Mis en marché en mars 2013, le Fonds Barrage d’actions américaines affichait 63 M$ d’actif à la fin décembre.
Âgés de 42 ans en moyenne, les quatre associés de Barrage Capital mettent en commun leurs idées afin de faire fructifier leur seul et unique fonds. Le quatuor recherche la «valeur». Le portefeuille du fonds est actuellement composé de 10 titres, pour la plupart de grandes sociétés américaines.
À l’heure où le roi incontesté de la valeur, le légendaire Warren Buffett, avoue ses difficultés à trouver des occasions d’investissement au point d’envisager une première distribution de dividendes à ses actionnaires impatients, est-il encore possible de trouver de grandes entreprises sous-évaluées pouvant procurer des rendements d’escompte, aux États-Unis, pays le plus couvert au monde par les analystes boursiers de la planète ?
«Le fait d’être un petit gestionnaire d’actif nous avantage. On trouve des idées qu’un Buffett ne trouverait pas attrayantes en raison de la taille gigantesque de son conglomérat, Berkshire Hathaway. Par exemple, en juin dernier, nous cherchions des idées d’investissement et notre niveau d’encaisse atteignait près de 30 %. Depuis ce temps, nous avons déployé la presque totalité du capital en investissant notamment dans deux nouvelles entreprises en Grande-Bretagne», explique Rémy Morel, l’un des quatre associés.
Tout en adoptant une philosophie d’investissement sécurisante à la Warren Buffett, la firme entend se présenter comme une solution de rechange à la gestion traditionnelle. «Nous investissons selon une optique valeur, mais d’une façon très concentrée. C’est ce qui nous distingue de la gestion traditionnelle», énonce Rémy Morel.
Depuis les débuts du fonds, le nombre de titres en portefeuille a varié de 7 à 15. Certains titres peuvent représenter jusqu’à 15 % de la valeur du portefeuille.
Par ailleurs, la diffusion accélérée d’information ne favorise pas que les grandes firmes d’investissement de ce monde. «Lorsque Warren Buffett a commencé sa carrière, il se basait, en partie du moins, sur la lecture de rapports annuels qu’il recevait par la poste. Aujourd’hui, les sources d’information se sont multipliées et elles peuvent servir aux petites firmes comme la nôtre. Notre recette, c’est la patience, la recherche approfondie et l’aversion pour le risque», poursuit Rémy Morel.
Les marges bénéficiaires de Barrage Capital suffisent à couvrir les frais fixes – dont des bureaux dignes d’une agence de publicité, sur le boulevard Saint-Laurent, à Montréal – ainsi que les salaires des quatre associés et de deux employées.
Et jusqu’ici, les rendements sont au rendez-vous. Barrage Capital, dont le nom renvoie «aux barrages hydroélectriques, qui représentent la création de richesse au Québec», affiche des rendements annualisés de 20,9 % (après frais) depuis ses origines, en 2013.
La firme facture des frais de base de 1 % par année, à quoi s’ajoutent des frais de performance qui équivalent à 20 % des rendements excédant un seuil de 5 % par année. Par exemple, en 2017, le fonds a généré des gains de 11,66 % avant frais et de 9,28 % après frais.
Qui sont les investisseurs ?
La page d’accueil du site de Barrage Capital proclame que «100 000 $ investis à l’ouverture du fonds en mars 2013 valent aujourd’hui 249 976 $». Voilà qui ouvre des portes !
Selon les données que nous a transmises Catherine Meinrath, avocate et directrice administrative de Barrage Capital, le nombre d’investisseurs se situerait à environ 350. L’investissement moyen serait de 200 000 $. «La majorité des investisseurs habitent au Québec. Les autres sont en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique», indique-t-elle.
Les clients qui veulent investir directement dans le fonds devront débourser une somme minimale de 100 000 $ à compter du mois de mars. C’est 25 000 $ de plus qu’auparavant.
Toutefois, s’ils utilisent les services de conseillers inscrits à titre de représentants-conseils (ou de gestionnaires de portefeuille), ils devront alors miser une somme minimale de 50 000 $. Ces représentants-conseils devront déterminer si l’investissement dans le fonds correspond aux besoins et aux capacités financières du client.
À l’image du barrage qui génère de l’énergie après avoir amassé de grandes réserves d’eau, les fondateurs voient l’avenir en grand.
«Si notre fonds grossit suffisamment, nous pourrions nous attaquer au marché de l’épargne collective. Nous étudions cette situation chaque année. Nous examinons aussi la possibilité d’être un jour présents aux États-Unis !» confie Rémy Morel.