C’est ce que révèle le sondage mensuel de 211 gestionnaires mondiaux réalisé du 5 au 11 août par Bank of America Merrill Lynch.

Ce questionnaire périodique a peu de valeur prévisionnelle puisqu’il reflète surtout l’humeur du moment des pros. À cet égard, il est le miroir du marché.

En revanche, les résultats du sondage donnent un bon portrait du consensus. On peut donc y détecter ce qui pourrait surprendre les pros.

On y apprend que les pros ont réduit l’encaisse en portefeuille du sommet de 15 ans de 5,8% qu’il avait atteint en juillet à 5,4 %, au moins d’août. Ce niveau d’encaisse est le plus faible depuis avril, mais il reste historiquement encore très élevé.

Bank of America Merrill Lynch utilise ce baromètre en tant qu’indicateur contraire. Il faudrait que l’encaisse moyenne tombe sous 5,1% pour que la hausse boursière ne vacille. Il faudrait aussi que l’encaisse tombe sous 3,5% pour que cet indicateur devienne un signal clair de vente.

«Les investisseurs sont moins craintifs qu’avant, mais l’appât du gain n’a pas encore pris le dessus sur le sentiment de peur qui les animent. Les actions devraient donc poursuivre leur hausse jusqu’à ce qu’un éventuel rebond des taux d’intérêt mette fin à la fête», croit Michael Harnett, stratège en chef.

D’ailleurs, une remontée des taux obligataires figure en tête des facteurs de risque cités par les pros, aux côtés d’une désintégration de l’Europe et d’une dévaluation du yuan chinois.

Timide retour aux actions

Rassurés par la résilience récente de l’économie mondiale et par l’approche interventionniste des banques centrales, les pros reviennent un peu plus aux actions mondiales. Ils surpondèrent les actions de 9% comparativement à une sous-pondération de 1%, un mois plus tôt.

Cette répartition dans les actions est encore nettement inférieure à la moyenne à long terme.

Régionalement, la répartition moyenne dans les actions américaines est la plus élevée depuis janvier 2015. Leur place en portefeuille est de 11% supérieur à une répartition neutre.

Leur préférence pour les payeurs de dividendes, les sociétés établies de grande qualité et les titres à grande capitalisation trahissent leur prudence.

Ce sont aussi des titres qui profitent de la baisse des taux.

Les secteurs de la technologie et pharmaceutiques restent les préférés.

Double rôle des marchés émergents

Les gestionnaires mondiaux ajoutent néanmoins une touche «cyclique» à leur portefeuille.

Les pros font aussi plus de place aux actions des marchés émergents.

Ces marchés sont 23% moins chèrement évalués en fonction des bénéfices prévus que les marchés développés.

De plus, ces marchés bénéficient davantage des faibles taux d’intérêt, de la récente stabilité du dollar américain et du rebond des cours des matières premières.

En moyenne, la répartition dans les marchés émergents dépasse de 13% celle d’un portefeuille neutre, soit la plus forte proportion depuis septembre 2014.

En revanche, quelque 46 jours après le vote britannique en faveur d’une sortie de la zone euro, les investisseurs boudent encore les actions européennes et britanniques.

La popularité de l’investissement immobilier ne dérougit pas. La répartition moyenne des pros dépasse de 9% ce qu’elle devrait être.

Les pros y voient un placement bien tangible dont la valeur et les revenus réguliers (loyers) profitent le plus du recul des coûts d’emprunt et de l’injection massive de liquidités par les banques centrales.

Comme il a l’habitude de le faire, le stratège de Bank of America Merrill Lynch conclut en titillant la fibre à contre-courant de ses clients.

«Les investisseurs qui aiment ramer en sens contraire devraient préférer les actions à l’encaisse ainsi que les banques européennes aux fonds de placement immobiliers américains ».

Outre les fonds de placement immobilier à capital fermé (FPI), les autres placements très populaires sont les obligations de sociétés et l’or.