« Il y a deux attitudes face au RVER, note Pierre-André Gervais, conseiller en assurance et en rentes collectives chez Avec Assurance. Il y a les employeurs qui le voient d’un bon œil et qui se disent qu’ils voulaient justement offrir une solution à leurs employés afin qu’ils investissent dans leur retraite. Pour ceux-là, le RVER est le coup de pouce qui leur manquait pour aller de l’avant. Il y a aussi, à l’opposé, les propriétaires d’entreprise qui voient le RVER comme une contrainte de plus imposée par le gouvernement.»
D’ailleurs, près de 64 % des répondants au sondage étaient en désaccord (32 %) ou très en désaccord (32 %) avec l’énoncé suivant : « Le gouvernement du Québec devrait demander aux employeurs de continuer à assumer des responsabilités face à leurs employés une fois que ces derniers sont à la retraite ».
« Une très large portion de nos clients étaient contre le projet de loi et ce n’était qu’une minorité qui était favorable au RVER, souligne Francis -Rivard de Trinome Conseil. Le RVER pose des contraintes administratives additionnelles dont les employeurs n’avaient pas besoin. S’ils étaient obligés de cotiser au RVER de leurs employés, ce serait sûrement 100 % de mes clients qui seraient contre. »
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À titre d’exemple, il cite l’obligation d’inscrire tous les employés, même si ces derniers peuvent quand même ne pas y adhérer par la suite, la nécessité de rappeler à tous les deux ans aux employés qui ne participent pas au RVER qu’ils peuvent le faire ou encore les options de placement assez limitées établies par le cadre de la loi.
Un autre désavantage du RVER, selon Pierre-André Gervais est le nombre réduit d’options de placements qui y sont offertes. Rappelons que l’option par défaut doit être fondée sur une approche cycle de vie et que, parfois, la gamme de fonds communs de placement (FCP) offerts dans les RVER se limite souvent à cinq ou six produits.
Selon la loi, les autres options de placement offertes aux participants du RVER peuvent être soit un produit d’assurance ou de rente, soit un dépôt d’argent assuré en vertu de la Loi sur l’assurance-dépôt, soit un titre de fonds d’investissement ou un titre d’emprunt émis par un gouvernement au Canada, par un de ses organismes ou par une municipalité canadienne.
« Pour l’employeur qui a des employés plus sophistiqués en investissement, ce ne sera peut-être pas suffisant, soutient Pierre-André Gervais. Quand tu veux mettre en place une bonne solution parce que tes employés aiment analyser leurs placements. Il est préférable de mettre en place un REER collectif avec 20-25 choix de fonds ainsi que de la gestion passive et active et où l’employés pourra faire ses choix.»
Notre sondage en six statistiques importantes
Chez Trinome Conseil, on a saisi la balle au bond et on offre aux clients un REER collectif, un CELI collectif et un régime de participation différée aux bénéfices (RPDB) avec des frais de gestion équivalents à ceux du RVER.
« Puisque les frais du RVER sont encadrés par la loi, ils sont plus bas que dans un REER collectif standard, explique Francis-Carl Rivard. Nous avons mis sur pied des ententes touchant les frais de gestion avec des gros assureurs du Québec. Nous pouvons donc répondre aux gens qui sont obligés de mettre sur pied un RVER en leur offrant un REER collectif sans les contraintes et avec des frais similaires. Les employés sont gagnants puisqu’ils bénéficient d’une tarification collective intéressante à long terme. »
Actuellement, parmi les répondants au sondage qui offraient déjà des solutions d’épargne-retraite à leurs employés, 37 % avaient un régime enregistré d’épargne-retraite (REER) collectif, 19 % un régime de retraite à cotisations déterminées, 16 % un régime de retraite à prestations déterminées et 10 % un compte d’épargne libre d’impôt (CELI) collectif.
Lorsqu’on a demandé aux répondants qui n’offraient pas de régime ce qu’ils voulaient mettre sur pied, 42 % pensaient en premier au RVER, contre 44 % pour le REER collectif et le CELI collectif.
« Des REER collectifs, avant l’arrivée du RVER, on n’en avait pas tant que ça. Le RVER a créé un marché pour le REER collectif », ajoute Francis-Carl Rivard en rappelant que toute une tranche d’employeurs, qui ne voulaient pas offrir de régime de retraite, sont maintenant forcés de le faire par la loi et opteront vraisemblablement pour des solutions plus simples pour leurs employés.
« Il faut se souvenir que la clientèle visée, ce sont des gens qui n’offraient pas de régime de retraite et qui avaient fait le choix de ne pas en avoir, souligne-t-il. Certains employeurs vont vouloir aussi cotiser au régime de leurs employés, mais dans la grande majorité des cas ils essaieront seulement de satisfaire aux exigences de la loi. »
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