«J’étudie des graphiques boursiers depuis 50 ans, et je n’ai jamais vu rien de tel», disait hier matin Ralph Acampora, directeur de l’analyse technique chez Altaira Capital Partners, en entrevue à CNBC.
Ce qui impressionne surtout l’analyste, c’est que l’atteinte récente de nouveaux sommets par les indices S&P 500 et Dow Jones s’est produit alors que le marché montrait «beaucoup de souffle». Par là, M. Acampora veut dire que les titres de petites et moyennes capitalisations participent également à ce mouvement haussier. Le marché. haussier (bull market) n’est donc pas seulement le fait des grandes sociétés qui composent ces indices. «La majorité de ces titres sont plus forts que les titres vedettes (blue chips) qui font partie des indices. Je ne pense pas avoir déjà vu ça à ce stade-ci d’un marché haussier», dit-il.
Ralph Acampora note également l’absence de volatilité au cours des deux derniers mois. L’indice S&P 500 n’a pas connu de variation de plus de 1% durant une séance dans l’une ou l’autre direction depuis 2 mois, observe-t-il. «Cela me dit que le prochain mouvement sera plutôt dramatique dans un sens ou dans l’autre», dit-il. «Pour ma part, je crois que ce sera à la hausse», ajoute-t-il.
Par ailleurs, de plus en plus d’observateurs des marchés boursiers semblent opter pour le camp des pessimistes. En fin de semaine dernière, le quotidien The Globe and Mail titrait «Market correction forecasts mount», note Ron Meisels, président de Phases & Cycles, spécialiste de l’analyse technique. Mais il s’empresse de rappeler le principe qui veut que lorsque la chose est si évidente, c’est qu’elle est évidemment fausse.
Lui-même prévoyait, encore récemment, une correction significative des marchés durant les mois de septembre et octobre alors que les effets saisonniers sont le plus négatifs. Mais cette convergence des opinions l’incite à plus de retenue. Il croit maintenant qu’une correction aura bien lieu, mais elle ne sera que d’environ 5%.
Ensuite, les «bears», ou les observateurs des marchés boursiers pessimistes, seront rapidement désappointés car les marchés amorceront une reprise importante. «Une période de plus forte volatilité et de risque de correction s’approche rapidement de nous. Mais en bout de ligne, les principaux grands indices boursiers seront plus hauts à la fin de l’année qu’ils ne le sont maintenant», dit-il.
Selon lui, le risque à la baisse pour le S&P 500 se limite à un plancher de 2 100 points. Par ailleurs, l’environnement boursier deviendra extrêmement constructif dès que l’indice percera le niveau de 2 200 points.
Quant au marché canadien, l’indice S&P/TSX évolue à l’intérieur d’un solide corridor ascendant depuis plusieurs mois, et il est prêt maintenant à percer le niveau des 15 000 points, et se diriger vers de nouveaux sommets, selon Ron Meisels.
Aux propos optimistes des analystes techniques s’ajoutent ceux de Brian Moynihan, président de Bank of America. La Bourse américaine continue de monter car il n’y a pas d’autres endroits offrant de bons rendements, compte tenu des taux d’intérêt si bas, parfois même négatifs. «Où l’argent peut-il aller ailleurs que dans les actions alors que le rendement des dividendes est plus élevé que celui des obligations gouvernementales», demande-t-il.
Quant aux investisseurs individuels, l’incertitude quant aux perspectives boursières persiste. La dernière enquête hebdomadaire de l’American Association of Individual Investors révèle que 41,8% des répondants sont neutres quant aux perspectives pour les prochains six mois comparativement à une moyenne historique de 31%. Seulement 29,7% se disent positifs, alors qu’en moyenne ils sont généralement 38,5%.