Les ventes des réseaux indépendants ont progressé de 13 %, par rapport à 6 % dans les réseaux exclusifs, aussi connus sous le nom de captifs. Les réseaux indépendants profiteraient-ils de l’appétit croissant des consommateurs pour l’assurance vie entière ?
«Avant la crise des taux d’intérêt, les réseaux indépendants étaient plus actifs en vie universelle. Mais la crise a entraîné une migration des ventes vers la vie entière avec participation, car ses possibilités de rendement sont devenues plus attrayantes», explique Patrick Cloutier, vice-président principal, ventes et développement des affaires chez Groupe Cloutier.
Responsable des ventes d’un réseau de distribution de 120 employés servant plus de 1 000 conseillers, Patrick Cloutier ajoute que «depuis trois ou quatre ans, on observe au Groupe Cloutier une croissance plus rapide des ventes dans la vie entière. C’est principalement dû à la vie entière avec participation. Cette tendance n’existait pas avant la crise des taux d’intérêt».
Des taux attrayants
Rappelons que la vie entière comporte deux versions : la vie entière avec participation et la vie entière sans participation à coûts nivelés. Dans le premier cas, la prime n’est pas garantie. Toutefois, le produit génère des participations dont le calcul dépend des taux de mortalité, des frais d’administration, des taux de déchéance et des taux d’intérêt du barème de participations.
Pour la période du 31 mars 2016 au 30 mars 2017, les taux d’intérêt des barèmes de participations affichent des niveaux attrayants.
Le taux s’établit à 6,75 % chez la Financière Sun Life. Les produits AssurMax et Optimax de l’Empire Vie ont des taux de 6,5 %. Pour sa part, Canada-Vie a annoncé que le taux d’intérêt du barème des participations passera de 6,5 % à 6 %. Chez Manuvie, le «taux du crédit de rendement» des contrats Performax Or sera de 6 %.
«Aux yeux des consommateurs, ces chiffres sont spectaculaires par rapport aux rendements boursiers et à leur volatilité. Et pour nombre d’entre eux, la vie entière avec participation constitue la meilleure solution dans la situation actuelle de bas taux d’intérêt», explique Robert Landry, ancien vice-président exécutif chez AXA Canada et maintenant consultant.
L’effet de la nouveauté
Robert Landry s’interroge toutefois sur la hausse des ventes des réseaux indépendants : «Se pourrait-il que la plus forte progression des ventes des réseaux indépendants soit due à de nouveaux produits en vie entière ?»
Cette question a bien du sens, selon Yan Charbonneau, président d’AFL Groupe Financier et d’AFL Assurances générales. «Quand Empire Vie a lancé son assurance vie avec participation AssurMax en janvier 2015, il y a eu un effet immédiat sur le marché. Empire Vie a fait des présentations et les ventes ont été immédiates», souligne-t-il.
«D’ailleurs, lorsque les agents généraux, comme nous, présentent des produits, nous voyons une croissance instantanée des ventes. Mais cet engouement ne dure que deux ou trois semaines», dit-il.
Rendements prévisibles
Les ventes d’assurance vie avec participation sont donc liées à des raisons plus profondes que le battage publicitaire et les présentations aux conseillers.
«Depuis quelques années, les produits d’assurance vie universelle ne rapportent pas beaucoup d’argent à leurs clients, précise Yan Charbonneau. Les taux de rendement ont diminué, et le coût des primes a augmenté. La volatilité boursière a fait que les clients sont entrés et sortis des marchés aux mauvais moments.»
«De plus, il y a les frais de gestion. Les clients constatent que les frais associés à la partie placement de leur vie universelle sont plus élevés que ceux des mêmes fonds distribués de façon traditionnelle», ajoute-t-il.
Selon le président d’AFL Groupe Financier, «les comptables et les fiscalistes s’intéressent beaucoup plus qu’auparavant à la vie avec participation, en raison de son potentiel de rendement prévisible et stable».
Cependant, pourquoi les ventes d’assurance vie avec participation semblent-elles avoir davantage favorisé les réseaux indépendants que les réseaux captifs ?
«Peut-être parce que les conseillers des réseaux captifs sont un peu moins expérimentés que ceux des indépendants, répond Yan Charbonneau. Les réseaux captifs ont fait de grands efforts de recrutement afin d’abaisser la moyenne d’âge [de leurs conseillers].»
«Par ailleurs, le marché des réseaux captifs me semble plus familial et moins orienté vers la clientèle d’affaires, poursuit-il. Si mon hypothèse est exacte, les conseillers moins expérimentés des réseaux captifs vendraient alors moins de participantes et davantage de temporaires.»