Qu’il s’agisse d’actifs enregistrés (REER, CELI, RVER, etc.), d’actifs immobilisés (CRI, REER immobilisés, FRV, etc.) d’actifs immobiliers (résidence principale, secondaire, etc.), d’actifs corporatifs (sommes détenues dans une société par actions) ou autre, le décaissement optimal de ceux-ci amènera sont lot de défis. L’arrimage des retraits de ces actifs aux sources de revenus récurrentes (régimes de retraite publics, régimes de retraits à prestations déterminées, etc.), dont certaines sont indexées, nécessitera également une planification. Au-delà des considérations fiscales, d’immobilisation ou autres, quelle devrait être la forme globale des revenus de retraite du particulier?
Revenus stables ou indexés
Viser un revenu global indexé coutera cher, très cher. Le tableau suivant (à droite dans la section «Documents») présente le capital nécessaire, dans un véhicule enregistré (REER, CRI, FERR, FRV ou CELI), pour générer, pour la durée de décaissement raisonnable, un revenu annuel de 10 000 $. Dans le cas d’un véhicule tel le REER, CRI, FERR, FRV ou RVER, le revenu annuel précité de 10 000 $ sera soumis à l’imposition. À l’inverse, si le véhicule utilisé est le CELI, ce revenu annuel sera exempt d’impôts. En raison de l’imposition annuelle des rendements sur les actifs non-enregistrés (hors véhicules nommés ci-avant), le tableau ci-après s’applique difficilement à ces actifs.
Les calculs ont été effectués en utilisant les Normes d’hypothèses de projections de l’IQPF de 2017. On y spécifie la durée de décaissement raisonnable, le niveau d’inflation annuel de 2,00% et un rendement net de 4,00%, ce qui correspond, toujours selon ces Normes, au rendement à long terme d’un portefeuille équilibré dans un environnement de frais annuels approximatif de 1,00%. La durée de décaissement raisonnable, qui apparaît au tableau, représente le nombre d’années au-delà duquel le particulier n’a statistiquement que 25 % de probabilité de survivre.
En utilisant ce tableau, on peut estimer qu’un homme âgé de 65 ans qui désire tirer de son REER un revenu annuel non indexé de 40 000 $ aura besoin de quatre fois le solde présenté à ce tableau, soit un montant de 679 348 $. Ce même homme qui vise un revenu de 40 000 $, mais cette fois indexé à l’inflation, donc un pouvoir d’achat constant, aura besoin d’un montant de 878 368 $. Ce dernier montant est de 29% supérieur au montant nécessaire pour financer le même revenu non indexé. Viser un revenu indexé nécessitera donc un effort d’épargne supplémentaire de cet ordre, 29%, ou, à solde d’épargne égal, impliquera un revenu de départ moindre. L’alternative, soit viser un revenu constant, implique littéralement un appauvrissement annuel du retraité.
Revenus uniformes ou en escalier
De très nombreux retraités, actuels ou futurs, voient leur retraite comme deux périodes successives. La période « Vacances » (par exemple de 60 ans à 75 ans) sera celle où ils seront très actifs, feront du sport, voyageront et s’impliqueront à travers le bénévolat par exemple. Suivra la période « Repos » (après 75 ans dans l’exemple précité) durant laquelle le rythme va forcément ralentir. Quoiqu’il semble assez clair que le style de vie et la nature des dépenses seront très différents d’une période à l’autre, est-ce que cela se traduira nécessairement par une baisse des dépenses? Il est fort probable que les dépenses de loisirs de la première période soient éventuellement remplacées par des dépenses de soins de santé dans la deuxième période.
Tout dépendamment du niveau global de revenus, serait-il imprudent de tabler sur une baisse importante des revenus à un âge avancé? La définition de qualité de vie du particulier va forcément changer entre les deux périodes précitées mais pourquoi la qualité de vie de la seconde période serait-elle moins importante que celle de la première période?
L’optimisation des revenus de retraite nécessitera évidemment une analyse mathématique très structurée. Ce travail devrait toutefois probablement être précédé d’une discussion avec le client sur plusieurs éléments dont les deux précités.