Coûteuse baisse de rendement
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D’ici 20 ans, peut-on lire dans ce rapport intitulé «Diminishing returns: why investors may need to lower their expectations», les rendements pourraient être en moyenne de 2,5 points de pourcentage plus faibles que la moyenne des trente dernières années.

Les années 1985-2014 ont représenté l’âge d’or du rendement de l’investissement, selon McKinsey. Le taux d’inflation a baissé sous la barre du 2 % et les taux d’intérêt ont fondu, propulsant ainsi le rendement des obligations.

Or, la tendance se renverse. «Les rendements élevés des 30 dernières années découlaient de la baisse du taux de l’inflation et des taux d’intérêt réels, d’une part, et de la forte croissance du PIB et des bénéfices des sociétés, d’autre part. Or, ces facteurs sont pour l’essentiel en stagnation, et susceptibles de s’inverser au cours des deux prochaines décennies, a souligné Sree Ramaswamy, Senior Fellow au McKinsey Global Institute. Cela pourrait annoncer un rendement des actions plus faible au cours des 20 prochaines années par rapport à la moyenne à long terme.»

Selon les calculs de McKinsey, le rendement des actions américaines pourrait varier de 4 à 6,5 %, au-dessous de la moyenne de 7,9 % des 30 dernières années. Quant aux obligations, elles pourraient rapporter entre 0 et 2 %, plutôt que les 5 % enregistrés entre 1985 et 2014.

Le conseil y gagne

Au cours des 20 prochaines années, un investissement de 100 $ dans un portefeuille combiné (60 % d’actions et 40 % d’obligations) rapportera en moyenne de 210 $ à 250 $, alors qu’il en rapportait 370 $ dans les années 1980-1990.

Ces chiffres peuvent changer bien des choses dans la planification de la retraite ! L’étude de McKinsey illustre l’effet d’une différence de deux points de pourcentage dans le rendement moyen à long terme pour un jeune qui a 30 ans aujourd’hui. Celui-ci devra compenser cette perte de rendement en travaillant sept ans de plus et en doublant presque le pourcentage de son salaire accordé à l’épargne-retraite afin de maintenir son niveau de revenu à la retraite.

Si les rendements devaient être encore plus bas, soit de 3,5 % par exemple, la même personne devrait travailler neuf ans de plus tout en doublant ses épargnes, voire plus.

Voilà qui est peut-être une mauvaise nouvelle pour les épargnants, mais qui est plutôt de bon augure pour les conseillers, car dans ce contexte, les besoins en conseil de placement et en éducation financière seront importants.

«Nous avons considérablement déplacé le poids du risque associé aux régimes de retraite, qui se trouve maintenant dans une large mesure sur les épaules des retraités. Or, tout le monde n’est pas équipé pour cela», a souligné Bernard Morency, conseiller spécial, Caisse de dépôt et placement du Québec, qui animait la séance intitulée Les faibles taux de rendement : comment assurer la pérennité et l’efficacité des systèmes de retraite ?

Les épargnants ne peuvent pas porter tout le risque, ont convenu également les experts présents à ce forum. C’est pourquoi il faut mener de pair une réforme des régimes de retraite publics, a rappelé Henri-Paul Rousseau, vice-président du conseil de Power Corporation du Canada.

«Nous nous trouvons face à une situation où, dans de nombreux pays, la population active est en baisse et la croissance du PIB, en ralentissement. En conséquence, ces pays devront faire un compromis entre la pérennité et l’efficacité de leurs régimes de retraite», a-t-il dit.

Croissance sous-estimée ?

Partout dans le monde, de plus en plus, on transforme les régimes à prestations déterminées en régimes à cotisation déterminée. Même les Pays-Bas, dont le système de retraite est reconnu comme l’un des plus performants des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), sont en train de revoir son fonctionnement pour assurer sa viabilité à long terme.

Selon Dirk Broeders, conseiller principal en stratégie, Division des politiques de surveillance à la De Nederlandsche Bank, le prix d’une rente a presque doublé en 30 ans en raison des baisses de rendement et de la hausse de l’espérance de vie.

«Nous ne devrions pas débattre en fonction d’une opposition entre régimes à prestations déterminées et régimes à cotisation déterminée, a-t-il dit. Nous devrions réfléchir à la manière d’optimiser les différentes fonctions qu’un régime de retraite devrait avoir pour les participants. La conception de régimes de retraite durables nécessite une approche fonctionnelle.»

Un des participants, Leo de Bever, conseiller principal de Bennet Jones, voit l’avenir d’un oeil plus optimiste. Selon lui, les taux de croissance économique sont sous-estimés d’au moins un demi-point de pourcentage par année, parce qu’ils ne tiennent pas compte des changements technologiques et du fait que ces nouvelles technologies, notamment dans le domaine de l’énergie, sont plus rentables et plus respectueuses de l’environnement.

«Cet avenir de faible croissance que tout le monde croit inévitable pourrait ne pas se matérialiser. Le rythme du changement s’accélère, et nous pourrions construire un avenir meilleur en adoptant plus rapidement de nouvelles infrastructures technologiques et sociales, a-t-il dit. Ce qui nuit, c’est la résistance à investir dans ces nouvelles technologies.»

300 %

Augmentation prévue de la population âgée de 65 ans et plus d’ici 2050.