Bien sûr, vous les avez quasiment tous dans votre liste. Et, normalement, quand vous présentez un projet, vous vous arrangez pour que celui-ci soit bien structuré et qu’il contienne ces mots-clefs qui vous permettent à coup sûr de récupérer l’appui de sponsors au sein de votre entreprise.
Suis-je contre toutes ces nouvelles technologies ? La réponse est « non », bien au contraire.
Mais comme souvent il est important de prendre le temps de se questionner sur « l’arbre qui cache la forêt » (amazonienne puissance 10).
Mon point est le suivant : lorsqu’une nouvelle technologie ou un nouveau concept technologique est médiatisé (je ne parle pas de « voir le jour », car l’architecture infonuagique démocratisée aujourd’hui existe dans la théorie depuis les années 70), la technologie en question devient LA nouvelle révolution dont il discuter, financer et implanter.
De plus en plus, je fais le constat d’une absence de sens critique et du réflexe de se poser ces questions : est-ce nécessaire ? La valeur ajoutée est-elle réelle ? Sommes-nous matures pour la capitaliser ? Comment en sortir en cas de problème ? En fait, des réflexes associés à une bonne gestion de risque.
Ces technologies sont intégrées aux organisations, car elles font vendre ! « Ça fait moderne, innovant, à la fine pointe ! » : je lève virtuellement les yeux au ciel.
Nos processus d’affaires doivent-ils tous subir une cure de relooking à la mode des dernières technologies pour être nécessairement plus efficaces ?
Suis-je contre le progrès, sûrement pas. Par contre oui, je suis contre l’effet de mode. Mon analogie : Facebook(TM) est, soi-disant, une évolution sociétale. Soit. Mais 100 % de la société n’a pas forcément accepté que cette évolution s’effectue dans un intérêt purement privé et que ses utilisateurs en sont le produit. Sinon, Mr Zuckerberg ne serait pas allé témoigner devant le Congrès américain. Dans ce cas précis, ce n’est pas un progrès, mais un effet de mode innovant ayant pour but de biaiser la cible.
Mon analogie ne s’arrête pas là. Le risque majeur de tous ces « buzz words », c’est également la complexité des technologies qu’ils cachent, à s’autoréguler. Comprenez bien : l’intelligence artificielle, malgré les trois lois de la robotique d’Asimov, a d’ores et déjà des vulnérabilités intrinsèques conceptuelles connues qui, mal comprises, peuvent avoir des répercutions quasi-exponentielles, voire potentiellement définitives, sur l’existence de la personne (physique ou morale) qui en fait l’utilisation. L’intelligence artificielle, c’est très sympa, mais encore trop immature car le processus de prise de décision de celle-ci peut être aisément floué ou biaisé.
Ce n’est pas grave me direz-vous, nous allons corriger… Oui ! C’est ce que nous faisons toujours.
Mais mon point tient au fait que notre processus d’adoption et d’implication de ces nouvelles technologies est maintenant beaucoup trop immédiat, systématique, global, massif et intrusif pour que notre travail de maturation trouve son chemin. Après tout, nous sommes restés humains. Nous allons, certes, plus vite qu’avant, mais pas assez vite pour rattraper notre propre courbe d’adhésion et d’intégration de ces « buzz words ».
Je vous parlais d’autorégulation, qu’est-ce que cela veut dire ?
C’est justement le point de rencontre entre la courbe de maturation (essais-erreurs-corrections = cycle de Deming simplifié) et la courbe générale d’intégration à nos processus critiques (conduite automobile, transactions bancaires, échanges contractuels, identification personnelle, suivi de santé, collaboration et communication sociétale, maintien de la confidentialité, de la privauté, notamment).
Habituellement, je vous donne des solutions simples et claires. Ici, malheureusement, je ne peux qu’appuyer sur l’importance de garder son sang-froid, son sens critique et un certain besoin de rationalisation / pérennisation / conservatisme.
Quand la machine s’emballe et que tout le monde fonce tête baissé, prenons le temps de bien comprendre et d’observer la complexité de ces technologies car, oui, elles sont toutes très complexes, innovantes et résolument prometteuses. Agissons « en bons p/mères de famille » en nous demandant « si un jour ces technologies ne nous conviennent plus, pourrons-nous cesser facilement de les utiliser ? Qu’est-ce que cela impliquerait ? »
Ne devrions-nous pas attendre d’avoir une réponse claire à ces deux questions essentielles avant de les intégrer profondément à nos cycles de vie ?