Il y a quelques semaines encore, la compagnie s’appelait La Survivance, compagnie mutuelle d’assurance vie.

La mutuelle de Saint-Hyacinthe a annoncé son changement de nom et d’identité visuelle à la mi-avril, lors de la célébration de son 75e anniversaire.

Une cure de rajeunissement qui fait partie de la stratégie globale de l’assureur.

Il s’agissait de «doter l’entreprise d’un nom plus moderne, compris dans les deux langues et plus évocateur des valeurs humaines qui animent l’entreprise et des produits d’assurance maladie qui la caractérisent», explique Richard Gagnon, président et chef de la direction d’Humania Assurance.

Depuis une dizaine d’années, la mutuelle s’est spécialisée dans certaines gammes de produits, notamment l’assurance maladie et l’invalidité.

Elle dispose notamment de produits comme Prodige, qui combine assurance maladies graves et assurance vie, ou encore Prosanté Assurance cancer, un pur produit d’assurance maladies graves.

«Lorsqu’on se spécialise dans une niche de marché, il faut se discipliner et rester dans son créneau. Il faut souvent renoncer à des occasions qui se présentent et qui pourraient nous distraire», explique Richard Gagnon.

Ce qui ne veut pas dire pour autant que la mutuelle ne propose pas d’autres produits, mais ils sont en général associés aux spécialités de la compagnie d’assurance.

En dépit de ses activités de niche, Humania Assurance compte 2 200 conseillers et quelque 200 salariés dans son réseau de distribution, principalement localisés à son siège social de Saint-Hyacinthe, ainsi qu’à Québec et à Trois-Rivières, pour l’assurance voyage en partenariat avec Tour+Med.

L’assureur a réussi à s’imposer malgré la consolidation qui s’opère dans l’industrie de l’assurance.

«Je serais inquiet de tout ce mouvement de consolidation si nous n’étions qu’un acteur moyen et généraliste qui offre la même chose que les géants de l’industrie. Cependant, grâce à nos compétences distinctes, nous nous démarquons sur le marché et nous confirmons notre place», affirme Richard Gagnon.

Selon lui, «la consolidation crée des géants parfois un peu moins agiles et un peu moins efficaces. Ce qui permet aux acteurs nichés comme nous de mettre en valeur nos qualités, la qualité de notre service et notre souplesse».

Être une mutuelle en 2013

Loin d’être dictée par le rendement ou le bénéfice à tout prix, la politique de la mutuelle réside dans une gestion prudente et à long terme.

Humania Assurance a d’ailleurs connu une légère baisse de son bénéfice net en 2012. Ce dernier est passé de 3,7 M$ en 2011 à 3,4 M$.

Cette diminution s’explique par les provisions supplémentaires placées dans les réserves actuarielles pour compenser la baisse des taux d’intérêt à long terme et l’investissement dans la technologie.

Parallèlement, le nombre de mutualistes a augmenté en 2012.

«Je pense qu’en 2013, le statut de mutuelle est plus important qu’il ne l’était auparavant. Au moment de la crise financière de 2008, les mutuelles, qui avaient plus de capitaux, ont mieux résisté à la tempête que les sociétés à capital-actions», souligne Richard Gagnon.

D’ailleurs, «depuis 2007, la croissance des primes des assureurs mutualistes et coopératifs dépasse celle de l’ensemble du marché canadien d’une année à l’autre», révèle la Fédération internationale des coopératives et mutuelles d’assurance (ICMIF), dans son rapport, «Market Insight Canada 2011».

Entre 2007 et 2011, les primes en assurance vie ont augmenté de 37,5 % pour les mutuelles, tandis que la croissance pour le même type de primes n’a été que de 6 % pour l’ensemble du marché canadien (voir le graphique).

Chez Humania Assurance, les primes brutes ont augmenté de 13 % entre 2011 et 2012, et une bonne partie d’entre elles proviennent de l’assurance collective.

Portefeuille modèle

Sans surprise, le portefeuille modèle d’Humania Assurance est de style conservateur.

Il est composé à 93,5 % d’obligations, à 3,8 % d’actions, à 2 % de produits du marché monétaire, et à 0,7 % d’avances sur polices.

Même s’il bouge peu, le portefeuille est revu lors de chaque réunion du comité de placement. L’objectif est d’aller chercher le maximum de rendement tout en restant prudent.

«Le premier risque, avec ce type de portefeuille, c’est qu’on passe à côté de certaines occasions, mais c’est valable seulement à court terme», relativise Richard Gagnon.

«En revanche, lorsqu’on l’examine à long terme, on constate que les portefeuilles plus conservateurs finissent par générer un rendement aussi intéressant, sinon plus, que les portefeuilles plus dynamiques et plus volatils.»

Le second risque, c’est qu’il soit trop conservateur. En manque de rendement, la mutuelle devrait alors augmenter la tarification pour les mutualistes. Elle deviendrait moins concurrentielle.

Il faut bien admettre qu’en raison des taux d’intérêt très bas qui sévissent actuellement, la gestion de portefeuille devient un véritable exercice de funambule pour toutes les compagnies d’assurance.

Tout comme ses concurrents, Humania Assurance a dû se repositionner. Aucun produit n’a été supprimé de son offre, mais les primes ont été ajustées.

Scission en deux entités

Le fait d’être une mutuelle comporte aussi des inconvénients. Lorsqu’elle souhaite réaliser des acquisitions ou des investissements importants, la compagnie doit puiser dans ses capitaux propres, au risque de nuire à son ratio de solvabilité, actuellement à 203 %.

Pour pallier cette difficulté, la mutuelle a opté pour un changement de son statut juridique.

À la suite de l’adoption du projet de loi 212, La Survivance, compagnie mutuelle d’assurance vie, a été scindée en deux entités distinctes : La Survivance, mutuelle de gestion, et La Survivance compagnie d’assurance (société à capital-actions), propriété à 100 % de la mutuelle de gestion.

«Nous pouvons émettre du capital-actions jusqu’à hauteur de 49 % de sa valeur, au maximum. À notre demande, une caractéristique a été ajoutée dans la loi : les mutualistes doivent toujours demeurer les actionnaires majoritaires de la compagnie d’assurance», dit Richard Gagnon.

Elle a ensuite pu conclure un partenariat avec le Fonds de solidarité FTQ qui a conduit à une émission de 10 M$ en débentures.

Tournée vers l’avenir

Par ailleurs, Humania Assurance a acquis une partie du bloc d’affaires en invalidité de Transamerica Vie. Plus de 3 000 contrats d’assurance invalidité individuelle pour un volume de primes annuelles de l’ordre de 3,5 M$ ont donc changé de propriétaire.

Au cours des trois à cinq prochaines années, la mutuelle veut partir à la conquête du marché hors Québec, élargir son réseau de distribution, nouer des partenariats liés à ses spécialités, croître en matière d’assurance individuelle, collective et de voyage.

D’ailleurs, La Survivance voyage, sa filiale d’assurance voyage, fait déjà 35 % de ses affaires hors Québec.