Ce mouvement des obligations allemandes pousse également à la hausse le taux des Treasuries, les obligations américaines. Celui-ci atteint maintenant 2,49%, son plus haut niveau depuis 8 mois.
Est-ce finalement le début de la remontée significative des taux des obligations que l’on nous annonce depuis quelques années?
De l’avis de plusieurs experts, la perception que les économies américaines et européennes gagnent du tonus et que des signes d’inflation apparaissent font en sorte que des taux d’intérêt extrêmement bas ne seraient plus justifiés.
Cette remontée des taux obligataires ne surprend pas les économistes de la Financière Banque Nationale. «Toutefois, elle arrive un peu plus tôt que prévu», admet Paul-André Pinsonnault, Économiste principal, Revenu fixe. Il prévoyait plutôt qu’elle se produirait au troisième trimestre.
Jusqu’où nous mènera cette remontée des taux qui est quand même relativement rapide si l’on considère que les Treasuries étaient à 1,65% le 30 janvier dernier. «La remontée va-t-elle s’arrêter à 2,70%, qui était le niveau l’année dernière avant la chute précipitée du prix du pétrole, ou retournera-t-on à 3,38% qui avait été le sommet de 2010», se demande M. Pinsonnault.
Une économie pas si forte
À la Financière, on ne croit pas que les taux des Treasuries excédera 3%. «C’est qu’en regardant devant, on ne pense pas que l’économie américaine sera si forte», dit l’économiste.
Il note toutefois que la correction des taux en Allemagne a peut-être été un peu trop forte. Un taux de 0,75% sur les bunds serait suffisant, selon lui.
Par ailleurs, il est improbable que ce taux retourne à zéro. Les taux des obligations avaient baissé substantiellement en Europe parce que la BCE avait entrepris un programme d’achats d’obligations qui doit se poursuivre jusqu’à l’automne 2016. Plusieurs pensent maintenant que la BCE ne complètera pas le programme tel qu’annoncé, et qu’elle va réduire le montant de ses achats mensuels.
De plus, la stabilisation du prix du pétrole autour de 55-60$, après qu’il eut chuté jusqu’à 40$, diminue sensiblement le risque de déflation qui était la principale raison des taux obligataires à zéro.
C’est clair que la phase de relèvement des taux obligataires est amorcée, croit Mathieu D’Anjou, économiste principal chez Desjardins. Mais il admet qu’elle est probablement trop rapide. «Nous avions 2,50% comme cible de fin d’année pour les Treasuries et l’on en est déjà là», dit-il.
«Les taux obligataires pourraient excéder nos cibles mais pas de beaucoup», ajoute-t-il. D’abord, il y a beaucoup d’acheteurs d’obligations qui n’attendent qu’une remontée des taux pour regarnir leurs portefeuilles, selon lui. De plus, il serait surprenant que les banques centrales, autant européenne qu’américaine, tolèrent que les taux obligataires remontent trop rapidement.