Il y a maintenant un an, iA Groupe financier a mis sur pied un petit groupe appelé « La Zone », composé d’employés dont les seules activités consistent à mener une veille et « à se creuser la tête » afin de voir quelles pratiques innovantes pourraient être intéressantes à implanter au sein de l’entreprise.
« Les gens de ce groupe n’ont aucune responsabilité reliée aux opérations. Ils bénéficient d’un certain budget et leur temps est entièrement investi à chercher des pratiques originales destinées à permettre, par exemple, de vendre des assurances d’une façon complètement différente », explique Yvon Charest.
L’innovation comme mot clé
Selon lui, l’utilisation des technologies est inévitable et il faut adapter ses pratiques d’affaires en conséquence. C’est pourquoi il lui apparaît important de soutenir les réseaux de distribution à être plus agile avec Internet et les médias sociaux. « C’est là que les consommateurs sont, qu’ils magasinent et qu’ils vont chercher de l’information avant de contacter un conseiller ».
C’est en poursuivant cet objectif que iA Groupe financier a récemment développé un outil d’adhésion électronique REEE à l’intention des conseillers en sécurité financière.
Le Régime enregitré d’épargne-étude (REEE) est un produit qui ne nécessite pas une analyse compliquée des besoins du consommateur, mais qui est relativement important chez iA Groupe financier, qui compte environ 1 G$ en actif dans ce type de produit, estime Yvon Charest.
« Malgré tout, les distributeurs ne prennent pas toujours le temps d’aller rencontrer des clients pour un REEE, car cela représente peut-être pour eux un gros investissement de temps pour le bénéfice qui en résulte, analyse-t-il. Toutefois, le digital nous permet de simplifier tellement ce produit que les représentants peuvent contacter des gens via Internet et les inviter à compléter en quelques minutes les informations requises sur la plateforme. »
Yvon Charest estime aussi qu’il faut amener les réseaux de distribution à permettre que la compagnie et le client effectuent directement entre eux les transactions administratives, de manière à ce que les représentants puissent se concentrer sur les éléments à valeur ajoutée, comme par exemple le conseil.
« Les clients sont habitués à fonctionner 24/7. S’ils ont l’intention d’effectuer un changement d’adresse au milieu de la soirée, ils ne voudront pas attendre jusqu’à 9h30 le lendemain matin afin de parler à un représentant pour le faire, illustre-t-il. Notre objectif consiste donc à simplifier tellement l’administration, qu’un client va pouvoir compléter tout seul ce type d’élément. Ce faisant, nous aidons nos réseaux de distribution à se positionner et à développer leurs relations avec les clients. »
Bien que iA Groupe financier soit actif en sol américain et que les États-Unis soit un pays en avance en ce qui a trait à la technologie, Yvon Charest indique que « sur cette question précise, nos expériences vont d’abord venir du Canada. »
« La décision que nous avons prise concernant les États-Unis, en 2010, a consisté à se spécialiser dans un marché de gens qui sont à plus faible revenu. Il ne s’agit donc pas nécessairement de consommateurs comptant parmi les plus ardents utilisateurs de la techno », précise-t-il en guise de justification.
En matière de réglementation, Yvon Charest constate « tous les signes que l’Autorité des marchés financiers (AMF) essaie d’être à l’avant-garde de ce qui émerge afin d’être capable de répondre le plus rapidement possible aux avancés technologiques ».
Il évoque la mise sur pied récente par l’AMF d’un groupe de travail « dont le but consiste exactement à voir dans quelle mesure la réglementation doit s’adapter au changement technologique ».
Yvon Charest rappelle aussi la publication, en avril 2015, du rapport exposant les résultats de la consultation sur la distribution d’assurance par Internet et les orientations retenues par l’AMF. « Ils ont aussi suggéré au gouvernement la mise à jour des différentes lois applicables. »
Nourrir l’écosystème fintech
Yvon Charest assumera la présidence d’honneur de l’édition 2016 du Forum FinTech Canada, en septembre prochain. Il s’agit d’un événement dont l’objectif consiste à identifier et faciliter le développement d’occasions d’affaires dans l’industrie des services financiers et des technologies de l’information.
Yvon Charest raconte que c’est après que iA Groupe financier eut rejoint Finance Montréal, l’organisateur du Forum FinTech, qu’il s’est intéressé à l’événement. « J’ai vu tout cet écosystème, j’ai réalisé que ça n’était pas dans mon radar et qu’il fallait être présent. »
Il a par la suite accepté d’en être le président d’honneur afin de s’assurer que l’événement fasse une plus grande place au secteur d’assurance.
« Lors des éditions précédentes, l’agenda autant que les participants mettaient beaucoup l’accent sur le secteur bancaire. Étant donné l’impact de la technologie pour les assureurs, je me suis dit que ma contribution pourrait certainement être bénéfique à notre industrie », explique-t-il.
Le fait que le forum FinTech soit conçu de manière à créer un point de rencontre afin de mettre en relation les petites firmes de fintech avec les institutions financières québécoises plait particulièrement à Yvon Charest.
Évoquant le livre Build, Borrow, Or Buy: Solving the Growth Dilemma, écrit par Laurence Capron et Will Mitchell, il rappelle qu’historiquement, les deux écoles de pensées les plus régulièrement observées de la part des institutions financières, lorsqu’elles ne possèdent pas une expertise, consistent à l’acheter ou à la développer. « Aujourd’hui, il faut toutefois s’adapter à une troisième avenue : soit celle de travailler avec des partenaires. Tu ne l’achètes pas, tu travailles en relation avec lui et c’est ainsi que se développe l’innovation. Le Forum FinTech facilite les rencontres et une fois que le point de rencontre est créé, tout est possible ».