Standard Life songe au 900, De Maisonneuve Ouest
Le nerf de la guerre, c’est d’attirer le locataire principal, capable de faire démarrer un chantier en louant une grande partie des locaux disponibles dans un gratte-ciel flambant neuf.
À cet égard, Montréal ne compte pour l’instant qu’un seul gros candidat : Standard Life. Selon nos informations, l’assureur négocie de façon «très sérieuse» avec Ivanhoé Cambridge pour déménager son siège social dans son projet du 900, De Maisonneuve Ouest. «Ils veulent avoir leur nom sur l’immeuble, dit un courtier qui veut rester anonyme pour ne pas nuire à ses relations. Ils n’iront pas dans la tour Deloitte parce que Cadillac Fairview l’a déjà nommée.»
Selon nos sources, Standard Life cherche 250 000 pieds carrés. La société a confié un mandat au courtier Brookfield pour lui trouver cet espace, puis mettre en vente son immeuble du 1245, rue Sherbrooke Ouest.
Au siège social de l’assureur, le service des relations publiques est moins explicite. «Standard Life évalue les différentes options pour moderniser ses bureaux. Nous considérons le déménagement tout autant que le réaménagement des édifices que nous occupons présentement. Toutes les options sont sur la table et aucune décision n’a encore été prise et n’est imminente», écrit la porte-parole Ann-Marie Gagné.
Chez Ivanhoé Cambridge, la direction s’abstient de commenter directement les pourparlers avec l’assureur. «Nos discussions avec des locataires potentiels vont bon train», souligne cependant Claude Sirois, cochef de l’exploitation pour le Québec au sein de la filiale immobilière de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Visa Desjardins tâte aussi le marché pour 250 000 pi2. Mais la division de la coopérative n’est pas un siège social, et n’a donc pas besoin d’un immeuble de première qualité pour loger ses services administratifs. «Le but est de connaître les options qui s’offrent à nous pour héberger nos 1 600 employés, explique le porte-parole Richard Lacasse. Nous cherchons des bureaux standards, facilement accessibles en transport en commun.» Avenue Viger Ouest, le bail de Visa Desjardins arrive à échéance dans trois ans et demi.
En outre, le projet d’emménagement de Rio Tinto Alcan à la Place de la Cité internationale de Westcliff, au square Victoria, traîne en longueur. «On a plusieurs options, et on continue de les évaluer», dit Bryan Tucker, porte-parole de Rio Tinto Alcan à Montréal. Le siège social de la division aluminium pourrait demeurer dans l’immeuble du 1188, rue Sherbrooke Ouest. Mais l’entreprise continue de se concentrer sur «l’option de déménager dans un nouvel immeuble au centre-ville», dit M. Tucker. Si elle déménage, Alcan aurait besoin de plus de 200 000 pi2.
Liée par des accords de confidentialité, Westcliff n’a jamais voulu confirmer qu’elle discutait avec Alcan. Mais le responsable de la Place de la Cité internationale, François Lapierre, précise que son groupe a totalement refait les plans des deux tours envisagées pour son «locataire potentiel», avec qui il discute depuis 2011. «Nous ne sommes pas prêts à dévoiler les plans publiquement», dit-il.
D’autres acteurs sondent le marché pour de vastes superficies, bien que moins importantes. La Banque TD vise 100 000 pi2, tout comme le cabinet d’avocats Stikeman Elliott. Mais ces espaces ne sont pas suffisants pour lancer la construction d’une des tours qui sont sur les tables à dessin.
Cadillac Fairview gagne le gros lot
Depuis des années, Cadillac Fairview est la seule à avoir trouvé le Saint-Graal des promoteurs de bureaux : le gros locataire. La filiale immobilière du Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (Teacher’s) a fait un pied de nez à sa rivale Ivanhoé Cambridge en convainquant Deloitte de déménager de la Place Ville-Marie. Le cabinet de comptables s’installera à l’été 2015 dans sa nouvelle tour en construction dans l’îlot Windsor. Elle y occupera 160 000 des 514 000 pi2.
Ce gros locataire attrapé, il en reste peu pour les autres promoteurs à Montréal. Pas assez pour justifier la construction de plus d’une tour au cours de la prochaine année, selon Jean Laurin, président du courtier et consultant immobilier NKF Devencore. «On ne peut pas partir d’un marché où il ne se passe rien à une situation où il y a quatre immeubles en construction en même temps», dit-il.
Qu’à cela ne tienne. Au Fonds immobilier de solidarité FTQ, le pdg Normand Bélanger reste optimiste pour son projet de tours du Quartier des spectacles réalisé en collaboration avec le constructeur Canderel, sur la rue Sainte-Catherine, entre les rues Jeanne-Mance et Bleury. «On avance avec quelques joueurs de façon intéressante et j’ai confiance de pouvoir dévoiler le projet convenablement d’ici la fin de l’année.»
Série 2 de 4
Cette série braque les projecteurs sur les principaux défis du secteur de l’immobilier dans la métropole.
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