Cette période prolongée de bas taux amène les Canadiens à « craindre, et avec raison, de ne pas pouvoir vivre de leur épargne », estime M. Poloz. Les personnes âgées qui comptaient financer leur retraite grâce aux revenus d’intérêts générés par les économies accumulées pendant leurs années de travail sont particulièrement touchées, constate-t-il. « Elles sont mécontentes parce qu’après avoir épargné toute leur vie, elles tirent aujourd’hui un très faible revenu de leurs économies ».

Devant ce constat, les épargnants n’ont d’autres choix que de faire des ajustements. « Cela peut vouloir dire de mettre plus d’argent de côté, de travailler un peu plus longtemps que prévu, de répartir autrement ses placements », précise-t-il.

L’augmentation de l’espérance de vie, d’environ six ans depuis le début des années 1980, complique la situation. « Une espérance de vie plus longue, conjuguée à de bas taux d’intérêt, implique qu’une personne commençant à épargner aujourd’hui devra amasser beaucoup plus d’argent pour générer le même revenu de retraite qu’une personne qui a commencé à épargner il y a 25 ans, si les deux veulent prendre leur retraite au même âge », indique M. Poloz.

Les taux d’intérêt extrêmement bas ont toutefois profité à certains épargnants, ajoute-t-il. Ainsi, la valeur de la plupart des actifs croît quand les taux d’intérêt diminuent, ce qui favorise l’augmentation de la richesse des ménages. « La faiblesse des taux d’intérêt se traduit généralement par une hausse du prix des actions et des obligations, et de la valeur des biens immobiliers », souligne-t-il. Or, ces biens ont constitué une autre source importante de richesse pour beaucoup d’épargnants, surtout les personnes âgées.