Les deux femmes participaient récemment à une table ronde organisée par l’Association CFA Québec sur le thème «Vers une meilleure industrie financière».
Selon Renée Laflamme, un conseiller peut orienter un client dont les besoins sont simples vers des outils comme les conseillers-robots. Ensuite, le client recommencera à faire appel aux services du conseiller quand sa situation deviendra plus complexe.
Entre-temps, le conseiller pourra consacrer plus de temps à mieux servir ses clients plus fortunés. En effet, «la technologie peut aider les intermédiaires à vulgariser les enjeux financiers et, plus on en sait, plus on a besoin de conseils», a expliqué Renée Laflamme.
À son avis, les outils numériques, même s’ils deviennent plus efficaces, ne peuvent pas remplacer les conseils d’un professionnel. Cependant, «tout le monde» dans l’industrie a commencé à regarder ce qu’ils pourraient apporter, a précisé la spécialiste, même si elle note un retard de la part des institutions financières d’ici.
En assurance vie, surtout en Europe, de plus en plus de plateformes en ligne offrent des polices dont les primes varient en fonction des données biométriques d’un client fournies par un bracelet intelligent, a fait remarquer Renée Laflamme. «Et personne ne sait encore de quoi sera faite la prochaine révolution technologique !»
Toutefois, attention : il ne faut pas croire que seuls les jeunes adultes s’intéressent à ces innovations qui intéressent tout autant les 40-50 ans, a-t-elle prévenu. «Nos agents doivent être bien équipés. Il faut être prêts à bouger vite», a-t-elle dit, en suggérant en outre aux intermédiaires de bien communiquer – en clavardant, par exemple.
Des besoins accrus
Pour Monique Gravel, «le sans-conseil a ses limites, même si, dans YouTube, on peut tenter d’apprendre à devenir son propre dentiste».
Selon la directrice générale de CIBC Wood Gundy, le vieillissement de la population augmente les besoins de conseils financiers et nous mène vers une multiplication des «niveaux» de service-conseil. Les plus sophistiqués seront offerts à un coût plus élevé.
L’experte soutient que l’industrie continuera de s’adapter en créant plus de produits générant du revenu. D’ailleurs, «les rentes redeviennent un produit à la mode», même pour une spécialiste du marché des capitaux comme elle, a souligné Monique Gravel.
«Les rentes peuvent faire partie de la solution pour certains profils de risque», dans un contexte où le prolongement de la vie et la faiblesse des taux d’intérêt grugent le capital des retraités.
Par ailleurs, les deux expertes ont souligné la nécessité d’attirer une relève de qualité pour combler le vide laissé par le départ à la retraite d’un nombre croissant de conseillers. Cela crée des occasions favorables qu’il faut faire valoir auprès des jeunes.
Période trouble
À plus court terme, Monique Gravel craint que l’entrée en vigueur, cette année, de la nouvelle méthode de calcul des rendements de portefeuille adoptée par les Autorités canadiennes des valeurs mobilières ne crée de l’incertitude pouvant mener à des décisions malsaines de la part des épargnants.
Ce risque est d’autant plus grand que les marchés boursiers traversent une période trouble qui plombe les rendements.
Tout le monde doit dépenser beaucoup d’argent pour se conformer à ces normes, a-t-elle indiqué. Ces coûts risquent de favoriser une nouvelle phase de consolidation au cours de laquelle la disparition de certaines petites firmes pourrait encore augmenter le pouvoir des grands acteurs.
Chez les sociétés qui offrent des fonds communs, Renée Laflamme souligne que «le défi sera de faire en sorte que les gens comprennent la valeur du conseil» à la suite de l’entrée en vigueur des nouvelles règles de divulgation de la rémunération dans le cadre de la phase 2 du Modèle de relation client-conseiller (MRCC 2).