Extrapolations hasardeuses

GUIDE FNB 2018 – Parfois, un FNB peut être cher et peu diversifié.

burakowski / 123rf

Voici quelques idées reçues qui ne sont pas nécessairement vraies concernant les fonds négociés en Bourse (FNB). Bien analyser le produit permet d’y voir plus clair.

«Les FNB me donnent le même rendement que celui de l’indice qu’ils cherchent à reproduire.»

Cette affirmation est inexacte principalement en raison du ratio des frais de gestion (RFG) du FNB. Le RFG ampute la performance du FNB. Comme les frais sont prélevés à même l’actif du fonds, il est rare qu’un FNB obtienne le même rendement que l’indice qu’il cherche à reproduire.

Cet écart entre le rendement de l’indice cible et celui du FNB s’appelle l’erreur de réplication ou l’erreur de suivi (tracking error). «Nos recherches montrent que pour la plupart des indices passifs « de base », pondérés en fonction de la capitalisation boursière, presque toute l’erreur de suivi observable s’explique par le RFG», indique Daniel Straus, vice-président et chef de la recherche et de la stratégie sur les FNB à la Financière Banque Nationale.

«En ce qui concerne les FNB « de base », domestiques et à faibles frais de gestion, la différence entre le rendement du FNB et celui de l’indice est souvent très mince. C’est le cas par exemple des FNB qui calquent le S&P/TSX composite, ceux qui calquent l’indice de marché total des obligations canadiennes», précise Raymond Kerzérho, directeur de la recherche chez PWL Capital.

L’erreur de suivi peut être plus importante pour certains fonds dont l’indice de référence est difficile à reproduire, dont les actifs sous-jacents sont illiquides ou qui prévoit des rééquilibrages fréquents.

Lorsque l’indice est souvent rééquilibré, le coût des transactions s’ajoute au RFG, ce qui accroît l’erreur de suivi. Lorsque l’indice est difficile à reproduire ou quand l’indice suit des actifs illiquides, les manufacturiers de FNB vont reproduire un échantillon des titres de l’indice. «Par exemple, certains FNB ne reproduisent pas intégralement leur indice parce que ce serait impossible d’acheter tous les titres de l’indice. Ce problème est fréquent avec les indices d’obligations. Ces FNB reproduisent leur indice avec des méthodes d’échantillonnage, ce qui introduit des erreurs», note Raymond Kerzérho.

Selon lui, les retenues à la source sur les dividendes étrangers et les écarts d’évaluation sur les devises étrangères ont aussi un impact sur les erreurs de réplication d’un FNB.

«Il est techniquement vrai que le FNB ne peut pas offrir le même rendement que l’indice de référence, mais dans la plupart des cas, les FNB réussissent très bien à reproduire le rendement de référence, net de frais. Cette prévisibilité fait partie de l’attrait des FNB, surtout par rapport aux fonds communs de placement (FCP) à coût élevé», indique Daniel Straus.

Selon lui, il y a même des exemples isolés de certaines périodes où les FNB ont fait mieux que de donner le rendement de l’indice net de frais. Ceci s’explique principalement en raison des revenus du FNB provenant de ses activités de prêt de titres, lesquelles génèrent un revenu supplémentaire qui contrebalance l’effet des frais de gestion.

«Les gros FNB sont meilleurs que les petits.»

«Le fait qu’un FNB ait un actif sous gestion élevé ne lui confère aucun avantage en soi. Si un FNB n’a pas beaucoup d’actif et que vous êtes acheteur, vous êtes pris en charge par le processus de création de parts, qui fonctionne généralement très bien, surtout dans le cas encore une fois des FNB « de base » qui reproduisent les grands indices de marché», explique Raymond Kerzérho.

Une grande liquidité des actifs sous-jacents du FNB facilite donc la création ou le rachat de parts du FNB. Un FNB peut donc accroître ou diminuer rapidement son nombre de parts dans la mesure où les titres sous-jacents sont très liquides, comme c’est le cas de grands indices comme le S&P 500.

«Bon nombre voient un lien entre la capitalisation boursière et la liquidité : plus l’entreprise est grande, plus le volume est élevé et plus l’action est liquide. Cependant, les FNB ne suivent pas cette relation : contrairement aux actions ordinaires, ils n’ont pas une offre limitée d’actions, note Daniel Straus. Les mainteneurs de marché peuvent créer ou racheter de nouvelles parts à leur guise en s’approvisionnant en liquidités sur le marché sous-jacent. Par exemple, le S&P 500 est un indice très liquide et un très petit FNB tout neuf qui le suit devrait avoir la même liquidité fondamentale sous-jacente que le SPY ou le IVV, qui s’échangent à des millions de parts par jour.»

«Les FNB ne sont pas chers.»

Cette affirmation est généralement vraie, mais peut être fausse dans certains cas. Par exemple, certains FNB peuvent avoir des RFG élevés, comme les FNB gérés activement ou les FNB à effet de levier. De plus, si on inclut les frais d’opération, les coûts de l’écart entre le cours acheteur et le cours vendeur, et les commissions payées à l’achat et à la vente des parts de FNB elles-mêmes, les coûts totaux de détention peuvent être élevés pour certains FNB (Lire Ayez à l’oeil les autres coûts, en pages 8, 10 et 11 de la présente édition).

«La plupart des FNB sont plutôt bon marché si on les compare aux standards des FCP, mais il y a quelques exceptions, et avec la croissance des FNB à gestion active, il y a beaucoup plus de FNB qui coûtent 0,65 % ou plus», note Daniel Straus.

«Les FNB « de base » qui reproduisent les grands indices de marché ne sont pas chers. Plus on ajoute de bells and whistles, plus les FNB deviennent chers. C’est un peu comme acheter une automobile. Les marges bénéficiaires sont plus élevées sur les options», illustre Raymond Kerzérho.

«Les FNB offrent de la diversification dans un seul fonds.»

Cette affirmation est vraie pour les FNB «de base» qui reproduisent les grands indices de marché, note Raymond Kerzérho. Or, elle peut être fausse pour certains FNB. Par exemple, à la fin de mars, 74,8 % de l’actif du iShares S&P/TSX Capped Information Technology Index ETF était concentré dans quatre actions sur un total de 21 titres.

De plus, certains FNB couvrent des secteurs nichés, comme les banques canadiennes, les producteurs de marijuana, les firmes spécialisées en intelligence artificielle ou les distilleries. Ils présentent un risque de concentration élevé.

«Les FNB sont simplement un emballage pour un ensemble d’actifs sous-jacents. Les investisseurs devraient toujours comprendre et savoir ce qu’ils achètent par l’intermédiaire de leurs fonds», dit Daniel Straus.

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