Une proposition de base résume l’approche de Marc Lévesque, représentant en épargne collective chez Groupe Cloutier Investissements, à Boisbriand, dans les Laurentides : «Je dis à mes clients que, selon leur degré de tolérance au risque et indépendamment de toutes les crises financières, ils vont réaliser un rendement annuel entre 4 % et 7 %, net de frais. Et ma feuille de route le démontre.»
Pour assurer cette performance, Marc Lévesque s’appuie d’abord et avant tout sur les fonds communs équilibrés. «Des collègues me disent : « Tu gères de façon facile ». Peut-être, mais mon client, lui, dort de façon sereine», commente-t-il. Il faut dire que sa clientèle de 675 clients constituant un actif sous administration de 44 M$ affiche une moyenne d’âge entre 50 et 60 ans, et est donc rendue à une étape plus conservatrice.
De plus, le parcours du conseiller, qui s’étale sur 24 ans, a été ponctué de crises. «J’ai eu mon permis d’exercer en 1994 et un mois plus tard, boom, il y a une correction du marché obligataire.» Les années suivantes, les crises et déboires boursiers s’enchaînent : crise asiatique de 1997, bulle technologique et attentats terroristes de 2000-2001, crise financière de 2008-2009, krach boursier chinois de 2015.
«Tout cela m’a appris que la volatilité est très présente, dit-il, et que les clients ont tout intérêt, pour y faire face, à avoir un plan rationnel et précis qui met de côté les émotions. Pour aller chercher trois ou quatre points de pourcentage de rendement, on se trouve obligé de prendre cinq à six points de volatilité additionnelle, et on se rend compte que ça n’en vaut pas la peine.»
Marc Lévesque voit se profiler encore plus de volatilité dans les marchés en 2018, «mais l’année sera positive quand même, juge-t-il. Les clients ne doivent pas s’inquiéter de la hausse des taux directeurs des banques centrales. Je vois ça comme un signe de croissance et de stabilité dans les économies mondiales.» C’est en 2019 et 2020 qu’il faudra être plus alerte quand l’inflation va se mettre de la partie. Ses perspectives influencent-elles la structure de ses portefeuilles ? «Pas du tout, répond-il. Ma structure de portefeuilles me permet de naviguer sur tous les océans.»
Fonds mondial équilibré mackenzie ivy
(série a)
Manufacturier : Placements Mackenzie
Création : décembre 1999
Actif sous gestion (ASG) : 1,4 G$ (28 février 2018)
Ratio des frais de gestion : 2,32 %
Rendement annualisé depuis 10 ans : 7,0 %
«Voici un beau fonds que j’aime pour sa stabilité, commente Marc Lévesque. Il ne donnera pas un rendement de + 20 %, mais pas de rendement de – 20 % non plus. Il génère un solide 6 % annuel composé, et je vis très bien avec ça.»
Ce fonds de Mackenzie vise la croissance à long terme du capital, et sa préservation, et affiche une volatilité faible en misant sur les titres de multinationales de première qualité comme Oracle Corp., Omnicom et Brookfield Asset Management. Le nombre de 44 placements en actions est relativement restreint, alors que la brochette de 267 titres à revenu fixe est passablement étendue et va des bons du Trésor américain aux obligations à taux variable de la République de Pologne.
En fait, la performance est un peu meilleure que ne l’indique le conseiller. Tout d’abord, le fonds affichait en 2013 un rendement de 26,4 %. Pour cinq ans, la performance est de 10,2 %, pour dix ans, de 8,2 %, par rapport à 12,5 % et 7,8 % pour l’indice de référence composite (75 % MSCI monde et 25 % BofA Merrill Lynch Global Broad Market).
Par ailleurs, le fonds n’a causé aucun traumatisme dans les années noires de 2007 (- 3,2 %) et 2008 (2,1 %). En 2009, alors que la majorité des fonds plongeaient dans l’abîme, celui de Mackenzie se tenait bien au-dessus de la mêlée à 4,3 %. C’est une performance intéressante pour un fonds qui a maintenu bon an mal an une proportion en actions oscillant entre 70 % et 80 %.
Fonds mondial d’infrastructures manuvie
(série conseil)
Manufacturier : Manuvie
Création : mai 2008
ASG : 254 M$ (31 janvier 2018)
RFG : 2,73 %
Rendement annualisé depuis la création : 6,36 %
«Ce fonds est mon préféré parmi les fonds d’infrastructures, note Marc Lévesque. Il présente une bonne croissance, de la stabilité, toutefois avec un facteur de risque un peu plus élevé.»
Il s’agit d’un fonds américain au départ, transféré au Canada, et géré par Brookfield Asset Management, une société de gestion de portefeuille que le conseiller affectionne particulièrement et qu’il suit de près puisque ce titre occupe une part importante dans certains de ses fonds (dont le Fonds mondial équilibré Mackenzie IVY). «C’est un gestionnaire de gros fonds de pension, dit-il. Son attitude vise une croissance normale du portefeuille, mais la préservation du capital est un impératif omniprésent.»
Comme celui de Mackenzie, ce fonds épouse un style valeur, le style préféré de Marc Lévesque. Ce fonds n’est toutefois pas placé au coeur des portefeuilles, mais constitue plutôt «une extension thématique de diversification», explique le conseiller, au même titre que des fonds de technologie ou à mission environnementale. Par contre, cela demeure une option pour des clients au profil conservateur qui ont un attrait particulier pour un rendement en dividende de 3,81 %.
Le fonds affiche une forte présence nord-américaine (États-Unis : 45,2 % ; Canada : 16,2 %), mais il s’étend sur l’ensemble du globe, tout particulièrement en Europe : France : 8,8 % ; Royaume-Uni : 7,8 % ; Espagne : 5,5 %.
Facteur positif, «la corrélation du fonds aux grands indices est faible, note Marc Lévesque ; par contre, il est très sensible aux taux d’intérêt. Leur montée peut avoir un impact sur le fonds, parce que l’activité de ces entreprises les entraîne à avoir des bilans chargés.»
Fonds de revenu élevé signature (série a)
Manufacturier : Placements CI
Création : décembre 1996
ASG : 7,6 G$ (28 février 2018)
RFG : 1,59 %
Rendement annualisé depuis la création : 8,4 %
Encore une fois, nous avons ici un profil de risque de faible à moyen avec un fonds qui répond à deux impératifs : revenu (40 % du portefeuille) et croissance (60 %). «Et il y répond très bien», signale Marc Lévesque, notamment avec une distribution mensuelle de 4 %. Cela tient à la présence de titres comme Brookfield Asset Management – encore une fois – et à des fiducies de revenu qui occupent une portion de 11 %.
La majeure partie du portefeuille est toutefois constituée d’obligations de sociétés étrangères et de titres de sociétés, surtout américaines à hauteur de 54,7 %, canadiennes à hauteur de 27 %. Marc Lévesque ne destine pas un tel fonds au coeur des portefeuilles, qu’il réserve strictement aux fonds équilibrés. Il l’inscrit plutôt dans la catégorie des «optionnels», dans ce cas un fonds de revenu visant surtout des clients à la retraite.
«J’aime tout particulièrement le RFG de 1,59 %. Pour un fonds équilibré avec une bonne proportion mondiale, on n’en trouve pas beaucoup d’équivalents», juge-t-il.
La performance depuis la création il y a plus de 20 ans est remarquable (8,4 %). Toutefois, les gestionnaires semblent peiner à la soutenir : sur dix ans, elle fléchit à 5,8 %, et sur cinq ans, à 3,9 %.