L’offre de FNB s’intensifie

GUIDE FNB 2018 – La croissance du marché stimule l’innovation, rendant l’offre diversifiée, mais plus complexe.

  • Par : Richard Cloutier
  • Source : Finance et Investissement
  • 27 avril 2018 11 novembre 2019
  • 00:08
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Le secteur canadien des fonds négociés en Bourse (FNB) a poursuivi sa forte croissance au cours de la dernière année. Cette tendance s’est traduite par la multiplication du nombre de manufacturiers et une offre plus étendue de produits.

En 2017, le marché canadien des FNB a atteint un actif sous gestion de 147 G$. Les ventes nettes de FNB canadiens ont atteint un record de 25,8 G$, soit une hausse de 56 % comparativement aux ventes nettes de 2016, selon le rapport Perspectives des FNB publié en janvier 2018 par BMO Gestion mondiale d’actifs. Les FNB d’actions et les FNB de titres à revenu fixe ont respectivement obtenu des entrées de fonds additionnelles de 13,1 G$ et de 10,7 G$.

«Nous avons pu observer une explosion de nouveaux fournisseurs au cours de la dernière année», constate Daniel Straus, vice-président et chef de la recherche et de la stratégie sur les FNB chez Financière Banque Nationale.

Onze nouveaux fournisseurs sont entrés sur le marché canadien en 2017, y compris Redwood Asset Management et PIMCO, ce qui porte le nombre à 28. Il y en avait neuf à la fin de 2014.

Parallèlement, Daniel Straus signale de légères consolidations : en 2017, Evolve Funds Group a acquis les FNB Sphere, alors que WisdomTree Canada a acheté les FNB de Questrade. «La croissance vient de tous les horizons : des gestionnaires de fonds communs de placement traditionnels comme AGF et Placements Mackenzie, aux compagnies d’assurance comme Manuvie et, dans une certaine mesure, Financière Sun Life qui a acheté Fonds Excel, et bien sûr en passant par de petits gestionnaires, par exemple BristolGate Capital Partners et Equium Capital, tous deux de Toronto.»

Cette multiplication des émetteurs de FNB s’est traduite par la création de nombreux produits. En 2017, 169 nouveaux FNB ont été lancés au Canada, ce qui a fait croître le nombre total de FNB à 583 en février 2018. On en comptait moins de 340 à la fin de 2014.

«La gamme de FNB à la disposition des investisseurs est plus vaste que jamais. La croissance de ce secteur a entraîné l’émergence de nouveaux FNB qui transcendent les expositions traditionnelles aux actions et aux titres à revenu fixe, offrant aux investisseurs un accès aux tendances de marché innovatrices et à des stratégies complexes de produits dérivés», a affirmé Mark Raes, chef du développement des affaires FNB, BMO Gestion mondiale d’actifs, en marge de la publication du rapport sur les FNB de BMO.

Les FNB pullulent

Le marché des FNB canadiens se divise en trois types principaux. Le segment le plus important sur le plan des actifs est constitué de fonds indiciels gérés de façon passive. Il représentait 63 % des ventes nettes de 2014 à 2016, selon Strategic Insight. De janvier à octobre 2017, ce segment obtenait 60 % des ventes nettes.

Placements Vanguard Canada, qui évolue dans ce segment, se démarque de ses concurrents principalement en raison de ses FNB indiciels gérés passivement à frais modiques. Daniel Straus cite en exemple le lancement par ce gestionnaire, en février 2018, de trois portefeuilles de FNB de répartition d’actifs à faible coût ayant recours à une stratégie indicielle de «FNB de FNB» et de gestion passive pour les profils d’investisseurs conservateurs, équilibrés et de croissance. Selon lui, «ces FNB pourraient concurrencer étroitement les fonds communs de placement équilibrés ainsi que les robots-conseillers. Leurs frais de gestion sont de 22 points de base et en un peu plus d’un mois, ils ont récolté 75 M$ d’actifs».

Tout en bénéficiant d’une couverture médiatique favorable, Vanguard, dont les actifs ont doublé au cours des deux dernières années, concentre au Canada ses efforts de marketing auprès des conseillers dont la rémunération est composée d’une combinaison de commissions et d’honoraires (fee-based), précise Rudy Luukko, rédacteur, investissements et finances personnelles chez Morningstar Canada.

Les FNB à gestion active constituent le deuxième segment en importance. Ce segment peut être divisé en deux groupes. D’abord, les FNB de type «bêta stratégique», dont les avoirs sont déterminés par des stratégies fondées sur des règles, par exemple le FNB Desjardins Marchés émergents multifacteurs à volatilité contrôlée (DFE). Les FNB à bêta stratégique représentaient de 11 à 12 % des ventes nettes de 2014 à 2017, selon Strategic Insight.

«iShares a surpris les investisseurs en s’associant à Fonds Dynamique, une division de Banque Scotia, pour mettre sur le marché des « FNB de fonds communs de placement » gérés activement. Le revenu fixe géré activement est une tendance intéressante qui promet des avantages potentiels aux investisseurs», signale Daniel Straus au sujet de ce type de FNB.

L’autre groupe de FNB gérés activement est celui qui peut être décrit comme étant «entièrement» géré activement, c’est-à-dire que les placements sont fondés sur les processus de sélection des titres et sur le jugement des gestionnaires plutôt que sur une méthode reposant sur des règles. Le FNB d’actions mondiales Mackenzie Ivy (MIVG), lancé en novembre, en est un exemple.

Le troisième type de FNB est celui qui utilise un effet de levier. Selon Rudy Luukko, seul FNB Horizons propose actuellement ce type de produit. «Bien qu’ils puissent être utiles aux investisseurs institutionnels ou aux particuliers qualifiés, ils ne conviennent pas à la grande majorité des clients de détail», estime-t-il.

Quoique la plupart des nouveaux FNB aient principalement recours à des stratégies gérées activement, certains fournisseurs ont aussi lancé récemment des produits à gestion passive. C’est le cas de Gestion de Placements TD et Placements Mackenzie qui ont lancé des FNB indiciels passifs dont les frais sont concurrentiels par rapport aux principaux fournisseurs de FNB indiciels comme BlackRock et Vanguard, indique Rudy Luukko. «Les grandes entreprises comme TD et Mackenzie peuvent se permettre de le faire puisqu’elles peuvent utiliser ces FNB indiciels passifs comme composantes de portefeuilles dont les actifs sous-jacents sont des FNB.»

Rudy Luukko cite en exemple le lancement par Placements Mackenzie en janvier 2018 de cinq fonds communs de placement de la série Portefeuille FNB, qui investissent activement dans l’éventail complet de FNB de l’entreprise. «Puisque les portefeuilles sont structurés comme des fonds communs, on peut les acheter par le truchement de courtiers en fonds communs, dont la vaste majorité ne sont pas agréés pour faire directement la négociation de FNB.»

Nouvelles niches

Pour leur part, les petits manufacturiers indépendants ont essentiellement cherché à se différencier en proposant des stratégies distinctes. Selon Rudy Luukko, une tendance s’est affirmée au sein du secteur au cours de la dernière année, soit l’investissement dans des FNB thématiques, par exemple les FNB qui couvrent l’investissement dans l’intelligence artificielle ou dans les titres qui respectent les exigences en matière éthique, sociale et de gouvernance (ESG). Les FNB de la famille Evolve, qui sont consacrés à la marijuana, à la cybersécurité, à l’innovation automobile et à la diversité des sexes, sont d’autres exemples apparus récemment, tout comme ceux consacrés à la technologie blockchain, comme le FNB Blockchain Technologies (HBLK), de Harvest Portfolios Group.

Rudy Luukko évoque une autre tendance récente qui reflète ce qui s’est passé historiquement dans l’industrie des fonds communs de placement, celle des FNB spécialisés qui se concentrent étroitement sur une seule industrie. «Le meilleur exemple en est les FNB de l’industrie de la marijuana. Il en existe maintenant quatre», mentionne Rudy Luukko.

Daniel Straus explique ainsi cette évolution : «Au lendemain de la crise financière, de nombreux investisseurs scandalisés ont cherché à protéger leur capital. C’est la raison pour laquelle les FNB d’actions, dits « à faible volatilité » ou « à volatilité minimale », se sont vendus comme des petits pains chauds. Puisque le marché haussier s’est poursuivi pendant plusieurs années, les FNB multifactoriels se sont multipliés, car les fournisseurs les offraient comme moyen de surperformer le marché en automatisant les stratégies factorielles éprouvées (valeur, momentum, qualité) dans un format indiciel.»

Maintenant, le marché des FNB est très compétitif et les fournisseurs sont en concurrence à la fois sur les coûts et sur l’innovation. «Considérant la hausse d’intérêt pour les FNB thématiques, qui sont des produits souvent très concentrés dans des industries fortement nichées, cela suggère que la peur laissée par la période 2008-2009 commence enfin à s’atténuer», analyse Daniel Straus.

Rudy Luukko est d’avis que le FNB Horizons Actif I.A. actions mondiales (MIND) est à l’avant-garde d’une tendance émergente en gestion de portefeuille. Selon celle-ci, les programmes d’intelligence artificielle exécutent les stratégies de placement en analysant d’énormes quantités de données et ajustent leurs critères de sélection des titres. «Ceci est différent des stratégies bêta stratégiques basées sur des règles traditionnelles», dit-il. Selon différentes études, la plupart des activités des gestionnaires de portefeuille seront touchées par l’intelligence artificielle, comme la sélection de titres et la répartition d’actif, ce qui risque d’être synonyme de suppression d’emplois de portefeuillistes.

Comprendre avant d’acheter

Le fait qu’on puisse facilement négocier un FNB, y compris durant une même journée, peut toutefois devenir un piège, avertit Daniel Straus. Cette situation pourrait «encourager les investisseurs à « surnégocier » leurs fonds».

Pour cette raison, le conseiller devrait rappeler à son client que «même si la négociation tactique a sa place, les transactions touchant les FNB ont leurs propres coûts qui peuvent éroder les rendements des investissements», indique Daniel Straus.

Il ajoute : «Bien que nous aimions les FNB parce qu’ils sont peu coûteux, transparents, liquides, diversifiés et fiscalement avantageux, il n’est pas nécessairement vrai que tous les FNB possèdent ces qualités. Il existe des FNB qui ne sont rien de tout cela ! Pour cette raison, notre première règle empirique est de « comprendre ce que vous achetez ».»

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