Les filles, en revanche, s’assoient face à face et se regardent droit dans les yeux.
«C’est une subtilité innée, dit Françoise E. Lyon, première vice-présidente chez Gestion privée de placement Pembroke, qui permet de comprendre que le langage corporel est souvent mal utilisé. On voit souvent des conseillers financiers s’asseoir à côté de leurs clientes, alors qu’elles préféreraient qu’on les regarde droit dans les yeux.»
Un peu d’humilité
Les femmes font preuve de plus d’humilité quant à leur capacité financière. En 2005, les Canadiennes (68 %) étaient en effet plus susceptibles que les Canadiens (52 %) d’admettre qu’elles avaient de faibles connaissances en placement, selon un sondage de Placements Mackenzie.
L’étude de Prudential intitulée «Financial Experience & Behaviors Among Women», réalisée en 2012-2013, a également montré que les femmes qui ne participent pas aux décisions financières disent le plus souvent que c’est par manque de connaissances.
Les hommes qui ne prennent pas part à ces décisions, eux, diront dans une plus forte proportion qu’ils sont trop occupés à d’autres obligations.
«Cette reconnaissance de leurs limites par les femmes signifie qu’elles sont plus ouvertes à l’éducation financière», pense Hélène Gagné, gestionnaire de portefeuille, chez PWL Capital.
«Cela pousse aussi les femmes à poser plus de questions, ajoute Hélène Paradis, conseillère en placement chez Conseils de placement privés TD Waterhouse. Elles veulent comprendre tous les aspects avant de prendre une décision. Automatiquement, le processus décisionnel est plus lent et demande plus de suivi.»
Donner la priorité à la famille
Les dépenses du ménage et le bien-être de leurs proches, tels les enfants, les petits-enfants, les parents et les beaux-parents, sont davantage au centre des préoccupations des femmes.
Au Québec, les femmes se disent en outre plus engagées que les hommes dans la gestion du budget et des dépenses du ménage (46 %, par rapport à 29 % pour le reste du Canada), révèle un sondage de la Banque TD mené en 2012.
Les femmes sont par ailleurs soucieuses de ne pas devenir un fardeau financier pour leurs proches et d’être en mesure de leur transmettre un héritage, révèle l’étude de Prudential.
«Cette question est d’autant plus importante que la probabilité qu’elles se retrouvent seules un jour est plus importante, du fait notamment d’un taux de divorce des 50 à 60 ans à la hausse et d’une longévité accrue, remarque Hélène Gagné. Comme elles devront alors vivre avec un seul revenu, elles veulent s’assurer de pouvoir malgré tout protéger la famille.»
Réfractaires au risque
Les femmes sont plus conservatrices que les hommes en matière de placement.
La moitié des Québécoises (50 %) affirment qu’elles ont une très faible tolérance au risque et qu’elles ne veulent en prendre aucun avec leur argent, selon un sondage de la Banque TD.
En fait, elles sont les plus réfractaires au risque de toutes les Canadiennes, et seulement 49 % d’entre elles se disent disposées à prendre un risque calculé pour obtenir un meilleur rendement, par rapport à 62 % des femmes à l’échelle nationale.
L’étude de Prudential, pour sa part, révèle que 70 % des femmes se considèrent davantage comme des épargnantes que comme des investisseurs, et qu’elles ont une préférence pour les produits garantis.
L’inverse est vrai pour les hommes, qui sont prêts à prendre des risques pour obtenir un gain supérieur (70 %). En fait, ils disent prendre plaisir à investir…
«Par conséquent, si le conseiller qui rencontre une cliente pour la première fois lui parle des rendements boursiers passés et des rendements futurs espérés pendant les cinq premières minutes de la rencontre, il ne la touche pas du tout», remarque Françoise E. Lyon.