« Il y a quelques mois, nous avions prévu que le prix ne resterait pas aussi bas, rappelle Mathieu D’Anjou, économiste principal chez Desjardins. En bas de 50$, les effets de la baisse du prix du pétrole sur l’économie allaient être si importants qu’il s’en suivrait un ralentissement de la production qui permettrait au prix de remonter.»
Or, c’est ce qui est arrivé, mais peut-être de façon un peu trop rapide, ajoute toutefois l’économiste de Desjardins. La remontée du prix du pétrole s’est faite malgré deux facteurs. L’Arabie Saoudite a augmenté sa production et l’entente sur le nucléaire iranien laisse croire que là aussi, on pourrait assister à une augmentation de la production, compte tenu de l’assouplissement probable des sanctions imposées à l’Iran.
« Comme la hausse du prix ne semble pas vraiment justifiée dans le contexte de l’augmentation de production de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), le prix risque plutôt de reculer quelque peu au cours des prochains mois», prévoit M. D’Anjou.
Le Service des études économiques de Desjardins a d’ailleurs réduit sa cible de fin d’année pour le prix du pétrole de 70$ à 60$.
Dans un rapport de recherche publié lundi par Barclays Plc et commenté sur le réseau Bloomberg, on note plusieurs facteurs qui portent également à croire que la remontée du prix du pétrole risque d’être éphémère.
D’abord, contrairement au prix courant, les prix des contrats à terme portant sur une plus longue période sont à la baisse. Par exemple, le prix du baril pour livraison en janvier 2019 a baissé de 2$ depuis 2 mois, passant de 68,32$ à 66,35$. Il semble donc que les négociateurs dans le secteur du pétrole estiment que la remontée du prix a été trop forte.
De plus, les positions à découvert sur les contrats à terme sur le pétrole sont à leur plus haut niveau, selon les chiffres de la U.S. Commodity Futures Trading Commission. «Cela indiquerait que les producteurs s’empressent de vendre rapidement leur production future croyant que les prix d’aujourd’hui sont supérieurs à ceux qu’ils pourraient obtenir au cours des prochains mois», note l’étude de Barclays Plc.
Enfin, les stocks de pétrole aux États-Unis totalisent maintenant tout près de 500 millions de barils, le plus haut niveau jamais atteint depuis que l’Energy Information Administration compile cette statistique. Jamais avant l’été dernier les stocks n’avaient excédé 400 millions de barils.
La poursuite de la remontée du prix du baril de pétrole est donc loin d’être assurée.
Photo Bloomberg