« Il serait pratique d’avoir deux corbeilles, où les actions d’une catégorie iraient mal et celles de l’autre iraient bien, selon les changements des taux d’intérêt », dit M. Hintz, qui supervise le Fonds ciblé d’actions américaines Russell, coté 4 étoiles. « Nous pensons en fait qu’il y beaucoup d’actions de croissance et d’actions de valeur qui ont bénéficié d’une importante liquidité. Ce n’est pas une approche contre l’autre. » De plus, M. Hintz argumente qu’il est important de sélectionner des actions en pensant aux raisons spécifiques de les détenir, plutôt que de « simplement acheter toute la catégorie des actions de valeur ou de croissance ».
Disponible seulement au Canada, le Fonds ciblé d’actions américaines Russell à gestionnaires multiples fait partie du Programme d’investissement Russell Souverain. Il emploie trois sous-conseillers qui investissent dans un total d’environ 70 « meilleures idées ».
Gestion d’actifs Lazard (Canada) Inc., une société torontoise, a un penchant axé sur la valeur et tend à prendre de grandes participations dans des noms de qualité élevée; Levin Capital Strategies LP, une compagnie new yorkaise, se place aussi dans le camp de la valeur et met l’accent sur la préservation du capital et les compagnies ayant de solides flux de trésorerie disponibles. Le troisième sous-conseiller est une firme de Los Angeles, Mar Vista Investment Partners. Un gestionnaire axé sur la croissance à un prix raisonnable, Mar Vista recherche des compagnies qui bénéficient de barrières élevées à l’entrée et qui sont mal évaluées relativement aux attentes des marchés.
En dépit de la diversité des styles de placement, et avec seulement 10 % des titres partagés par plus d’un gestionnaire, les avoirs du portefeuille Russell partagent généralement certains attributs positifs. « Ils ont des ratios dettes/capitaux inférieurs à la moyenne et des taux plus élevés de croissance des dividendes », dit M. Hintz, qui détient un MBA en finances de l’Université Pacific Lutheran et qui travaille à Investissements Russell depuis qu’il a débuté sa carrière en 1988. « Nous aimons que ce soient des compagnies qui peuvent augmenter leurs dividendes, mais elles ne représentent pas les actions aux rendements les plus élevés. Ces compagnies conservent plus de leurs bénéfices que la moyenne, mais augmentent leurs dividendes plus rapidement que la moyenne. Cela nous laisse à croire que la croissance supérieure des dividendes est durable. »
En tant que firme, la perspective stratégique de Russell est qu’à long terme, la valeur est un style supérieur, bien qu’elle reste parfois à la traîne. Il s’agissait donc d’une décision prise en toute connaissance de cause d’inclure deux gestionnaires axés sur la valeur dans ce portefeuille. « Ce n’est pas qu’une question de valeur, mais de la façon dont ils sélectionnent leurs actions, dit M. Hintz. Avant tout nous évaluons les gens pour comprendre comment ils choisissent leurs actions. »
Que ce soit Levin ou Lazard, dit M. Hintz, les deux gestionnaires de valeur ne choisissent pas les actions les moins chères et offrant la valeur la plus stricte, qui ont dans certains cas pris sur beaucoup de risques liés aux bilans financiers. « Tous les deux font attention aux évaluations — et pensent à une protection à la baisse aussi », dit M. Hintz.
Dans le cas de Levin, la firme cherche des gestionnaires qui ont pris des mesures pour améliorer les activités des entreprises et la rentabilité, soit par le biais de restructurations, de scissions ou de fusions et acquisitions. Un de ses avoirs de longue date est General Electric Co. « Il s’agit de comprendre certaines des initiatives des dirigeants des entreprises, comme la liquidation d’actifs satellites, et d’aider les actionnaires à réaliser la valeur de la compagnie », dit M. Hintz, faisant référence à la liquidation de la division financière de GE.
Lazard se concentre dans une plus grande mesure sur le rendement des capitaux propres et le rendement du capital. « Ils croient qu’à long terme, vous devriez payer pour la productivité financière », dit M. Hintz, en ajoutant que les gestionnaires comptent moins sur les données quantitatives et plus sur les évaluations qualitatives. « Ils veulent que les compagnies puissent gagner bien au-dessus de leur coût des capitaux. »
Un avoir typique de Lazard est Zoetis Inc, un fabricant de produits de santé animale qui a été créé après sa scission de Pfizer inc., en 2013. Parce que Zoetis a un historique court en tant que compagnie indépendante, « Lazard a dû consacrer beaucoup de temps à en comprendre le modèle d’entreprise. »
Mar Vista, qui utilise des modèles d’actualisation des flux de trésorerie, privilégie des compagnies comme le fabricant de produits alimentaires et de boissons PepsiCo Inc. « Même si beaucoup de gestionnaires ne sont pas enthousiastes vis-à-vis de PepsiCo, Mar Vista considère que c’est un générateur de flux de trésorerie stables et à long terme, dit M. Hintz. Mar Vista accepte de payer un ratio cours/bénéfice plus élevé pour PepsiCo, tandis que Levin pourrait dire que le cours est cher. »