S’il a reconnu que la performance économique du Canada avait été faible en 2015 et que la tendance ne semblait pas vouloir s’inverser, il s’est tout de même fait rassurant lors de son allocution devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), dans le cadre des consultations prébudgétaires qu’il mène à travers le pays.
Voici ce qu’il faut retenir de la visite à Montréal du nouveau ministre des Finances.
Prudence
Pendant que le huard et le baril de pétrole dégringolaient, passant respectivement sous la barre des 70 cents et des 30 dollars américains, Bill Morneau est resté plutôt vague quant aux risques qui planent sur l’économie.
« Nous considérons tous les indicateurs économiques importants pour notre plan, a-t-il concédé. La situation économique pose quelques défis, la bonne nouvelle c’est que nous avons un plan pour faire croître l’économie. »
« Nous avons un plan »
« Notre programme est déjà commencé et je crois que ça va améliorer notre situation à court et à long terme », continue le ministre des Finances.
Pour mettre son plan à exécution, Bill Morneau a d’ores et déjà évoqué trois mesures.
La baisse des impôts de la classe moyenne et la création de l’Allocation canadienne pour enfants, qui sera non imposable, permettront « à ces membres de disposer de plus d’argent pour épargner, investir et assurer la croissance de l’économie ».
La troisième, à savoir l’augmentation des investissements dans les infrastructures, vise à « générer des avantages économiques pour le Canada et favoriser la viabilité des régions urbaines ».
« Étant donné que les taux d’intérêt se trouvent à des creux historiques, le moment est tout indiqué pour investir », soutient le ministre des Finances, qui a promis d’injecter 125 milliards de dollars dans l’infrastructure publique au cours de la prochaine décennie, sans toutefois préciser où exactement.
Collaborer avec les provinces et les territoires
Plusieurs dignitaires, dont le ministre québécois des Finances Carlos Leitao, étaient présents lors de l’allocution de Bill Morneau dans la métropole.
Le ministre fédéral en a donc profité pour prôner une collaboration plus étroite avec les provinces et les territoires « afin de répondre à leurs besoins plus urgents », notamment la sécurité du revenu de retraite et l’appui « aux membres les plus vulnérables au sein de la société ».
Il a également émis le souhait de travailler à une « stratégie axée sur les compétences et la main-d’oeuvre, en veillant à une participation plus active des groupes sous-représentés ».
Maintien du projet de commission pancanadienne des valeurs mobilières
Si Bill Morneau et son homologue québécois Carlos Leitao semblent entretenir une « relation très cordiale », le ministre fédéral pense que cela améliorera leur collaboration : « On va certainement avoir des situations où nous n’avons pas la même position. »
C’est notamment le cas quant au projet de commission pancanadienne des valeurs mobilières, lancé en 2011 par les conservateurs et repris par le gouvernement Trudeau.
« Nous pensons que la commission des valeurs mobilières peut améliorer notre situation au niveau de l’efficacité à travers le Canada dans plusieurs endroits », soutient Bill Morneau, qui entend par ailleurs respecter la décision du Québec et de l’Alberta de ne pas adhérer.
En effet, les deux provinces estiment que la création d’un organisme unique empièterait sur les compétences provinciales, une décision soutenue par la Cour suprême du Canada qui y voit elle aussi une « intrusion massive » du fédéral, à moins qu’une « démarche coopérative » ne soit amorcée.
« Ça peut marcher, même sans le Québec et l’Alberta », conclut le ministre des Finances.