Ce fonds propose de profiter autant des marchés haussiers que des marchés baissiers en permettant à son gestionnaire d’acheter ou de vendre à découvert des actifs partout dans le monde dans quatre catégories d’actif : actions, obligations, devises, matières premières.
Chasse gardée
Une telle stratégie macro globale n’est pas nouvelle en soi. Elle était jusqu’ici la chasse gardée des fonds de couverture offerts uniquement aux institutions, aux fonds de pension et aux investisseurs fortunés.
Une seule exception, à notre connaissance : le fonds ASTRA Macro Global de la firme montréalaise Sigma Alpha. Celui-ci est accessible depuis quelques années à tout investisseur comme fonds distinct auprès de SSQ Groupe financier.
Des fonds comme ceux de ONE Financial sont disponibles depuis quelques années aux États-Unis et au Royaume-Uni, par exemple le fameux All Weather Strategy de Bridgewater. Mais rien de tel encore au Canada.
Pour se tailler une place dans le marché canadien, ONE Financial inscrit sa famille dans la catégorie des fonds marché à terme, explique Jeff O’Brien, chef de la direction de ONE Financial.
Cela permet aux fonds d’effectuer de la vente à découvert sans limite, à condition de le faire par l’intermédiaire de produits financiers dérivés qui, eux, ne sont pas considérés comme des titres d’épargne ou de placement.
Par ailleurs, un fonds commun classique n’a pas le droit d’effectuer des ventes à découvert pour plus de 10 % de sa valeur.
Par habitude
Pourquoi des fonds épousant la structure de la nouvelle famille de ONE Financial n’ont-ils pas été mis au point jusqu’ici au Canada et pourquoi n’ont-ils pas été offerts dans la catégorie des fonds de marché à terme ?
Jeff O’Brien juge que c’est essentiellement pour des raisons de convention.
«Je crois que l’industrie entretient un préjugé positif à l’endroit des titres détenus à long terme, et il est beaucoup plus difficile de vendre une stratégie long/court simplement parce qu’il ne s’agit pas d’acheter des actions ou des obligations à long terme.»
Serge Roy, premier vice-président et directeur, et conseiller en placement à la Financière Banque Nationale, pense que ce type de stratégie de couverture, réservé jusqu’ici aux fonds de couverture, était trop complexe et trop coûteux pour être mis à la disposition de l’investisseur moyen.
«Avec ces stratégies, dit-il, l’investisseur avait au départ un rendement de – 8 %. Mais on a réussi, je crois, à éliminer beaucoup d’intermédiaires et à abaisser les coûts.»
Le fonds mondial, premier de la série ONE Financial, prélève des frais de gestion de 2,40 %, alors que la plupart des autres fonds de la famille (par exemple un fonds canadien ou un fonds de marchés émergents) en prélèveront de 2,35 %.
Par ailleurs, contrairement aux fonds de couverture classiques, les fonds de ONE Financial opèrent en pleine transparence et leurs unités se négocient quotidiennement.
Quant à la commission des conseillers, elle s’élève à 1,4 %, «ce qui est plus élevé que la norme d’environ 1 % qui a cours dans l’industrie», fait ressortir George Papadopoulos, conseiller financier chez Global Maxfin, à Montréal.
Pas de feuille de route
Ce premier fonds de ONE Financial n’a aucune feuille de route à présenter encore.
Certes, l’entreprise a procédé à de nombreuses analyses historiques, «mais la règlementation nous interdit de les publier», relève Jeff O’Brien.
Toutefois, en se référant à l’indice de fonds de couverture de BarclayHedge, il note que de tels fonds «ont tendance à mieux performer que les indices boursiers». Leur principal avantage tient à leur plus faible volatilité.
«Au cours des 12 dernières années, affirme Jeff O’Brien, l’écart entre le sommet et le creux des indices boursiers a été de 50 % ; dans l’indice de BarclayHedge, il était de 15 à 17 %.»
Tant George Papadopoulos que Serge Roy perçoivent favorablement la nouvelle famille de ONE Financial.
Surtout George Papadopoulos. «Ce genre de produit aurait dû être accessible de tout temps, dit-il. Ça répond tout à fait à la demande des clients depuis toujours : lors d’une correction, on ne perdra pas autant.»
Au départ, tous deux limiteraient de tels fonds à une portion allant de 5 à 15 % du portefeuille d’un client.
Cependant, cette proportion pourrait très bien augmenter au fur et à mesure que les fonds montreront qu’ils respectent leurs promesses.
«Je pourrais facilement les voir occuper de 20 à 25 % d’un portefeuille», dit George Papadopoulos. Et Serge Roy d’ajouter : «Ils pourraient même composer la partie principale d’un portefeuille d’actions.»