Il y a 10 ans, l’Inde occupait le 15e rang des pays les plus riches. À la fin de l’année dernière, elle était passée au 7e rang, selon le Fonds monétaire international (FMI). Son produit intérieur brut (PIB) a crû de 7,5 % en 2015 pour atteindre 2 200 G$ US. Le FMI prévoit qu’il augmentera encore de 7,6 % en 2016, par rapport à 3,2 % pour l’ensemble de l’économie mondiale.
À ce rythme, l’Inde pourrait bien détrôner le Japon au 3e rang des économies les plus importantes d’ici 2026, croit Francis Sabourin.
L’élection du premier ministre Narendra Modi, en 2014, a changé la donne pour ce pays de 1,2 milliard d’habitants. «Son arrivée [au pouvoir] a permis d’alléger la bureaucratie et de réactiver la croissance du pays. L’Inde s’est ouverte aux marchés étrangers afin de développer ses infrastructures et d’attirer des capitaux.»
Aidée par la baisse du prix du pétrole
L’intérêt que les gestionnaires de portefeuille portent à ce pays est cependant fortement lié à la baisse du prix du pétrole, selon Marco Lettieri, vice-président adjoint à Gestion d’actifs CIBC. L’Inde est un pays importateur net d’or noir.
«En raison de la baisse du prix du pétrole, le pouvoir d’achat des Indiens a augmenté et les coûts de production des entreprises ont diminué, ce qui les place en bonne position pour la croissance», dit Marco Lettieri.
L’Inde était confrontée depuis quelques années à des problèmes d’inflation et de déficit de son compte courant, qui se sont tous deux résorbés avec cette chute du prix du baril de pétrole, explique-t-il.
«Les économies que les Indiens font sur le baril de pétrole peuvent aussi être réinvesties dans les soins de santé, les infrastructures et les télécommunications, ce qui les aidera à avoir une croissance économique plus robuste», souligne Francis Sabourin.
L’Inde a aussi apporté des réformes majeures dans l’industrie des services financiers depuis quelques années. «Tous les Indiens doivent maintenant avoir une pièce d’identité et un compte bancaire, ce qui augmente le capital disponible à l’investissement», ajoute le gestionnaire de portefeuille de Richardson GMP.
Privilégier les fonds
Francis Sabourin et Marco Lettieri croient que pour investir en Inde, il faut favoriser pour le moment les fonds communs ou des fonds négociés en Bourse (FNB). Acheter des titres individuels, actions ou obligations, est plus compliqué.
«De façon générale, ce n’est pas aussi facile d’investir en Inde qu’aux États-Unis, notamment en raison de la réglementation. L’Inde a encore beaucoup de progrès à faire sur ce plan. Le règlement des transactions peut être très long», indique Francis Sabourin.
Il suggère un produit comme le Fonds Excel Inde, géré par Birla Sun Life Asset Management. Ce fonds a enregistré un rendement de 14,6 % en 2015. À titre de comparaison, le BSE Sensex – l’indice phare de la Bourse indienne, qui regroupe 30 entreprises bien établies – a connu une baisse de 5 % l’année dernière.
D’autres produits comme le FINB BMO actions indiennes cherche à reproduire le rendement du BNY Mellon India Select DR Index. Ce FNB permet de détenir des actions de grandes sociétés indiennes par l’intermédiaire de certificats représentatifs d’actions étrangères. Il a affiché un rendement de 10,5 % en 2015, par rapport à 11,9 % pour l’indice de référence. Le niveau de risque de ce fonds est toutefois élevé.
Francis Sabourin croit d’ailleurs que dans une répartition d’actif, la pondération en actions d’entreprises indiennes ne devrait pas dépasser de 1 à 5 % du portefeuille de croissance, «toujours selon le profil et l’objectif du client», tient-il à souligner.
Il existe également un fonds privé inscrit à la Bourse de Toronto, le Fairfax India, auquel les investisseurs qualifiés peuvent avoir accès. Fondé par Prem Watsa, le fonds investit dans des sociétés privées et publiques en Inde.
Les secteurs de croissance privilégiés en Inde sont les services financiers, les soins de santé ainsi que les technologies, les télécommunications et Internet. «Par rapport à la Chine, qui oeuvre surtout dans le secteur manufacturier, l’Inde offre des produits à haute valeur ajoutée et à forte teneur technologique», indique Francis Sabourin.
Risques politiques et réglementaires
Le prix du pétrole, qui favorise actuellement l’Inde, pourrait aussi être son talon d’Achille, reconnaissent Francis Sabourin et Marco Lettieri. Si le cours devait remonter à 100 $ le baril comme au printemps 2014, la croissance indienne pourrait en subir les contrecoups.
«Les Indiens ont la possibilité de négocier des contrats d’approvisionnement à long terme. Des projets de centrales thermiques sont aussi en développement au pays pour compenser», précise Francis Sabourin.
Les risques politiques sont aussi bien présents et risquent de ralentir la croissance. «Il n’y aura pas de développement rapide comme celui qu’a connu la Chine, où le gouvernement applique ses politiques plus facilement. L’Inde est une démocratie qui compte différentes forces en présence. Les réformes prennent plus de temps que prévu pour s’implanter», explique Marco Lettieri.
Il recommande aux épargnants de ne pas oublier qu’il s’agit toujours d’une économie en émergence dans laquelle il serait imprudent de placer toutes ses billes.