En comparaison, les gestionnaires de portefeuille canadiens situés hors du Québec et les gestionnaires de portefeuille situés hors du Canada obtiennent, quant à eux, respectivement 25 % et 40 % des fonds confiés en gestion externe par ces régimes, selon ce rapport.
Les gestionnaires québécois confinés aux mandats de gestion d’obligations
Le rapport révèle que parmi les gestionnaires externes, les gestionnaires québécois obtiennent principalement des mandats de gestion d’obligations, soit 46 % de la valeur de tous les mandats de gestion d’obligations. Ils obtiennent également 31 % de la valeur de l’ensemble des mandats de gestion d’actions et 25 % de la valeur des mandats de gestion d’actifs non traditionnels.
L’enquête a été effectuée en 2017, à partir des données de 2015, auprès des régimes complémentaires de retraite à PD soumis à la Loi sur les régimes complémentaires de retraite. Leur nombre est estimé à 469, et la valeur de leur actif total est évaluée à 104 G$.
Vers une croissance des mandats locaux ?
Compte tenu du fait qu’une part importante des actifs financiers des Québécois et des Québécoises est détenue dans leurs régimes de retraite, cette enquête, une première pour l’Institut de la statistique du Québec, permet de mesurer l’importance relative de l’industrie de la gestion de fonds institutionnels québécoise.
Le Conseil des Gestionnaires en Émergence (CGE), un organisme à but non lucratif dont la mission est de promouvoir et contribuer à la croissance des gestionnaires émergents canadiens, aimerait voir les caisses de retraite et les investisseurs institutionnels du Québec investir davantage localement.
«Souvent, les caisses de retraite hésitent à investir ici, mais vont le faire dans le talent de Bridgewater Associates, de Millenium, ou d’autres gros noms américains ou de Londres. C’est sûr que ces gestionnaires ont de bonnes réputations et peuvent prendre de plus gros chèques, mais l’écosystème de Montréal ne va jamais évoluer si on ne l’aide pas nous aussi», avait témoigné Charles Lemay, membre du conseil d’administration du CGE, lors d’un entretien avec Finance et Investissement, plus tôt cette année.
Robert Beauregard, chef des placements de Gestion d’actifs Global Alpha, expliquait pour sa part lors d’un entretien avec Finance et Investissement, à la fin de 2017, que la plupart des grandes caisses de retraite aux États-Unis allouent entre 2 et 4 % de leurs actifs à des gestionnaires en émergence. « C’est un énorme écosystème car c’est érigé en système, tandis qu’ici, c’est beaucoup plus timide. Pour mettre les choses en perspective, le California Public Employees’ Retirement System (CalPERS) investi 2,5 % de sa caisse auprès des gestionnaires émergents. L’équivalent pour la Caisse de dépôt et placement du Québec, ça serait plus de 5 G$ ».
En 2017, Gestion d’actifs Global Alpha a été nommée gestionnaire émergent de l’année aux États-Unis par Emerging Manager Monthly, dans la catégorie action internationale. L’actif sous gestion de cette société montréalaise était de 1,5 G$ en mai dernier, notamment grâce à sa clientèle qui comprend quatre des dix plus importants régimes de retraite publics des États-Unis.
Le CGE s’est donné pour mission de faire croître la proportion et la valeur des mandats confiés à des gestionnaires locaux. Pour y parvenir, le CGE a mis en place différentes actions afin d’aider ses membres à accéder aux clients institutionnels. Le CGE espère voir les différents allocateurs d’actifs, que ce soit des firmes de gestion de patrimoine ou des institutions, investir un montant additionnel de 1,5 milliard de dollars (G$) auprès des gestionnaires émergents locaux.