Le vent tournera-t-il pour l'Industrielle Alliance?

Il y a de ça quelques mois, Jean Duguay, chef des placements pour le Groupe Eterna, une société de gestion de portefeuilles de Québec, a diminué le nombre d’actions de l’Industrielle Alliance qu’il détenait dans ses portefeuilles. Il craignait que les taux d’intérêt ne soient pas sur le point de monter de si tôt.

Le gestionnaire craignait également que l’assureur de Québec éprouve quelques difficultés à rentabiliser son expansion dans le secteur de la gestion de patrimoine et des fonds communs de placement.

Et, il a eu raison : le rendement du titre n’est certainement pas assez élevé pour emballer les investisseurs. La faiblesse du titre à la suite de la publication des résultats (le cours de l’action a chuté d’environ 6 %) a ramené l’action au niveau où elle était au même moment l’an dernier.

C’est connu, l’Industrielle Alliance est la société d’assurance la plus sensible au mouvement des taux d’intérêt au Canada. Le niveau des taux d’intérêt affecte les prévisions actuarielles des compagnies d’assurance. Lorsque les taux d’intérêt sont bas, les rendements des placements sont moins élevés, si bien que les sociétés d’assurance doivent débourser de plus grosses sommes en vue de s’acquitter de leurs obligations futures. C’est pourquoi la profitabilité des assureurs tend à s’améliorer lorsque les taux d’intérêt montent.

L’assureur de Québec a réalisé un bénéfice par action de 1,03 $ à son premier trimestre terminé le 31 mars. Cela se compare à 1,11 $ au quatrième trimestre 2014 et à 0,83 $ au trimestre correspondant de l’année précédente.

Le consensus des analystes était de 0,92 $. Mais si la société a battu cette prévision, c’est qu’elle a profité d’un recouvrement d’impôts de 0,19 $ par action, explique Peter Routledge, analyste à la Financière Banque Nationale.

Faiblesse des ventes

Le déclin des ventes de fonds communs préoccupe l’analyste. « Pour un quatrième trimestre consécutif, l’Industrielle Alliance rapporte un flux net négatif dans ses fonds communs », dit-il. « Les ventes nettes négatives de 267 millions durant le trimestre constituent le pire résultat jusqu’à maintenant, surtout qu’il survient lors de la saison cruciale de souscription au REER », ajoute-t-il.

La société attribue ce résultat à la relative faible performance de certains de ses fonds. Mais elle a depuis mis fin à ces mandats de gestion. Bien que la compagnie ait ainsi renforcé sa gamme de produits, l’effort mettra quand même un certain temps à se faire sentir, craint M. Routledge. Ce facteur négatif pourrait persister durant une bonne partie de l’année 2015, craint-il.

Le titre possède une excellente capacité d’appréciation dans un environnement de hausses de taux d’intérêt. « Mais il est également très vulnérable s’il doit faire face à une longue période de très bas taux d’intérêt à long terme », rappelle l’analyste.

La question que l’on doit se poser est de savoir si l’éventualité d’un meilleur environnement de taux d’intérêt compense adéquatement pour la baisse plutôt déconcertante des actifs des fonds communs, soulève Peter Routledge.

Jean Duguay semble le croire, car il dit qu’il n’entend pas réduire davantage le nombre d’actions de l’assureur québécois qu’il détient dans ses portefeuilles.