Aux États-Unis, BlackRock, considéré comme le plus important gestionnaire de portefeuille du monde, a acheté à la fin d’août FutureAdvisor, un conseiller-robot qui gère un actif de plus de 600 M$ US. Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé.

Selon le Wall Street Journal, BlackRock vise essentiellement à vendre les services de conseil automatisé de FutureAdvisor aux banques, aux firmes de gestion de portefeuille et aux compagnies d’assurance clientes de BlackRock Solutions.

Au Canada, l’entente de Financière Power prévoit l’injection immédiate de 10 M$ dans Wealthsimple et la possibilité d’ajouter 20 M$ d’ici le 31 décembre 2015. Power dispose également d’une option qui lui permet d’investir davantage jusqu’au 31 décembre 2015.

«Wealthsimple offre des conseils financiers à des segments de la population canadienne qui ne feraient généralement pas appel à ces conseils ou qui n’y auraient tout simplement pas accès», a souligné par courriel Stéphane Lemay, vice-président, chef du contentieux et secrétaire de Power Corporation, le conglomérat qui chapeaute Corporation Financière Power.

«Par ailleurs, il est trop tôt pour dire si les entreprises de notre groupe interagiront avec Wealthsimple, et comment, ou si elles bénéficieront de ses services», a-t-il indiqué à Finance et Investissement.

Un point tournant

«L’investissement de BlackRock vient vraiment de faire connaître le secteur du conseil automatisé, affirme Mark S. Yamada, président et chef de la direction de Pur Investing à Toronto. C’est l’équivalent de la crédibilité que les banques ont procuré au secteur des fonds communs quand elles y sont entrées au début des années 1990.»

Mark S. Yamada suit de près le secteur des conseillers-robots, car il y a neuf ans, il avait entrepris des démarches pour lancer un tel service dans tout le pays.

Cependant, freiné dans son élan par les exigences des autorités de réglementation qui lui demandaient d’assurer aux clients un service en personne, il s’est orienté vers des produits logiciels susceptibles d’automatiser une plus grande part d’un service de conseil-robot.

Toutes les prévisions de revenus pour le secteur sont bousculées par l’entente de BlackRock et accélèrent un développement déjà vigoureux, juge Mark S. Yamada.

Des annonces en cascades

En effet, outre l’entente de BlackRock, plusieurs annonces d’importance ont été faites aux États-Unis depuis le printemps dernier. Entre autres, le lancement, en juin, d’un service de conseil-robot par Vanguard Group, un autre géant de l’investissement. Ce service comptait au départ sur un actif de 22 G$ US, selon le Wall Street Journal.

Pour sa part, Charles Schwab lançait aussi son service de conseil-robot en juin, et Northwestern Mutual Life Insurance a annoncé l’achat du site de conseil automatisé LearnVest.

Sophie Louvel Schmitt, analyste principal chez Aite, aux États-Unis, prévoit que l’actif sous gestion des conseillers-robots totalisera entre 50 et 60 G$ US à la fin de 2015, rapporte le Wall Street Journal. Il s’agirait d’un bond de 275 % par rapport à la fin de 2014 !

Pour sa part, MyPrivateBankingResearch.com prédit que l’actif sous gestion atteindra 255 G$ US à la fin de 2020. «Mais toutes les prévisions sont désormais erronées, affirme Mark S. Yamada. Le total sera beaucoup plus élevé…»

Nouvelles règles au Canada ?

La présence des conseillers-robots est beaucoup plus modeste au Canada qu’aux États-Unis. Les premiers services canadiens n’ont été lancés qu’en mai 2014, alors qu’ils fonctionnent depuis plus de cinq ans aux États-Unis.

La grande différence dans le contexte canadien tient au fait que les autorités de réglementation exigent qu’un épargnant ait ultimement accès à un conseiller en personne, rappelle Ian Gascon, président de Placements Idema, qui suit de près le secteur du conseil-robot. «Ça donne une fausse impression d’automatisation», dit-il.

Mais il n’est pas dit que cette exigence en matière de réglementation sera maintenue indéfiniment, souligne Bruce Seago, président et chef de la direction de Canadian ShareOwner Investments, qui dit être la première société canadienne à avoir lancé un service robot, en mai 2014.

Selon lui, il est probable que nous en viendrons à une automatisation complète. «Nos régulateurs vont être aux aguets de tout problème et de tout accroc tant au Canada qu’aux États-Unis», souligne-t-il en entrevue à Finance et Investissement.

«Mais je n’ai connaissance d’aucun problème qui remet en question le modèle aux États-Unis. Au contraire, les premiers clients s’en disent très heureux. Dans quatre ou cinq ans, on verra probablement se dessiner au Canada une tendance semblable à celle qui s’accentue aux États-Unis», conclut Bruce Seago.