Les dirigeants de la banque centrale du pays ne semblent pas impressionnés par la performance du marché de l’emploi de décembre, au cours duquel le pays a créé 40 000 nouveaux postes tandis que les économistes en attendaient seulement 5000.

Dans le cadre d’un discours prononcé jeudi à l’Université de Kingston, Tiff Macklem, premier sous-gouverneur de la Banque du Canada, a abaissé les perspectives à court terme de l’économie du pays en raison de la faiblesse persistante des exportations.

«Le momentum à court terme semble être légèrement plus faible que nous avions antérieurement anticipé», a dit M. Macklem, selon les propos rapportés par le Globe and Mail.

Mark Carney, grand patron de la banque centrale, avait tenu des propos similaires le mois dernier. Cela dit, M. Macklem a indiqué que les responsables de la politique monétaire du pays continuent de croire que la croissance va s’accélérer au cours de l’année.

Les propos prudents tenus par les dirigeants de la banque démontrent qu’ils ne sont pas rassurés par la fin d’année spectaculaire du marché de l’emploi canadien.

Et surtout, le discours du numéro 2 de la banque centrale remet en question la possibilité d’une hausse rapide des taux d’intérêt. Jeudi, un économiste de la Banque Royale a dit s’attendre à ce que la Banque du Canada relève son taux directeur d’un demi-point de pourcentage d’ici la fin 2013.

Les finances des ménages «étirées»

Michael Gregory, économiste pour BMO, a mentionné au Globe and Mail après le discours de M. Macklem que la faible croissance risque moins de relancer l’inflation, ce qui repousse à 2014 un resserrement éventuel des conditions de crédit.

M. Macklem a souligné dans son discours que le modèle de croissance canadien, bien qu’il ait connu un grand succès, est «étiré». Il a rappelé que les finances des ménages canadiens sont elle-mêmes étirées. Dans un contexte où le secteur immobilier du pays et les finances des ménages s’affaiblissent, la croissance doit davantage provenir des exportations, a dit M. Macklem. Or, ce n’est pas le cas en ce moment.

Statistique Canada a mentionné vendredi que le déficit commercial du Canada avec le monde est passé de 552 M$ en octobre à 2 G$ en novembre.

Les importations de marchandises du Canada ont progressé de 2,7% en novembre, tandis que les exportations ont diminué de 0,9%.

M. Macklem, considéré comme un successeur potentiel à M. Carney à la tête de la Banque du Canada l’été prochain, a réalisé une sortie qui ne passera pas inaperçue. Ses propos marquent en quelque sorte sa position.

La Banque nous fera connaître davantage son jeu le 23 janvier, jour de la décision de sa politique monétaire. Elle devrait maintenir son taux directeur à 1%, seuil où il se trouve depuis septembre 2010.