Alors que nos ressources de base – l’eau, l’énergie et la nourriture – sont de plus en plus sollicitées, des entreprises innovatrices dans le monde répondent à l’appel. Centrées sur l’optimisation des ressources, ces leaders en environnement prolongent la durée de vie des ressources naturelles afin de soutenir la demande mondiale grandissante. À mesure que ce mouvement évolue, ces entreprises ont fini par représenter des occasions intéressantes de croissance et de diversification pour les investisseurs.

Hubert Aarts, directeur exécutif et cochef de l’équipe des titres de capitaux propres inscrits à une cote, chez Impax Asset Management, et sous-conseiller du Fonds leaders en environnement NEI, fait la lumière sur ce qui stimule la croissance chez les leaders en environnement. Il explique également pourquoi les investisseurs doivent en tenir compte et où se trouvent les occasions en optimisation des ressources.
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Nous prenons davantage conscience des défis environnementaux dans le monde. Selon vous, quels sont quelques-uns des facteurs environnementaux clés dans la création de croissance pour les investisseurs ?

Nous croyons que la dynamique démographique, la pénurie des ressources, l’inadéquation des structures et autres contraintes environnementales façonneront en profondeur les marchés mondiaux dans l’avenir. Nous pouvons considérer ces facteurs de deux manières. La première consiste à examiner les tendances en matière de croissance démographique et d’urbanisation, et ce qui en résulte, soit la croissance de la demande de ressources rares, telles que l’eau potable, et l’approvisionnement alimentaire. La deuxième manière d’examiner les facteurs environnementaux consiste à étudier les quantités croissantes de déchets que nous produisons et les conséquences que cela entraîne, comme la pollution et les changements climatiques. Nous sommes convaincus que les entreprises qui réussissent à atténuer ces risques représentent d’importantes occasions de placement.

Où en sont les entreprises leaders en environnement dans ce cycle ? Ces entreprises en sont-elles à leurs tout premiers débuts ? Ou peut-être atteignent-elles un point culminant ?

Pour comprendre la croissance de ces occasions, il faut séparer dans votre vision de la situation actuelle les innovations de produits et les facteurs géographiques. Par exemple, sur le plan des véhicules écoénergétiques, les marchés développés sont rendus très loin pour stimuler l’efficacité énergétique et réduire les émissions. Les marchés émergents, comme la Chine, rattrapent rapidement les marchés développés, mais des pays comme l’Inde accusent un retard sur cette question, même si l’Inde est touchée par une pollution considérable causée par les moteurs au diésel. Autre exemple de cet écart, les solutions d’énergie renouvelable qui progressent beaucoup mais dépendent énormément des subventions et des politiques gouvernementales. Dans de nombreux cas, nous avons fait beaucoup de chemin, mais la poursuite de la croissance dépend de la détermination des gouvernements et des populations à accepter ces innovations et à les mettre en œuvre. Lorsque nous analysons les occasions, nous prenons en considération ces deux facteurs.

Que diriez-vous à un investisseur qui se montre sceptique quant à l’investissement dans la durabilité et les innovations environnementales ?

En 2017, les marchés ont été vigoureux, mais le consensus est que la croissance mondiale semble ralentir. Alors que la performance passée n’indique pas nécessairement les résultats futurs, les entreprises liées aux questions environnementales représentées dans le Fonds leaders en environnement, par exemple l’eau, l’énergie, les déchets et l’agriculture, ont performé les marchés mondiaux historiquement.

Les entreprises leaders en environnement dans le monde constituent aussi un certain ensemble de sociétés de petite et moyenne capitalisation. Ces entreprises ne sont pas présentes dans la plupart des portefeuilles de titres canadiens et mondiaux, et sont non corrélées avec une importante partie du marché canadien, c’est pourquoi elles peuvent apporter un fort niveau de diversification à un portefeuille.

L’utilisation de ces investissements comme la partie centrale du portefeuille d’un client – ou comme une stratégie satellite complémentaire – n’est pas une mode passagère. Chez Impax et chez NEI, nous considérons que c’est simplement un investissement basé sur le bon sens. Ces sociétés bien gérées qui trouvent des façons innovatrices d’optimiser nos ressources limitées pourraient constituer les futures voies de la croissance mondiale.

Les données environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) deviennent de plus en plus facilement accessibles. Comment utilisez-vous ces données lors de votre processus d’investissement ?

Nous pensons que les données ESG peuvent être utilisées à divers niveaux, mais qu’il faut les combiner à une gestion active solide et à une compréhension profonde des développements en matière d’environnement.

Par exemple, nous utilisons d’abord des données ESG pour passer au crible le vaste univers des occasions d’investissement et le réduire à un nombre adéquat pour travailler. Pour nous, cela représente environ 1 600 sociétés. Mais seul un filtre ESG initial peut vous y conduire. Nous effectuons ensuite notre propre recherche fondée sur l’analyse fondamentale ascendante, et nous évaluons chaque entreprise selon une échelle exclusive.

L’ESG joue également un rôle à un autre niveau, soit un engagement actif et un dialogue avec les sociétés dans lesquelles nous investissons. Nous rencontrons ces entreprises régulièrement pour mieux vérifier si elles adoptent vraiment de bonnes pratiques environnementales, sociales et de gouvernance. Nous leur offrons aussi de l’aide sur la manière d’améliorer leurs pratiques ESG. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut déterminer en se basant seulement sur un résultat ESG.

Quelles sont les tendances en leadership environnemental et où se trouve le plus grand potentiel ?

Je crois que l’on peut répartir certaines des plus grandes occasions actuelles en quatre catégories principales : l’efficacité énergétique, les infrastructures hydrauliques, la durabilité de l’approvisionnement alimentaire et la récupération des déchets.

En efficacité énergétique, l’électrification du parc automobile, en particulier l’hybridation des voitures, qui sera une importante tendance à court terme, est un sujet qui évolue rapidement. Là, nous ne mettons pas tant l’accent sur les constructeurs automobiles que sur les innovateurs dans des domaines évidents, comme le stockage de batterie, et dans d’autres domaines inattendus, comme les solutions de câblage, parce que les véhicules électriques ont besoin de beaucoup plus de câblage.

Sur le plan des infrastructures hydrauliques, la demande de remplacement des systèmes et des infrastructures hydrauliques vieillissants se fait pressante, spécialement en Chine et en Inde en raison de la rapidité de l’urbanisation et de la montée de la classe moyenne. Ces régions du monde ont un besoin urgent d’amélioration de la filtration, de la surveillance et de l’analyse de l’eau ainsi que de l’instrumentation numérique de leurs systèmes hydrauliques, tant résidentiels qu’industriels.

Quand on parle de sources d’alimentation durables, il faut penser à la croissance de la population et à ses nouvelles demandes. Par exemple, en Asie, certaines personnes passent d’une alimentation principalement à base de riz à la consommation de poulet et de bœuf. Cela mène à une augmentation du gaspillage alimentaire et à une diminution des terres arables, ce qui entraîne des innovations telles que l’emballage sous vide pour prolonger la durée de vie de la nourriture et à de nouvelles installations qui optimisent la production alimentaire.

Si on pense à la récupération des déchets, le monde génère davantage de gaspillage alimentaire et demande plus de bétail émettant des gaz à effet de serre – particulièrement à mesure que la croissance des marchés émergents se poursuit –, c’est pourquoi de nouvelles ressources de récupération constituent des occasions importantes. Par ailleurs, les systèmes de recyclage des matières de grande valeur, comme celles utilisées en électronique et les métaux des terres rares, dont l’extraction est coûteuse et difficile, possèdent un fort potentiel de croissance.

Une chose est claire : ces questions de leadership en environnement évoluent rapidement, ce qui entraînera au cours des prochaines années de nouvelles innovations et des occasions d’investissement de qualité pour les investisseurs soucieux d’avoir un impact.


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