La deuxième banque du pays a annoncé mercredi que Bharat Masrani, 56 ans, succédera à M. Clark à partir de novembre 2014. D’ici là, celui qui dirigeait les activités de la Banque TD aux États-Unis occupera la fonction de chef d’exploitation au cours d’une transition qui durera un an et demi. Les deux dirigeants nous ont accordé une entrevue téléphonique après l’assemblée annuelle tenue jeudi.

«Nos activités de prêts résidentiels ont crû 40% plus vite que celles de la concurrence au cours des 10 dernières années, rappelle M. Clark. Désormais, nous ne pourrons pas croître très vite dans un marché qui progresse lentement, même si nous connaissions une croissance plus forte que la concurrence. »

La direction vise une croissance annuelle du bénéfice par action de 7% à 10% à moyen terme. Ce sera plus modeste que la croissance annuelle de 13% durant les dix années qu’a passées M. Clark à la tête de l’institution financière. M. Masrani devra « se débattre » pour obtenir un rendement plus modeste, prévoit celui qui a été haut fonctionnaire du gouvernement libéral de Pierre Elliot Trudeau avant de faire le saut à Bay Street.

« Nous ne pouvons plus compter uniquement sur la croissance facile du marché, prévient M. Clark. Le défi sera d’aller chercher des gains ailleurs. »

États-Unis

C’est pour cette raison que la banque a fait passer sa stratégie par les États-Unis. Elle est très présente dans la ville de New York, notamment. Elle compte désormais plus de succursales au sud de la frontière (1315 aux États-Unis, contre 1168 au Canada).

« Nous savions que la forte croissance de l’économie canadienne ne pouvait pas durer éternellement, explique M. Clark. Nous avons choisi d’utiliser le fort rendement que nous obtenions pour investir aux États-Unis. La majorité des économistes s’entendent pour dire que l’économie américaine fera mieux que l’économie canadienne, ajoute-t-il. Nous serons bien placés pour en profiter.»

La Banque croit qu’il reste encore de la place pour croître au Canada dans « d’autres véhicules » que le service aux particuliers. La TD mise ainsi sur les services aux entreprises, la gestion de patrimoine, les activités d’assurance et les cartes de crédit.

Québec

Outre les États-Unis, le Québec est le deuxième territoire où l’on cherche à prendre de l’expansion. L’arrivée d’un nouveau dirigeant ne changera pas cette stratégie, assure le principal intéressé. « Nous voulons faire croître notre activité aussi rapidement que possible », répond Bharat Masrani.

La TD veut devenir la troisième banque en importance au Québec d’ici 2015. C’est la place qu’occupe actuellement la Banque RBC, derrière le Mouvement Desjardins et la Banque Nationale. « Ça dépendra de ce que les concurrents feront, tempère M. Clark. Nous n’avons pas l’impression que les autres banques accordent beaucoup d’attention à ce marché. »

La RBC qui occupe la place convoitée ne partage pas cet avis. Dans une entrevue éditoriale au journal Les Affaires à la fin mars, Martin Thibodeau, le dirigeant de la direction québécoise de la Royale, a reconnu que la concurrence était plus forte au Québec que dans les autres régions. Il a dévoilé les grands pans de sa stratégie qui mise sur ses services aux petites entreprises, ses alliances avec les détaillants Pharmaprix et Target, une équipe de 300 conseillers mobiles, et un nouveau concept de succursale.