Endettement : mythes et réalités

L’exemple classique est le suivant : un client ne devrait pas consacrer plus de 30 % de son salaire à son logement, que ce soit pour son loyer ou son hypothèque. C’est le ratio souvent utilisé par les institutions financières pour calculer combien elles peuvent prêter à un client. Or, beaucoup d’autres facteurs doivent être pris en compte.

« Le ratio d’endettement c’est une formule, mais le problème c’est qu’il part du revenu du client, souligne Eric Lebel, associé, conseiller en redressement financier et syndic de faillite chez Raymond Chabot Grant Thornton. Il ne tient pas compte du nombre d’enfants ou des besoins du ménage. C’est un ratio mathématique qui n’est pas basé sur les particularités de la famille. »

Toutefois, certains signes révèlent clairement qu’un client a un problème d’endettement, ajoute-t-il : « Si le client dit que ses créanciers l’appellent le soir, s’il prend une deuxième carte de crédit pour payer la première, s’il fait un chèque sans fonds ou s’il doit réduire ses dépenses à l’épicerie pour payer ses dettes, il y a alors des raisons de s’inquiéter. »

Il est préférable d’examiner les différents postes de dépenses à travers la mise en place d’un budget. Selon les besoins et les habitudes de vie d’un client, les portions allouées à une chose ou une autre peuvent varier de beaucoup, indique Daniel Laverdière, directeur principal, Planification financière et conseil, à la Financière Banque Nationale.

« Il se peut qu’un client mette 50 % de ses revenus dans son logement parce que c’est quelque chose d’important pour lui alors qu’il ne voyagera pratiquement pas. Si toutes les dépenses sont équilibrées et que le client est heureux alors tout va bien, et ce, peu importe le pourcentage des revenus alloué à chaque chose », souligne-t-il.

Qui s’endette comment?

Le visage de l’endettement est très diversifié et il faut donc surveiller différents types de menaces selon que l’on se trouve devant un jeune client ou un client plus âgé. Les jeunes clients auront majoritairement des dettes de consommation liées aux cartes de crédit alors que les clientsplus âgés se seront davantage endettés à travers des hypothèques ou des marges de crédit hypothécaires.

« Bien que je reçoive toute sorte de gens dans mon bureau, la partie la plus importante de notre clientèle a de 35 à 50 ans parce que c’est dans cette tranche d’âge que les gens ont le plus d’obligations financières », note Éric Lebel.

Bien que les plus jeunes clients soient plus vulnérables aux dettes de carte de crédit en raison de leur inexpérience et de leur style de vie, il ne faut pas croire que leurs aînés sont moins susceptibles de développer leur propre genre de problème d’endettement.

« Les clients plus âgés font partie d’une génération qui n’aime pas parler de son salaire ou de ses revenus en public, souligne Jean-Sébastien Gilbert, conseiller en sécurité financière, courtier hypothécaire agréé et président de Gilbert et associés à Val d’Or. Lorsqu’on mène un examen de l’endettement de ces clients, on tombe donc parfois sur des erreurs importantes comme des taux hypothécaires trop élevés par rapport aux taux du jour. Ce sont des « erreurs de cheveux gris ». »

Il est également important d’expliquer aux clients quel outil de crédit utiliser pour quel type de dépense. Normalement, la durée de consommation du bien acheté devrait être proportionnelle à la période durant laquelle on fera des paiements, conseille Eric Lebel : « Pour un bien durable que je devrai payer durant plusieurs années, comme une voiture, je vais utiliser un prêt personnel payable sur plusieurs années ou un financement automobile sur cinq ans et non pas une carte de crédit. »

Quant aux jeunes clients qui souhaitent soigner leur cote de crédit, multiplier les cartes de crédit ne servira pas à grand-chose, explique Éric Lebel : « Ce qui bâti un crédit, c’est d’avoir des prêts sur lesquels on rembourse du capital et des intérêts comme un prêt personnel ou un prêt auto. Les cartes de crédit aident, mais ce n’est pas ce qui compte le plus. »

Photo Bloomberg