Mieux que la moyenne

Premier constat majeur : les épargnants qui ont injecté régulièrement une partie de leur salaire dans un FDC s’en tirent très bien.

En fait, ces épargnants ont même récolté des rendements supérieurs à la moyenne du fonds dans lequel ils avaient investi de l’argent ! Alors que le rendement annuel moyen sur 10 ans des FDC est de 5,03 %, les épargnants ont eu un rendement supérieur de 1,1 point de pourcentage, obtenant des gains annuels moyens de 6,13 %.

«L’avantage d’une contribution régulière explique un tel écart entre le rendement moyen du fonds et le rendement de l’épargnant», fait ressortir Jeff Holt, analyste chez Morningstar, à Chicago, et l’un des auteurs de l’étude.

«En demeurant investis tout le temps, les épargnants évitent l’erreur la plus fréquente commise par les amateurs d’acheter des parts lorsque les cours sont hauts et de les vendre lorsqu’ils sont bas. De plus, leur mise régulière leur a permis de bénéficier de moments forts dans le marché, ce qui a joué à leur avantage.»

L’étude conclut aussi que les FDC sont une des catégories de fonds qui ont le mieux performé au cours de la décennie.

Sur six catégories recensées dans l’étude, deux seulement ont procuré de meilleurs rendements annuels : les titres sectoriels (7,18 %) et les actions américaines (6,49 %). Les actions internationales, par exemple, n’ont donné qu’un rendement de 4,55 % en moyenne, et les obligations, un rendement de 3,75 %.

Évidemment, les FDC étudiés n’ont pas tous aussi bien performé, quoique les écarts entre les rendements des meilleurs et des pires ne soient pas excessifs, allant de 8,36 % pour le fonds en tête de classement à 4,34 % pour le dernier fonds.

Ces écarts tiennent par-dessus tout aux types d’actif qui composent le portefeuille des fonds. Ainsi, les fonds qui contenaient plus d’obligations ont mieux traversé la tempête financière, mais ceux qui comportaient plus d’actions ont mieux performé depuis. Et sur 10 ans, les derniers s’en sont mieux tirés.

Détail intéressant, depuis la crise financière, presque tous les FDC étudiés (8 sur 10) se sont diversifiés dans les investissements dits alternatifs, par exemple les obligations non traditionnelles (obligations à haut rendement, de pays émergents, etc.), les stratégies à découvert et les spéculations sur les monnaies.

Ce secteur a fortement contribué aux performances de 2014, avec un rendement de 10,9 %.

L’apport des vétérans

Par ailleurs, les FDC gérés par les équipes plus expérimentées ont affiché de meilleurs rendements. Cette constatation confirme les résultats des recherches précédentes de Morningstar, qui montrent que les gestionnaires plus chevronnés obtiennent de meilleurs résultats. Toutefois, l’étude ne quantifie pas l’écart favorable attribuable à la contribution de ces équipes de vétérans.

On pourrait croire que la performance des FDC à gestion passive, en raison de leurs frais plus bas, aurait sensiblement dépassé celle des FDC à gestion active, mais ce n’est pas le cas. Sur la période de 10 ans, ils n’affichent qu’un dixième de point de pourcentage (0,1) de plus. Soulignons que de plus en plus de firmes proposent des formules hybrides qui conjuguent gestion active et gestion passive.

Enfin, depuis 2008, la moyenne des frais de gestion dans l’ensemble de l’industrie des FDC aux États-Unis a baissé de façon importante, passant de 1,04 % de l’actif sous gestion à 0,78 %. Cela s’explique par plusieurs facteurs : la pression exercée par la concurrence, la présence de fonds à gestion passive et le fait que la croissance de l’actif sous gestion permet d’atteindre des seuils de frais moins élevés.

Éclairage différent

Une autre recherche, publiée cette fois en 2013 par Research Affiliates, démontrait la supériorité de la performance des FDC à plus haute teneur en actions (http://tinyurl.com/os72uu8).

Dans le cadre de cette recherche, Research Affiliates a composé trois séries de 101 portefeuilles dont les échéances s’étalent de 1911 à 2011. La première série est un FDC classique où la composition d’arrivée (80 % d’obligations et 20 % d’actions) est à l’inverse de la composition de départ. La deuxième série est un portefeuille équilibré qui maintient une pondération égale en actions et en obligations tout au long de son parcours. Enfin, la troisième série est un «FDC inversé» dont les parcours sont l’inverse de ceux du FDC classique : il débute avec 20 % d’actions seulement, et 80 % à échéance.

Research Affiliates montre que les deux dernières séries – équilibrée et inversée – procurent un capital à échéance supérieur à celui du portefeuille traditionnel, de 10,7 % et de 22 %, respectivement. Ainsi, l’épargnant possède en moyenne un capital de 137 870 $ US dans le FDC équilibré, de 152 060 $ US dans le FDC inversé, et de 124 460 $ US dans le FDC classique.

Par ailleurs, l’étude de Morningstar apporte un bémol à l’analyse de Research Affiliates, tout au moins pour la décennie de 2004 à 2014. Les différences de rendement sont minces entre les FDC à échéance plus rapprochée, par exemple 2015, et les FDC à échéance plus éloignée, par exemple 2050.

Ainsi, les fonds à échéance 2050 dans lesquels le pourcentage d’actions était d’environ 90 % n’ont procuré un rendement supérieur que d’un point de pourcentage au rendement des fonds à échéance 2015.

Cela tient surtout «à la teneur des fonds en actions internationales, explique Jeff Holt, et au fait qu’elles ont beaucoup moins bien performé que les actions américaines, surtout au cours des dernières années».

Échantillon trop petit ?

Chez Research Affiliates, on juge que les résultats de l’étude Morningstar, tout en étant intéressants, sont loin d’être probants.

«J’aimerais qu’on applique les résultats de Morningstar à un échantillon plus vaste [qu’une dizaine de fonds], indique Jonathan Treussard, vice-président principal, gestion de produits chez Research Affiliates, en Californie. Leur bonne performance a été réalisée en grande partie après la crise financière [de 2008], dans un marché très haussier qui a avantagé les actions et les obligations les plus courantes.»

«Il ne faut pas confondre habileté et marché haussier, ajoute-t-il. Quels seraient les résultats dans un nouvel environnement en crise où les gens réduiraient leurs contributions ou même retireraient de l’argent ?»

«Et si l’écart entre les fonds à courte échéance et les fonds à longue échéance est faible, cela veut peut-être dire que tous ont fait provision d’actions à prix fort, ce qui prépare le terrain pour une performance moins impressionnante à l’avenir.»

Bien que la dizaine de FDC étudiés par Morningstar montrent des rendements concluants, soulignons que des portefeuilles dont la pondération en actions dépasse les seuils en vigueur dans les fonds classiques peuvent fournir de meilleurs résultats à échéance. Pour réduire le risque lié à cette pondération supérieure en actions, on peut privilégier des titres à plus faible volatilité ou des titres qui affichent les meilleurs ratios prix/valeur comptable, suggère Research Affiliates.