Les FNB canadiens lancés dans cette spirale descendante offrent pour la plupart une exposition à l’indice canadien S&P/TSX. En plus du HXT de Horizons déjà mentionné, on trouve par exemple le XIC d’iShares, le ZCN de BMO et le VCN de Vanguard. Tous trois affichent des frais de cinq points de base (pb).
L’autre catégorie de fonds à faible frais inscrits à une plateforme boursière canadienne expose le client au principal indice américain, le S&P 500. C’est le cas des XUS et XSP (avec couverture de devises) d’iShares, du ZSP (le ZSP-U se négociant en $ US) de BMO ou du VFV de Vanguard. Les trois premiers sont assortis de frais de gestion de 10 pb, et le dernier, de 8 pb.
Par ailleurs, en élargissant à peine la fourchette, on peut également trouver des FNB d’obligations du gouvernement canadien ou d’entreprises canadiennes dont les frais de gestion sont de 12 pb, entre autres les XSH, XQB et XSQ d’iShares et le ZCS de BMO.
Un cran plus haut, les frais de gestion sont de 15 à 20 pb pour des FNB de titres américains de moyenne capitalisation comme le XMC (ou le XMH, avec couverture de devises) d’iShares (15 pb), et même des FNB de marchés internationaux comme le XEF d’iShares (20 pb).
L’attrait du bas
Plusieurs raisons propulsent cette course descendante, dont le marketing. «Dans la plupart des cas, il s’agit du vaisseau amiral de chaque promoteur, au moyen duquel chacun annonce son engagement ferme à l’endroit de frais très bas», explique Daniel Straus, chef de la recherche sur les FNB à la Financière Banque Nationale, à Toronto.
Deuxième raison importante, l’atteinte d’une masse critique suffisante et susceptible de faciliter la liquidité du fonds, qui est désormais un impératif. C’est le cas par exemple du combat que se disputent le HXT de Horizons avec le XIU d’iShares, le premier gérant un actif de 520 M$, et le second, un actif de 10 G$, ce qui en fait le FNB le plus important du Canada.
Tout d’abord, à cause de leurs frais très bas, les FNB doivent atteindre une masse critique d’actif sous gestion. «On estime que la frontière de la rentabilité se situe à 100 M$», explique Robert Pouliot, administrateur de FAIR Canada et chargé de cours à l’ESG-UQAM. «Pour un fonds commun, cette frontière se situe à 20 ou 30 M$ d’actif sous gestion seulement.»
Ensuite, le but ultime d’un FNB est d’atteindre au moins 1 G$ d’actif sous gestion, ajoute Robert Pouliot. C’est à partir de ce seuil que les investisseurs se tournent vers lui, puisqu’il leur assure la liquidité dont ils ont besoin. De plus, les investisseurs institutionnels «ne veulent pas être les acteurs significatifs d’un FNB dans lequel leurs transactions peuvent faire fluctuer le prix du titre,» indique David Paterson, directeur de la recherche, FNB, chez D.A. Paterson & Associates, à Toronto.
Une troisième raison anime la recherche d’économies d’échelle : un accès accru au marché de location de titres, une des principales raisons de lancer un FNB, juge Robert Pouliot. «L’essentiel ne tient pas à la rentabilité du FNB, mais à l’accès qu’il donne à un plus vaste « entrepôt » de titres à prêter.» En effet, le commerce du prêt de titres est gigantesque et met en jeu d’immenses entrepôts de titres, par exemple la Caisse de dépôt et placement du Québec ou State Street Corporation. Ces prêts visent surtout les vendeurs à découvert et d’autres investisseurs qui y recourent en tant que garantie (collateral).
Certes, les frais récoltés par le prêt de titres sont minimes, de l’ordre de quelques points de base pour les titres de grands indices. Par contre, note Robert Pouliot, «si je fais 25 points de base en une semaine, chaque semaine, ça devient plutôt intéressant.»
On peut se demander si un fonds comme le HXT, dont les frais de gestion sont de trois points de base, est rentable, d’autant plus que sa structure à base de swap l’empêche de posséder des titres boursiers sous-jacents qu’il pourrait monnayer par le prêt de titres. Daniel Straus croit que Horizons le traite comme un produit d’appel. Toutefois, il faut reconnaître «qu’une structure swap est très bon marché et très facile à gérer, dit-il, et ne met en jeu qu’un peu de paperasse».
Au coeur d’un portefeuille
Daniel Straus et David Paterson pensent que les FNB à très faibles frais de gestion ont leur place dans le portefeuille d’un client. Ainsi, une exposition aux marchés canadiens et américains, les deux marchés les plus importants pour un investisseur canadien, peut très bien occuper le tiers, et même la moitié du portefeuille d’actions, selon Daniel Straus.
À partir de cette base, le client «peut s’étendre à sa guise dans des secteurs plus spécialisés», ajoute-t-il.
Cette base peut représenter jusqu’au tiers d’un portefeuille, estime David Paterson, qui voit d’un oeil positif la possibilité d’étendre la teneur en FNB jusqu’à la moitié d’un portefeuille. «Avec des FNB comme XIC, XUS et XIN, j’obtiens déjà une très bonne diversification de portefeuille, souligne-t-il. Parfois, je compose 50 % des portefeuilles avec cette répartition tripartite. J’assigne l’autre 50 % à des fonds communs de grande qualité, pour assurer de meilleurs rendements ajustés au risque et à une plus faible volatilité.»
Daniel Straus va plus loin encore, et considère qu’un investisseur particulièrement attentif aux frais de gestion pourrait se construire un portefeuille entièrement composé de FNB. Un tel portefeuille pourrait suivre les grands indices de marchés d’actions et d’obligations ainsi que des indices plus spécialisés de marchés internationaux ou de marchés émergents. «Et le coût moyen total pourrait facilement se situer autour de 20 points de base.»
Ce qui entraîne que des frais minimisés prennent une position secondaire dans les décisions de composition et de répartition d’un portefeuille. «Les facteurs qui importent, indique David Paterson, deviennent la liquidité, l’écart acheteur/vendeur et la nature des marchés auxquels on veut être exposé.»