« Avec l’effondrement des prix du pétrole, il est difficile d’être optimistes pour le Canada. Même sa banque centrale semble avoir jeté l’éponge en indiquant qu’elle pourrait passer à des taux négatifs. Le commerce extérieur est le meilleur espoir de l’économie, mais les parts de marchés perdues rendront la bataille difficile pour les exportateurs même avec l’aide d’un dollar canadien très déprécié », peut-on lire dans l’édition de janvier 2016 du Mensuel économique.
Bien que la politique budgétaire du nouveau gouvernement soit perçue comme un apport positif à l’économie, les économistes de la Banque Nationale estiment le potentiel de croissance « fortement réduit » et évoquent différentes préoccupations pour les perspectives de croissance en 2016.
À ce chapitre, citons la nouvelle baisse des prix du pétrole survenue à la fin de l’année 2015, qui continue de plomber le secteur de l’énergie. Cette persistance des faibles prix du pétrole « pourrait déclencher des défaillances sur des prêts susceptibles de s’étendre aux marchés financiers et d’entraîner une contagion d’autres marchés, notamment l’immobilier résidentiel », selon eux.
Le marché immobilier résidentiel devrait effectivement connaître quelques turbulences. L’indice de prix de maison Teranet-Banque Nationale évoque en effet une correction des prix des maisons dans sept des 11 régions métropolitaines couvertes, dont à Montréal et à Québec.
Le Canada pourrait néanmoins dégager une certaine croissance grâce au commerce extérieur. Soutenu par la baisse du huard, il devrait s’avérer encore cette année le principal moteur de l’économie canadienne. Toutefois, bien que la dépréciation du dollar canadien rende les détaillants canadiens et leurs marchandises plus concurrentiels à l’étranger et soutienne les industries de services comme le tourisme, cela ne suffira pas à « augmenter la croissance globale de la consommation », écrit-on.
Bien qu’ils s’attendent au maintien d’une politique monétaire stimulante de la part de la Banque du Canada, les économistes de la BN justifient leur analyse par le fait que « les revenus disponibles auront du mal à croître, ce qui freinera d’autant la consommation », ainsi que par une stagnation du secteur de l’emploi, qui a connu une année 2015 « anormalement vigoureuse », spécialement dans le secteur des services.
Le programme d’infrastructure promis par le gouvernement fédéral devrait néanmoins soutenir la demande intérieure, qui restera malgré tout sous pression. Ainsi, « la croissance en 2016 ne devrait pas dépasser les 1.6% ».
Ailleurs dans le monde
Pour 2016, les économistes de la BN prévoient une croissance mondiale d’environ 3,3%. Selon eux, l’économie mondiale tirera profit de la faiblesse des prix du pétrole. Cette situation devrait soutenir le pouvoir d’achat des consommateurs et aider à freiner l’inflation, permettant « aux banques centrales de maintenir une politique monétaire stimulante ».
Pour ce qui est de l’économie américaine, les économistes de la BN maintiennent leur prévision d’une croissance du PIB américain de 2,3% pour 2016. « Handicapé par la vigueur du dollar, le commerce extérieur continuera de brider la croissance en 2016 », écrivent-ils.
Selon eux, la demande intérieure devrait également ralentir en raison d’une moins bonne tenue du marché du travail, ce qui limitera d’autant la consommation et la croissance du secteur immobilier résidentiel. Ils estiment également que les « avantages de la baisse des prix à la pompe commenceront à se dissiper pour les consommateurs ».