L’actif de Tonus Capital, une firme de gestion de portefeuille de Montréal, a progressé de 15 % au cours de la dernière année, pour atteindre un sommet de 70 M$ le 31 décembre malgré la volatilité des marchés nord-américains.
Ce sont en partie ces résultats qui ont valu à son propriétaire et président, Philippe Hynes, 35 ans, d’être sélectionné en tant que lauréat du Top 25 dans la catégorie «Moins de 40 ans». Tonus Capital gérait un actif de 50 M$ à la fin de l’année 2013.
«Nous avons un portefeuille concentré et des convictions élevées à l’égard de certains titres. Lorsqu’ils performent bien, l’impact sur nos rendements est significatif», explique Philippe Hynes. Il cite en exemple Uni-Sélect, un des titres les plus performants du S&P/TSX en 2015 (hausse du cours de plus de 120 %).
Au 31 décembre dernier, le portefeuille Composé Tonus affichait un rendement annuel composé (avant les frais) de 10,8 % depuis son lancement en octobre 2007, par rapport à 6,3 % pour l’indice de référence. Sur trois ans, le rendement annuel composé s’élevait à 15,6 %, soit 0,6 point de moins que l’indice de référence.
Son troisième bébé
Titulaire d’une maîtrise de HEC Montréal, Philippe Hynes a obtenu le titre d’analyste financier agréé (CFA) en 2004. Mais dès l’âge de sept ou huit ans, il a la passion de l’investissement. «Mon père m’avait acheté des actions de BCE et d’Inco, et je suivais religieusement l’évolution de leur rendement. J’essayais de comprendre pourquoi leur valeur montait ou descendait.»
Avant de se joindre à Tonus Capital en 2009, Philippe Hynes était associé et analyste principal chez Van Berkom et associés. Il a aussi travaillé chez Investissements Standard Life et à la Caisse centrale Desjardins.
Le jeune homme reconnaît qu’il a été difficile de quitter un poste de qualité chez Van Ber-kom et associés pour entrer chez Tonus Capital. «D’un point de vue financier, l’avenir nous dira si c’était la bonne décision, mais je n’ai pas regretté un moment depuis, dit-il. J’ai deux enfants, et c’est comme un troisième bébé.»
Philippe Hynes ne pensait toutefois pas que les commencements de cette aventure seraient aussi difficiles. «En 2011, mon associé a reçu une offre d’une firme de Toronto qu’il n’a pas pu refuser. Je me suis retrouvé seul. J’ai dû redoubler d’ardeur pour assurer la viabilité de la firme ; ça a été un moment critique.»
Les efforts ont porté leurs fruits. L’actif a bondi, et Philippe Hynes a pu embaucher du personnel. Tonus Capital compte aujourd’hui cinq employés et espère ajouter une autre personne à son équipe de recherche en 2016.
La discipline associée à la recherche est un élément distinctif de Tonus Capital, qui a recours à l’approche fondamentale, souligne le président.
Création d’un premier fonds
Philippe Hynes n’est pas à court de projets. En 2015, Tonus Capital s’est inscrite auprès de la Commission des valeurs mobilières de l’Alberta afin de poursuivre son développement. La firme était déjà inscrite auprès des régulateurs du Québec et de l’Ontario.
Au début de 2016, Tonus Capital a lancé le fonds Tonus Partenaires, un fonds commun avec prospectus simplifié pour investisseurs accrédités. Il est offert initialement aux investisseurs qui souscrivent directement par l’intermédiaire de Tonus Capital, et sera disponible sur la plateforme FundSERV dès que la demande le justifiera.
La structure du nouveau fonds repose sur celle de la solution Composé Tonus. L’actif de Tonus Capital est investi dans une quinzaine de titres canadiens et américains négociés au-dessous de leur valeur intrinsèque, sans égard à leur capitalisation boursière.
Aider les autres jeunes
Philippe Hynes participe étroitement aux activités du Conseil des gestionnaires en émergence (CGE), un organisme qui vise à promouvoir le développement des gestionnaires québécois en début de carrière. «Les initiatives mises en avant par le CGE suscitent un effet d’entraînement très intéressant au sein de la communauté financière», lance-t-il.
Depuis neuf ans, Philippe Hynes donne aussi un cours sur l’analyse fondamentale et sur la gestion de portefeuille à l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia, avec un autre gestionnaire montréalais.