeant sur le plan de la conformité.«J’étais très pointilleux avant que ça ne soit à la mode», dit-il.
Chaque produit proposé est passé au crible de la vérification diligente. «Je donne des coups de fil aux dirigeants des sociétés de fonds, je suis leurs activités, je m’informe dès que quelque chose ne va pas», ajoute celui qui est également témoin expert dans des causes en valeurs mobilières.
Daniel Bissonnette reste cependant convaincu que cela a aussi été un bon coup pour l’entreprise. «Aller à contre-courant des modes, toujours agir dans l’intérêt de l’investisseur, cela a fait en sorte que nous n’avons jamais perdu un seul client.»