Plus de la moitié d’entre elles en ont mesuré l’impact en constatant une augmentation significative de la productivité, du rendement, de la rétention des clients et des employés, mais aussi de l’engagement de ces derniers.
Peter Hart, le président de Rideau, un fournisseur de programmes de reconnaissance des employés, a fait le même constat. Durant une trentaine d’années, il a eu l’occasion d’aider de nombreux clients à bâtir une culture d’entreprise, dont des institutions financières comme Banque Laurentienne, Banque Scotia ou encore Banque Royale.
«Nous avons rapidement observé une corrélation entre le niveau de reconnaissance dans l’entreprise et les ventes d’hypothèques et de prêts», rapporte-t-il.
Selon lui, les gestionnaires qui adoptent les meilleures pratiques en terme de reconnaissance affichaient un taux d’engagement et de rétention plus élevé de leur équipe, ainsi qu’un meilleur taux de satisfaction de leurs clients.
Sylvain De Champlain, président de De Champlain Groupe financier, estime lui aussi que le bonheur de ses employés a un impact positif sur le développement d’affaires. «On félicite souvent notre bon service à la clientèle», appuie-t-il.
Cependant, Peter Hart souligne également que compte tenu de la pénurie imminente des talents, les entreprises qui ne seront pas capables d’attirer, de mobiliser et de retenir les employés feront face à des problèmes de recrutement.
Une question de valeur
Systèmes de points, bonis ou avantages en argent, les entreprises ne lésinent pas sur les moyens pour encourager leurs employés.
«Pour les banques, ces résultats représentent une fortune, concède Peter Hart. Nos clients investissent des millions dans la mise en place de ces programmes.»
Pourtant, une enquête menée par The Boston Consulting Group et The Network auprès de 200 000 personnes dans le monde a démontré que l’appréciation et la reconnaissance arrivent en tête des attentes professionnelles.
Peter Hart pense en effet qu’il faut avant tout miser sur la reconnaissance existentielle. «On doit reconnaître la valeur des gens, ce qu’ils sont et ce qu’ils font, raconte-t-il. L’employé d’entretien est aussi important que le responsable du centre de distribution.»
Il se fait d’ailleurs un point d’honneur de rencontrer chacune de ses nouvelles recrues pour leur transmettre la vision de l’entreprise, mais aussi pour tisser des liens. «Je préfère engager des patriotes que des mercenaires qui partiront si une autre société les attire avec de l’argent.»
Peter Hart n’hésite pas non plus à souligner les anniversaires de ses quelque 300 employés par un petit mot, ou encore à les gratifier d’une attention, en leur livrant par exemple une plante lors d’un déménagement. «Je traite les gens comme j’aimerais qu’ils me traitent, explique-t-il. Même si on travaille dans une banque, tout ne tourne pas seulement autour de l’argent !»
«Pour garder ses bons employés, on doit faire ce qu’il faut, continue Sylvain De Champlain. S’ils ne sont pas heureux, il y aura toujours quelqu’un prêt à donner une piastre de plus.»
Récompense ou reconnaissance
Toujours d’après l’étude de The Boston Consulting Group et The Network, entretenir une bonne relation avec ses collègues et la conciliation travail-famille se hissent respectivement en deuxième et troisième place des attentes professionnelles, alors que le salaire ne se classe qu’en huitième position.
Marc Bérubé, président de Coaching Financier Trek, a déjà envisagé d’instaurer un système de primes au sein de son cabinet, qui compte aujourd’hui une vingtaine de personnes.
Il s’est finalement ravisé, estimant que les concours de vente, qui tendent cependant aujourd’hui à disparaître, ainsi que le mode de rémunération dont les conseillers bénéficient, suffisaient à motiver ses troupes.
«Tout le monde est logé à la même enseigne : les assistantes participent autant à notre réussite que les conseillers, mais nous pensions que cela allait faire plus de tort que de bien, se souvient Marc Bérubé. Nous ne voulions pas susciter de jalousie.»
Il a donc choisi de récompenser son équipe en lui offrant de meilleures conditions de travail, comme la flexibilité d’horaire, des congés payés durant les fêtes de fin d’année, ou encore des escapades alliant conférences professionnelles et plaisir. «Je crois beaucoup au donnant-donnant, explique-t-il. Nous laissons de la latitude aux membres de notre équipe, on se fait confiance.»
«Pourtant, beaucoup de gestionnaires pensent que l’argent est la première motivation de la force de travail, se désole Peter Hart. La reconnaissance devrait être le gâteau, et la prime, le glaçage.»
Il encourage alors les entreprises qui souhaitent récompenser leurs employés à être plus spécifiques en communiquant les raisons de cette gratification.