Lors du 10e colloque de conformité du Conseil des fonds d’investissement du Québec (CFIQ), Mario Albert, de Finance Montréal, Geneviève Blouin, d’Altervest, et Stéphane Corriveau, d’AlphaFixe Capital, font état des plus récentes initiatives en la matière.
C’est essentiellement par l’entremise de son « chantier entrepreneuriat » que Finance Montréal s’implique auprès de l’entrepreneuriat financier. La principale initiative mise de l’avant par ce chantier, qui est piloté par Vital Proulx, président et chef de placements chez Hexavest, est le Programme des gestionnaires en émergence du Québec (PGEQ).
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L’objectif du PGEQ est de confier des mandats de gestion à des firmes québécoises en démarrage ou de petite taille afin de les aider à percer le marché institutionnel. Le fonds, qui est financé par différentes caisses de retraite, atteint environ 250 millions de dollars (M$). Il est réparti entre une stratégie de gestion de type traditionnel et une stratégie de gestion de type alternatif.
Pour Mario Albert, les gestionnaires en émergence souffrent principalement d’un manque d’actif sous gestion, de structure, de gouvernance institutionnelle et de ressources pour distribuer leur stratégie, et le PGEQ se veut une réponse à cette problématique. Le programme est structuré de telle manière que la politique de placement est similaire à celle d’une caisse de retraite type.
Le témoignage de Vital Proulx relativement à la croissance d’Hexavest, qui a obtenu son premier mandat américain par l’entremise d’un programme pour gestionnaires émergents, après avoir effectué près de 250 présentations, a nourri la conception du PGEQ, souligne Stéphane Corriveau, qui a sollicité la participation d’investisseurs institutionnels.
« Pour les caisses de retraite qui investissent dans le fonds, c’est un peu comme si elles se dotaient d’un club-école, explique Stéphane Corriveau. Elles se trouvent aux premières loges pour évaluer ces firmes, mais sans devoir assumer les revues diligentes et les suivis. Surtout, il s’agit de firmes auxquelles elles pourraient éventuellement confier directement des mandats de gestion. Du moins, c’est notre souhait. »
Stéphane Corriveau souligne que la gestion quotidienne des risques est confiée à une plateforme de gestion qualifiée et indépendante.
« L’argent se trouve sur la plate-forme Innocap, qui en assure le contrôle. Il y a un suivi quotidien en terme de valeur, de positionnement, de politique de placement, donc en terme de conformité, qui est effectué, ce qui évite aux investisseurs de devoir procéder à un suivi qui serait lourd à supporter en terme de temps et de ressources », ajoute-t-il.
Soutenir les gestionnaires locaux
En amont, Finance Montréal a soutenu, en 2014, le lancement du Conseil des gestionnaires en émergence (CGE). Présidé par Geneviève Blouin, le CGE regroupe une cinquantaine de membres. Nombre d’entre eux se sont d’ailleurs vu attribuer des mandats de gestion du PGEQ par le comité de sélection.
Selon Geneviève Blouin, le travail accompli depuis 2014 a permis de faire évoluer la perception de l’industrie à l’égard des gestionnaires émergents.
« Nous constatons un intérêt grandissant de la part des allocateurs d’actifs envers les gestionnaires en émergence d’ici. L’implication de Finance Montréal et de vétérans de l’industrie tel que Vital Proulx a été déterminante pour décider la communauté financière à s’impliquer. Mais il faut constamment sensibiliser les gens sur l’importance d’investir dans les firmes locales pour développer une place financière forte », souligne-t-elle.
« Le PGEQ est un pas important, mais c’est seulement le premier pas et il y a encore un grand chemin à faire », ajoute Geneviève Blouin.
Déplorant le fait que les gens de l’industrie nourrissent souvent la perception que les gestionnaires en émergence souffrent de certaines faiblesses en matière de conformité, Geneviève Blouin souligne que les membres du CGE collaborent avec l’Autorité des marchés financiers (AMF) dans la construction et la révision de leurs documents de conformités.
« Les gens ne réalisent pas toutes les infrastructures qui sont derrière nous. Plusieurs petites firmes sont appuyées par une grosse banque, qui respecte les meilleurs standards en matière de conformité. La plupart des firmes en émergence sont aussi vérifiées annuellement par des boîtes comme KPMG ou PwC. Plus les gens de l’industrie vont en apprendre sur les gestionnaires en émergence et l’infrastructure qu’il y a derrière eux, moins ils vont avoir peur de leur faire confiance », ajoute Geneviève Blouin.
Elle rappelle aussi que « les gestionnaires émergents ne sont pas des jeunes tout juste sortis de l’université. Il s’agit de gestionnaires expérimentés, pour la plupart issus du secteur institutionnel, qui ont souvent plus de 20 ans d’expérience dans leur domaine ».
Déployer une force d’attraction
Le PGEQ est un exemple parmi les actions entreprises par Finance Montréal destinées à stimuler l’entrepreneuriat financier au Québec.
Évoquant les efforts de démarchage en cours auprès des institutions financières et des sociétés d’investissements étrangères et la promotion de la place financière de Montréal, Mario Albert estime que pour renforcer l’industrie, il serait judicieux « d’investir des efforts pour faciliter, pour nos gestionnaires de fonds, l’obtention de mandats de la part d’allocateurs issus d’un peu partout dans le monde et ainsi, créer de l’emploi à Montréal. »
Au nombre des stratégies qui seront mises de l’avant à cet effet, Mario Albert évoque la tenue, à l’hiver 2017, de présentations à New York et à Boston auxquelles prendraient part des gestionnaires d’ici. Ces événements seront précédés, cet automne, par la tenue d’un événement de type « speed dating », organisé en collaboration avec le CGE, auquel seront conviés des allocateurs d’actifs en provenance de l’extérieur du pays.
Cet évènement, prévu pour le mois d’octobre, doit réunir des investisseurs issus des États-Unis et de l’Europe, selon Geneviève Blouin. « Les gestionnaires auront l’occasion de présenter leur stratégie et leur historique de performance, ce qui les distingue des autres gestionnaires de portefeuille et ultimement, convaincre un allocateur d’actif de leur confier un mandat ».