La firme de Jean-Guy Desjardins, président du conseil, chef de la direction et chef des placements, a le vent en poupe.
En février, elle annonçait une augmentation des dividendes qui pourrait se poursuivre. Le mois dernier, elle déclarait un bénéfice net ajusté de 7,4 M$ au premier trimestre. De quoi valoriser l’action !
Les récentes acquisitions de Fiera Capital ont également joué un rôle dans l’engouement des analystes. L’année 2012 a été remarquable.
L’an dernier, la firme a intégré Roycom une firme de gestion de placement immobilier de Halifax ; Canadian Wealth Management, de Calgary ; les portefeuilles d’UBS, qui compte de nombreux clients américains ; et surtout, Natcan.
Pour cette dernière, les négociations ont duré deux ans.
Elles ont permis à Fiera Capital de conserver ses partenaires et néanmoins concurrents, le Mouvement Desjardins et la Banque Nationale. Un travail de longue haleine pour Sylvain Brosseau.
Plus récemment, la société a acquis certains actifs de GMP Investment Management qu’elle a ajoutés à sa gamme de nouveaux produits alternatifs.
Place forte nord-américaine
Il y a dix ans, lors de sa création, Fiera Capital ambitionnait de devenir le leader en gestion de portefeuille au Canada.
Grâce à son développement, l’entreprise voit plus grand.
Désormais, Fiera Capital aspire à être un leader en Amérique du Nord.
Toutefois, «le but n’est pas de répliquer ce que nous avons au Canada, mais de partir des assises canadiennes pour bâtir la place forte nord-américaine», martèle Sylvain Brosseau.
Pour réaliser ce nouveau rêve, l’entreprise a renforcé son expertise au fur et à mesure, de manière stratégique.
«Nous voulions être reconnus comme des experts de la gestion traditionnelle. Cependant, si nous voulons nous démarquer au cours des dix prochaines années, nous devons aussi être innovateurs en matière de placement», précise Sylvain Brosseau.
Jean-Guy Desjardins et Sylvain Brosseau souhaitaient donc créer une firme qui perdure.
Les fondations de l’entreprise reposent sur un modèle diversifié sur le plan des types de produits, des services offerts et des marchés dans lesquels Fiera Capital est présente (marchés institutionnels, de la gestion privée et du détail).
«Notre structure compte des experts en ressources humaines, en finance, en conformité, etc. Nous voulions une plateforme opérationnelle qui nous permettrait de croître dans le futur.»
Fiera Capital dispose ainsi d’une vingtaine d’équipes d’investissement indépendantes, qui gèrent chacune de deux à quatre mandats spécifiques. Quatre équipes sont responsables de la distribution et s’occupent du marché institutionnel, de la gestion privée ou du marché de détail.
Tout au long de la croissance de Fiera Capital, les dirigeants ont tenté de garder l’esprit entrepreneurial qui les anime et de le transmettre à leurs équipes. C’est d’ailleurs le premier moteur de l’entreprise.
Valeurs communes
Le partage de valeurs est primordial dans la firme, tout comme la responsabilisation, le respect, le souci du client et l’esprit d’équipe.
L’esprit d’équipe est crucial pour Sylvain Brosseau, cet ancien hockeyeur que rien ne destinait à travailler en finance.
Pendant quatre ans, il joue au hockey à l’Université du Vermont. Il n’est pas repêché.
«C’est un sport qui m’a apporté beaucoup sur le plan professionnel : gagner en équipe, perdre en équipe… Ce n’est pas parce qu’on a les meilleurs joueurs que c’est suffisant, il faut une vraie chimie pour que ça fonctionne.»
Après un cours en science informatique, il décide d’étudier cette matière.
De retour à Montréal, il termine ses études à l’Université McGill.
Après plusieurs emplois en technologies de l’information, il intègre Fonds mutuels Talvest en 1992 à titre de responsable du service des technologies de l’information.
Il participe à la création du réseau informatique FundSERV.
En 1995, il rencontre Jean-Guy Desjardins. Un véritable tournant.
«De 1995 à 1997, je suis passé des TI aux opérations, au service à la clientèle, au marketing, au développement de produits, aux ventes… C’est Jean-Guy qui m’entraînait dans toutes sortes de projets et j’adorais ça. Je commençais aussi à mieux comprendre l’ensemble de l’organisation. Après un an et demi, j’ai hérité du poste de vice-président en Marketing et opérations chez Talvest, que j’ai occupé pendant trois ans.»
Entre les deux hommes, une véritable chimie s’opère : mêmes valeurs, complémentarité…
Lorsque Jean-Guy Desjardins quitte l’entreprise après son acquisition par CIBC, Sylvain Brosseau reste.
Cependant, quand son mentor l’appelle pour se lancer dans l’aventure de Fiera et pour devenir partenaire, il accepte tout de suite.
S’entourer des meilleurs
«Nous sommes dans une entreprise où tout l’actif repose sur l’être humain. Notre capacité à motiver ces gens, à les écouter, à les encadrer, à faire en sorte d’aller chercher leur maximum est la seule manière de réussir.
«Je suis extrêmement fier des personnes qui travaillent chez Fiera Capital. Nous sommes un groupe qui a su conserver son dynamisme avec sa croissance. Il y a beaucoup de leadership, soit des leaders accomplis ou en devenir.»
En dix ans, le personnel est passé de 40 personnes à 300. «Je pense que le plus important à la base, c’est la réussite. Les gens veulent y être associés. Lorsqu’ils pensent à Fiera, au-delà de la réussite, ils pensent à la croissance, et donc au développement professionnel.»
Forte d’un actif sous gestion de 64,5 G$, Fiera Capital ne compte pas s’arrêter là.
Elle espère, notamment, se doter d’une expertise dans la gestion des marchés émergents et dans les produits alternatifs.
La société compte une douzaine de stratégies alternatives.
Cela comprend Fiera Axium, Fiera Immobilier, mais aussi des fonds de couverture.
Aux États-Unis, Fiera Capital souhaite augmenter son offre de produits.
Elle travaille également à plusieurs projets d’acquisition au sud de la frontière, qui pourraient concerner la gestion privée.
Elle dispose depuis un an et demi d’un bureau à New York.
«Je crois qu’avant l’automne, nous aurons nos premiers clients aux États-Unis de manière totalement interne. Je pense que nous allons décrocher des contrats grâce à notre fonds d’infrastructure nord-américain. Ce sont les deux axes sur lesquels nous pouvons travailler pour aller chercher de nouveaux mandats.»
Pour l’heure, la firme compte célébrer ses dix ans d’existence avec ses équipes, notamment lors d’un grand rassemblement qui aura lieu en décembre.