Rien d’étonnant, puisque les FNB sont un outil tout désigné pour concrétiser sa philosophie d’investissement. «Nous ne croyons pas du tout qu’on peut prédire l’évolution des secteurs et des marchés», affirme François Doyon La Rochelle, gestionnaire de portefeuille et conseiller en placement chez PWL. Ces conseillers jugeaient «défectueuse» la gestion active par l’intermédiaire des fonds communs de placement. «La recherche montre que les gestionnaires ne réussissent pas à battre les marchés d’une façon soutenue», affirme James Parkyn.
Selon eux, la sélection de titres et la synchronisation des marchés ne sont pas susceptibles d’ajouter de la valeur : l’approche la plus judicieuse consiste simplement à tirer parti des rendements des marchés mondiaux.
Ainsi, ils cherchent essentiellement à exposer leurs clients à différentes catégories d’actif et de marchés mondiaux qui sont non corrélées. «Nous misons sur des catégories d’actif comme l’immobilier et sur de grandes régions géographiques, note François Doyon La Rochelle. Nous achetons alors l’ensemble des marchés boursiers, y compris l’Europe, l’Asie, les États-Unis et le Canada. Et nous évitons tous les FNB exotiques comme ceux à effet de levier, à vente d’options de vente, etc.»
Les conseillers en placement sont donc à la recherche du rendement du marché ou du coefficient bêta du marché, plutôt que de l’alpha d’un portefeuilliste, qui mesure la surperformance d’un fonds par rapport à son indice de référence.
«Nous cherchons à réaliser un rendement qui soit le plus proche possible de celui du marché, nous n’essayons pas de le battre», fait ressortir François Doyon La Rochelle.
Lorsque l’équipe de PWL choisit des FNB, elle privilégie ceux de type broad market (marchés étendus). Ces FNB visent une exposition à un vaste panier de titres financiers.
Ainsi, les deux conseillers n’achètent pas un FNB qui reproduit l’indice S&P 500, ni même le Russell 3000, le panier de titres sous-jacents étant trop restreint selon eux. Ils visent l’ensemble des quelque 4 000 titres américains en achetant un FNB comme le Vanguard Total Stock Market ETF (symbole boursier VTI), qui englobe près de 100 % des titres américains négociés sur les marchés publics. Ce panier très diversifié comprend des titres de toutes les tailles de capitalisation boursière et qui sont autant associés au style «valeur» qu’au style «croissance».
Ils adoptent aussi le même genre d’exposition lorsqu’ils investissent dans les autres marchés internationaux, en privilégiant par exemple le Vanguard Total International Stock ETF (VXUS). Ce dernier procure une exposition aux principales actions sur les marchés hors États-Unis.
Les conseillers s’exposent également à deux secteurs, en raison de leur faible corrélation aux marchés des actions et des obligations : l’immobilier surtout, et les services publics dans une certaine mesure.
Cette diversification très étendue évite qu’un client ne soit exposé à un secteur ou à une région géographique en déconfiture. Par exemple, la mauvaise tenue récente du marché canadien peut être compensée par la vigueur du marché américain.
Les portefeuilles des deux partenaires abritent aussi des fonds communs, mais d’un seul fournisseur : Dimensional Fund Advisors. «Ils ont une grande expérience de développement d’outils de niveau institutionnel à bas prix pour saisir les primes de risque des titres de petite capitalisation et de valeur», souligne James Parkyn.
Par ailleurs, il y a un certain biais dans leur philosophie d’investissement, car leur portefeuille privilégie deux dimensions des marchés : les titres de valeur et de petite et moyenne capitalisation. «Nous cherchons à obtenir le meilleur du marché», reconnaît François Doyon La Rochelle.
Cependant, il ne s’agit pas uniquement de sélectionner des FNB qui ont un biais «valeur» ou «petite capitalisation». Le simple fait de recourir à des FNB broad market assure que la performance des petites et moyennes capitalisations sera obtenue, de même que celle des titres de valeur, puisque «c’est dans les petites/moyennes capitalisations qu’on trouve le plus de titres « valeur »», note François Doyon La Rochelle.
Ces orientations de base trouvent leur ancrage et leur justification dans les travaux des chercheurs universitaires Eugene Fama, de l’Université de Chicago, et Kenneth French, du Dartmouth College, qui confirment la meilleure performance à long terme des titres de valeur et des titres de petite et moyenne capitalisation par rapport aux titres de grande capitalisation. «La « valeur », elle aussi, performe mieux que la « croissance » à long terme», souligne François Doyon La Rochelle.
Miser sur les honoraires
Les conseillers de PWL utilisent également des FNB en raison de leur mode de rémunération. Dès sa fondation en 1996, PWL Capital adoptait un mode de rémunération par honoraires. «Les frais de gestion très bas des FNB s’intégraient bien à notre approche, où les comptes étaient à base d’honoraires, indique James Parkyn. Nous voulions être du même côté que le client.»
Les conseillers choisissent également soigneusement leur FNB en fonction de leur ratio de frais de gestion. Les deux partenaires recherchent les frais les plus bas, ce qui les mène à privilégier les produits de Vanguard qui, à titre de mutuelle, «ne cherche pas à générer des frais sur le dos des investisseurs», signale François Doyon La Rochelle.
Les conseillers s’en tiennent uniquement aux FNB de base dont l’indice sous-jacent reflète la capitalisation boursière (market cap weighted). «On pense que les approches de type équipondérées ou smart bêta sont seulement d’autres façons d’aller chercher les biais valeur et petite et moyenne capitalisation, note François Doyon La Rochelle. De plus, le besoin de préserver la pondération des FNB accroît la nécessité de négocier, et cela réduit leur efficacité fiscale.»
Malgré leur biais en faveur de la gestion passive, les conseillers gèrent certains éléments propres au compte du client, notamment l’exposition aux devises étrangères.
Leur analyse est basée sur les tendances historiques. Par exemple, quand le dollar canadien s’échangeait à un sommet par rapport à la devise américaine il y a un peu plus d’un an et qu’il était susceptible de plafonner, ils ont choisi de ne plus couvrir la devise canadienne, une décision qui s’est avérée très favorable.
Il faut dire que la décision de couvrir ou non le risque de devise est un incontournable dans les portefeuilles de clients qui, en général, sont investis aux deux tiers hors Canada.
Par ailleurs, les portefeuilles des clients sont rééquilibrés périodiquement lorsqu’il y a un écart par rapport à la pondération cible de la politique de placement.
Aujourd’hui, PWL gère un actif total de 1,4 G$, l’actif spécifique de James Parkyn et de François Doyon La Rochelle s’élevant à 460 M$.
Quels résultats un tel travail procure-t-il ? PWL Capital affiche sur son site Web divers portefeuilles modèles, bâtis selon cinq profils types de clients : conservateur, prudent, équilibré, affirmé, dynamique. Chaque client se voit assigner un portefeuille différent à partir d’une sélection d’une soixantaine de FNB et de fonds communs. Pour sa part, le portefeuille modèle est composé de 11 FNB et fonds communs, comme le Vanguard Canadian Short-Term Bond Index ETF, le Dimensional Canadian Vector Equity Fund Class, le iShares Core MSCI EAFE IMI Index ETF.
Au 31 décembre 2015, les rendements annualisés sur trois ans des cinq portefeuilles modèles énumérés précédemment, allant du plus conservateur au plus dynamique, sont de 5,55 %, de 6,71 %, de 7,85 %, de 8,99 % et de 10,12 %, respectivement. Sur 10 ans, ils sont de 4,71 %, de 4,99 %, de 5,24 %, de 5,45 % et de 5,62 %. Les plus faibles rendements d’un an, comme il fallait s’y attendre, remontent à la dernière crise financière, de mars 2008 à février 2009 : – 7,57 %, – 11,72 %, – 15,90 %, – 20,12 %, – 24,38 %.
L’écart-type annualisé sur 20 ans des portefeuilles s’établit à 3,65 %, à 4,68 %, à 5,79 %, à 6,94 % et à 8,14 %, respectivement. Notons que l’écart-type pour le S&P/TSX Composite sur 20 ans est de 14,2 %.
Enfin, les frais de gestion des fonds composant les portefeuilles augmentent légèrement avec le niveau de risque des portefeuilles, allant de 0,30 % pour le portefeuille conservateur à 0,37 % pour le portefeuille dynamique.
«Il est évident que notre stratégie de placement n’est pas particulièrement sexy, affirme James Parkyn, mais elle demande de la discipline. Et les clients qui restent disciplinés dans leur répartition d’actif obtiennent les meilleurs rendements.»