« Nous ne pouvons pas indéfiniment compter sur l’augmentation des emprunts des ménages canadiens par rapport à leurs revenus pour alimenter l’expansion économique, a-t-il prévenu. Et la part de l’investissement résidentiel dans le PIB ne peut pas non plus continuer de frôler un sommet, surtout compte tenu des signes de surconstruction et de surévaluation observés dans certains segments du marché immobilier. »
Les entreprises devront inévitablement venir en renfort tandis que les ménages et les gouvernements tenteront de réduire leur endettement. «C’est pourquoi le défi pour le Canada consiste à déplacer les sources de la croissance vers les exportations nettes et les investissements des entreprises », a ajouté le banquier central.
S’il a vanté la performance du Canada par rapport aux autres économies développées, M. Carney reconnaît que de nombreux défis se trouvent sur la voie de la prospérité. Il estime que les exportations canadiennes sont insuffisantes de 130 G$.
« La performance des exportations est la pire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, constate-t-il lors d’un point de presse en marge de son allocution. C’est un grand écart par rapport au niveau où nous devrions être si on avait assisté à une reprise normale. »
Le plaidoyer en faveur des exportations survient quelques jours avant la passation des pouvoirs à un spécialiste de la question. C’est Stephen Poloz, l’ancien pdg d’Exportation et développement Canada (EDC), qui prendra le relais à partir du 3 juin. M. Carney, pour sa part, traverse l’Atlantique pour diriger la politique monétaire de la Banque d’Angleterre.
La Banque du Canada dévoilera sa décision au sujet de la politique monétaire le 29 mai – la dernière sous la gouverne de Mark Carney. La majorité des économistes prévoient un resserrement de la politique monétaire avant 2014. Dans tous les cas, il y a très peu de chance qu’on assiste à un changement avant l’arrivée de M. Poloz.
Le discours du banquier « rock star » a attiré 475 personnes à la tribune de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Le président de l’organisation, Michel Leblanc, s’est d’ailleurs félicité que le dernier discours de M. Carney soit prononcé à Montréal. « C’est un grand message sur l’importance du Montréal financier », a-t-il dit en présentant le conférencier reconnu à travers la planète financière.
Rappelons que M. Carney est arrivé en poste en 2008 en pleine crise financière internationale. « Le travail était très intense pour une très longue période, raconte-t-il. Il y avait beaucoup d’inquiétudes et beaucoup d’efforts ont dû être déployés pour développer une stratégie. »