Les consommateurs laissent de plus en plus de traces de leurs plans financiers sur les réseaux sociaux ou dans leur historique de recherches en ligne, par exemple, lorsqu’ils songent à acheter une maison. Ils permettent ainsi aux géants de la technologie non seulement de tirer profit de cette information, mais potentiellement de se lancer dans les services bancaires, a observé M. McKay.
« Alors que ces joueurs du secteur technologiques réalisent leur dividende numérique, il y a un risque que notre visibilité auprès des clients diminue dans les ‘écosystèmes’ de l’avenir », a-t-il affirmé vendredi aux actionnaires de sa banque, réunis à l’occasion de leur assemblée annuelle, à Toronto.
La technologie continue de modifier le paysage des services bancaires alors qu’un nombre croissant de consommateurs utilisent les options en ligne ou leur téléphone intelligent pour gérer leurs finances, au détriment des succursales physiques. Le téléphone mobile est maintenant le premier canal numérique de la Royale, a indiqué M. McKay, avec 3,4 millions d’utilisateurs actifs, un chiffre en hausse de 19 % par rapport à il y a un an.
Conséquemment, les plus grandes banques canadiennes ont investi d’importantes sommes dans l’innovation technologique pour tenter de conserver la tête du peloton. Au cours du dernier exercice financier, la Royale a allongé plus de 3 G$ dans les technologies, incluant les initiatives numériques, la cybersécurité et l’intelligence artificielle.
Et même si les plus petites entreprises du secteur de la technologie financière sont à la fois des partenaires et des concurrentes des banques traditionnelles, les grandes sociétés technologiques et leurs vastes ressources financières représentent une menace beaucoup plus imposante.
Par exemple, le mois dernier, le « Wall Street Journal » a rapporté que le géant du commerce de détail en ligne Amazon négociait avec deux grandes banques américaines pour commencer à offrir un produit ressemblant à des comptes chèques pour ses clients.
Selon M. McKay, il existe un risque que ces entreprises spécialisées dans la recherche en ligne, le commerce électronique ou les réseaux sociaux soient les premières à déduire les besoins des consommateurs et les redirigent vers les institutions financières qui sont prêtes à payer pour obtenir cette information, ou encore à se lancer elles-mêmes dans les services bancaires.
« Nous songeons à quelqu’un qui se retrouve entre vous et votre client, avec cette information, et qui commence à influencer le client pour qu’il choisisse d’autres fournisseurs. »
La Banque Royale, la plus grande banque au Canada, a identifié un certain nombre d’ « écosystèmes » numériques où se trouvent ses clients, a poursuivi M. McKay, et dans lesquels la banque croit pouvoir jouer un « rôle intégral à l’avenir ».
Le patron de la Royale a notamment évoqué l’application Drive de la banque, récemment lancée, qui est destinée aux propriétaires de véhicules automobiles. Celle-ci leur permet de regrouper les informations sur leur véhicule, de leur donner des conseils, de faire un suivi sur les rappels, les trajets ou les assurances, et de prévoir les rendez-vous de service.
La Royale investit aussi d’importantes sommes dans l’intelligence artificielle, et compte sur une équipe de plus de 200 scientifiques spécialisés en données.
Plus de prudence
Par ailleurs, M. McKay a estimé que le ralentissement du marché immobilier signalait un changement bienvenu dans la psychologie des consommateurs, qui se montrent plus prudents. Selon lui, la Royale observe une tendance plus équilibrée pour les prix depuis le resserrement des conditions du marché entamé l’an dernier.
Les marchés immobiliers des régions de Vancouver et de Toronto, les plus actifs du Canada, ont affiché des ventes en baisse de plus de 10 % au mois de mars, par rapport à l’an dernier.
La Colombie-Britannique et l’Ontario ont mis en place une série de mesures pour ralentir ces marchés immobiliers, notamment en imposant une taxe immobilière pour les acheteurs étrangers.
D’autres mesures sont venues appuyer ces initiatives au niveau fédéral, incluant l’imposition, depuis le 1er janvier, d’une simulation de crise pour les acheteurs qui contractent un prêt hypothécaire auprès d’une institution réglementée par le fédéral.
Tant les taux des hypothèques à taux variable que ceux des hypothèques à taux fixe ont augmenté en raison des décisions de la Banque du Canada et des fluctuations des marchés obligataires.